Buffet de sensations à volonté
Frédéric masse
Oui, oui, oui, je dois l’avouer. Avant même d’écrire ces lignes, j’avais un préjugé favorable pour les 911. Je les adore, de la C2 à la GT2, elles symbolisent l’apogée du développement, le summum de la tradition. La preuve qu’on peut faire toujours mieux, pousser encore un peu plus loin. La 911 a su se renouveler, mais en devenant encore un tantinet plus (ou trop ?) civilisée…
Carrosserie
C’est une superbe Carrera S qui a été mise à ma disposition pour ma semaine d’essai. Ses phares ronds, de retour depuis la génération 997, séduisent, et avec ses pneus de 19 pouces, elle semble toujours prête à bondir. Les clients ont en plus l’embarras du choix dans le style 2+2 (à l’exception des versions GT qui ne comptent que deux sièges) : coupé, cabrio et Targa, transmission intégrale ou propulsion, ainsi que les démentes Turbo, GT3 et GT2.
Habitacle
C’est un univers tout Porsche dans lequel on prend place. L’odeur particulière que dégagent les « Stuttgartiennes » me donne encore la chair de poule. On y découvre des cuirs de très haute qualité qui recouvrent à peu près… tout (une option). On s’assoit dans des sièges au galbe accueillant. J’aurais toutefois aimé un volant un peu plus épais. Comme dans tous les autres produits de Porsche, les commandes sont simples (à l’exception de la radio) et bien pensées, et tous les besoins usuels sont servis par des boutons. Un écran tactile sert à gérer les autres commandes quand elle est équipée du système de navigation (PCM). Et, quelle chaîne audio !
Moteur
La 911 propose une panoplie de mécaniques. Disons que le choix s’étale du « simple » 6 à plat de 3,6 litres et de 345 chevaux aux 530 de la démentielle GT2! Mais, concentrons-nous sur la S. Cette petite merveille développe 385 chevaux grâce à son boxer de 3,8 litres, effectue le 0 à 100 km/h en moins 4,7 secondes et atteint une vitesse maximale de 302 km/h. Imaginez, sur le deuxième rapport et en la faisant chanter jusqu’à 7300 tours par minute, vous aurez déjà dépassé les limites officielles de nos charmantes autoroutes ! Ma version d’essai était munie d’une bonne vieille boîte de vitesses manuelle à 6 rapports dont l’efficacité ne peut être mise en cause. Pour retrancher 0,2 seconde au chrono, on se tournera vers la nouvelle boîte à double embrayage à sept rapports Porsche Doppelkupplung (PDK) et l’ensemble Pack Sport Chrono Plus. Pour un prix fort raisonnable, ce dernier permet des réglages encore plus poussés, tant du côté du moteur, de la boîte, du PSM (Porsche Stability Management), du freinage que de la suspension. Avec cet ensemble, vous avez en plus droit au « Launch Control ».
Conduite
Les 911 ont cette particularité qui les rend si spéciales : la position arrière du moteur. Dans les faits, à basse vitesse, elle est rendue si civilisée qu’on a presque l’impression de faire une balade du dimanche. Une fois qu’on allonge la jambe droite, par contre, c’est une toute autre voiture qui se révèle. Moins docile, plus nerveuse, elle donne une superbe rétroaction. Le Porsche Active Suspension Management (une option peu coûteuse qui comprend aussi le différentiel à glissement limité pour 1300 $) mis en mode sport, la suspension devient moins conciliante pour se concentrer sur une chose : tenir le fort. À la sortie des courbes, on demeure bien à plat et on peut la faire survirer sur demande. C’est hallucinant. Un véritable buffet de sensations à volonté. Au freinage, c’est du traditionnel Porsche, puissant et sans provoquer de plongeon (des freins déments en céramique sont aussi offerts pour la bagatelle de 11 110 $). Toutefois, pour l’une des premières fois, j’ai senti que la Porsche perdait un peu d’avance sur les concurrentes en devenant moins dominante. Elle amène encore au septième ciel, mais d’autres bêtes, comme l’Audi R8, même une BMW M3 (dans une certaine mesure), en sont maintenant également fort capables.
Conclusion
Difficile de critiquer la 911. Compliqué de trouver quoi que ce soit qui cloche dans cette petite merveille, outre des options trop coûteuses. La précision de la direction et la puissance de freinage demeurent ses fers de lance. Mais, c’est encore la sophistication de sa suspension et sa configuration de moteur qui la rendent si unique. Une pure merveille dont la réputation en matière de fiabilité n’est aussi plus à faire !
Pour
Puissance de freinage
Précision et assistance de la direction
Variété d’un buffet chinois
Nouvelle boîte PDK (enfin le double embrayage)
Fiabilité éprouvée
Contre
Manque de sensations à basse vitesse
Taille du volant