Appeler un chat un chat
Hugues Gonnot
Oubliez le verbiage des constructeurs qui inventent des sous-catégories de véhicules hybrides. Voici l’attrape : le Forester est une familiale avec un toit plus haut et une esthétique plus typée. Point !
Carrosserie
Les camions sont à la mode, il est donc de bon ton chez les véhicules de se doter d’une allure plus virile. Ce que réussit à faire le Forester. Redessiné en 2003, il s’était doté d’un design plus moderne, que beaucoup avaient qualifié de simple évolution. Si le thème général ne change guère, il suffit de le placer à côté de l’ancien modèle pour réaliser que les changements s’avèrent significatifs. La version turbo se distingue par l’entrée d’air sur le capot et ses roues spécifiques.
Habitacle
Là où le Forester se démarque de ses supposés concurrents, les utilitaires sport compacts, c’est par sa finition intérieure. Les plastiques sont de bonne qualité, l’ergonomie est satisfaisante et seule l’insonorisation mériterait d’être un peu plus poussée (il faut aimer le bruit typique du quatre cylindres à plat). Alors bien sûr, le petit côté utilitaire est souligné par la position de conduite légèrement plus haute, par la luminosité (spécialement avec l’immense toit ouvrant) et par la capacité de chargement en hausse. L’habitabilité constitue aussi un point fort : à l’arrière, on a de la place pour les jambes et pour la tête… mais pas pour les coudes, ce qui limite à deux personnes uniquement l’occupation de la banquette. Si les espaces de rangement sont tout à fait acceptables à l’avant, ceux situés à l’arrière se trouvent limités.
Mécanique
On retrouve évidemment des quatre cylindres à plat, avec ou sans turbo. Le modèle atmosphérique n’offre « que » 165 chevaux, ce qui s’avère un peu juste par rapport au poids de l’engin. Le modèle turbo assure une bonne vivacité, sans pour autant prétendre au titre de sportive. Avec ce dernier, il faudra surveiller la consommation, qui fait très camion, ayant frôlé les 14 litres aux 100 km durant notre essai. On retrouve évidemment des boîtes de vitesses manuelle à cinq rapports et automatique à quatre rapports aux commandes sans charme, sans pour autant être rébarbatives (la manuelle était accrocheuse à froid). On retrouve évidemment la transmission intégrale à prise constante, qui reçoit de plus un différentiel arrière à glissement limité dans les versions XS et XT.
Comportement
Avides de sensations fortes, allez voir ailleurs. Le Forester, y compris la version turbo, n’a rien de sportif. Il s’agit d’un engin à vocation familiale privilégiant le confort. Pourtant, on s’y sent à l’aise : la direction est relativement précise et pas trop ferme en manoeuvres, la prise de roulis est limitée, la sensibilité au vent latéral ne pose pas de problèmes (ce qui n’est pas le cas de tous les engins à la taille haute). On regrettera pourtant un manque de progressivité dans le freinage. Sur la neige, le Forester bénéficie logiquement de tous les avantages de la transmission intégrale permanente (accent sur le «permanente») et s’avère facile à contrôler en glissade.
Conclusion
Comparé à des engins toujours plus gigantesques, le Forester offre un bon format. Mais ne le prenez pas pour ce qu’il n’est pas, c’est-à-dire un utilitaire: il n’en a pas la garde au sol ni la gamme de rapports courts. Alors, quelle est son utilité ? Tout d’abord diversifier une gamme peu étendue et aussi permettre à Subaru de pratiquer des tarifs plus élevés pour un modèle qui se différencie surtout par son design. Hormis un volume de chargement plus important et une finition intérieure plus cossue, le Forester n’apporte finalement pas grand-chose par rapport à sa petite soeur, l’Impreza. Il offre pourtant un certain charme en s’avérant plus près d’une voiture que d’un camion. Alors pourquoi ne pas appeler un chat un chat ?
Forces
• Volume de chargement • Finition intérieure • Transmission intégrale permanente • Commandes de boîte
Faiblesses
• Consommation du moteur turbo • Insonorisation un peu légère • Tarifs
Nouveautés en 2005
•Système d’accélération électronique (ETC) (2.5X), boîte de vitesses automatique quatre rapports à commande électronique en option (2.5X), siège conducteur à réglage électrique huit façons (2,5XS), système antivol avec fonction d’immobilisation du moteur et de désactivation de l’allumage (2.5XT)
2e opinion Amyot Bachand
• Le Forester répond aux attentes du consommateur qui cherche une familiale ou un utilitaire compact capable d’accueillir toute la famille avec ses bagages et de l’emmener sur les pentes de ski ou à la campagne en toute sécurité. Avec son rouage intégral en prise constante, la Forester se joue des embûches de l’hiver. On lui reprochera son roulis prononcé et sa direction un peu floue, mais il garde le cap en courbe même serrée. Avec la version 2.5XT, Subaru comblait une faiblesse que plusieurs reprochaient à ce modèle : le manque de puissance. Même avec son moteur turbocompresseur, la Forester n’a pas de prétention sportive, mais cette version 2.5XT assure des dépassements très rapides sous les 5 secondes ; avec la version de 165 chevaux, la marge demeure sûre, sous les 8 secondes.