La plus américaine des japonaises
Par : Philippe Laguë
Si Toyota a réussi à devancer General Motors au premier rang mondial,c'est en partie à cause de ses succès en Amérique du Nord et, plus particulièrement, aux États-Unis, le plus important marché de l'industrie de l'automobile. Pour séduire les acheteurs américains, le géant japonais a compris qu'il fallait leur construire des modèles conçus expressément pour eux. L'Avalon en est le meilleur exem-ple.
Carrosserie
L'Avalon en est à sa troisième génération. Une constante : elle n'a jamais été belle. Le modèle actuel suit les traces de ses prédécesseurs : sa silhouette est moins ésotérique, certes, mais l'ensemble manque toujours de cohérence. Avec sa partie arrière qui semble plus grosse que sa partie avant, l'Avalon paraît disproportionnée. Bref, elle est tout sauf belle.
Habitacle
À l'intérieur, l'Avalon joue la carte du luxe. Ça se voit au premier coup d'œil, avec le bois et le cuir qui se côtoient – et qui s'entremêlent, même, sur le volant. Dans la plus pure tradition Toyota, la décoration est sobre, mais le tout respire la qualité, et la finition est impeccable. L'ergonomie n'est pas en reste : tout est d'accès facile, bien disposé, et les espaces de rangement sont aussi vastes que nombreux. Évidemment, l'acheteur de ces grosses berlines privilégie le confort, à l'américaine, bien sûr : les gros sièges moelleux sont de mise. Ceux de l'Avalon n'ont rien à envier à des fauteuils de salon, mais le maintien latéral demeure un concept abstrait. Les places arrière sont celles d'une limousine, et les passagers ont droit à de petites attentions comme ce dossier qui s'incline vers l'arrière, idéal pour la sieste lors de longs trajets. Ils peuvent même s'allonger les jambes, il y a suffisamment d'espace pour cela; mais le dégagement pour la tête est un peu juste. La banquette est, par ailleurs, pourvue d'une trappe, très utile pour transporter des skis, par exemple. Et s'il y a sans doute très peu d'adeptes de planche à neige dans la clientèle cible, il n'en demeure pas moins que le coffre est sans doute assez vaste pour en loger quelques-unes.
Mécanique
Le V6 de 3,5 litres est le même qu'on retrouve sous le capot de la Camry et de son clone de luxe, la Lexus ES 350. Ce moteur brille par sa souplesse et son silence de roulement. Et ce ne sont pas ses seules qualités : il est puissant, véloce, et son appétit est tout ce qu'il y a de plus raisonnable, compte tenu du poids du véhicule. Bon, d'accord, il est un peu mou à bas régime, mais ce genre de détail ne risque pas de formaliser la clientèle visée. Comme toujours du côté de Toyota, l'exécution mécanique est irréprochable. Moteur, boîte de vitesses, direction, trains roulants, tous les éléments fonctionnent en symbiose. Il y a quelque chose de germanique dans cette rigueur, combinée au raffinement mécanique, qui a fait la réputation de ce constructeur.
Comportement
Ceux et celles qui s'ennuient des grosses américaines des années 60 et 70 seront ravis de voir qu'il existe encore des voitures qui procurent ce genre de sensations. Dans une Avalon, on a l'impression de flotter, ce qui n'est pas désagréable, du moins tant que le roulis et le tangage ne sont pas trop prononcés. Dans le cas qui nous concerne, ces deux phénomènes sont assez bien contrôlés, mais ils sont quand même présents. Cela dit, cette conduite surannée, semblable à celle d'un bateau, risque de plaire aux acheteurs potentiels qui apprécieront également l'exceptionnelle douceur de roulement de cette grosse berline.
Conclusion
Toyota du riche ou Lexus du pauvre ? Là est la question. Une chose est sûre : l'Avalon remplit parfaitement son mandat. Elle comblera les attentes de la clientèle visée qui veut une berline spacieuse, confortable, silencieuse et raffinée. Des qualités qu'affichent aussi ses rivales, mais l'Avalon place la barre un cran plus haut en plus d'afficher un bilan de fiabilité exemplaire, en bonne Toyota qu'elle est. Si seulement les concessionnaires étaient moins arrogants…
Deuxième avis : Daniel Rufiange
On pourrait orner la calandre de l'Avalon d'un vieux sigle d'Oldsmobile que les gens n'y verraient que du feu. Cette voiture est une américaine dans l'âme, tant sur le plan de la conception que de la conduite. Pour un aller-retour Montréal-Floride, difficile de trouver mieux. Mais pour les routes sinueuses qui mènent au chalet, on repassera. Le moteur a beau être vigoureux, les propriétaires, pour la plupart, n'utiliseront jamais les 268 chevaux à leur disposition. Quant à la suspension, elle donne tellement l'impression que vous êtes en haute mer que vous risquez d'amarrer votre Avalon près d'une marina. En revanche, sa douceur de roulement nous fait oublier que nos gouvernements ont négligé nos routes depuis 40 ans, et l'espace intérieur rappelle ce qu'offraient les paquebots des années 1970 à ce chapitre.