Pas pour les "type sauce" !
Par : Nadine Filion
Il y a les "type sauce" qui souhaitent un utilitaire qui les transportera doucement vers leur destination à la manière d'une grande berline. Et il y a les "type camion" qui veulent un conquérant des grands boulevards et pouvant sortir des sentiers battus. Le Nissan Pathfinder est de cette dernière trempe – l'un des rares encore sur le marché, d'ailleurs.
Carrosserie
Mine de rien, le Pathfinder nous accompagne depuis 22 ans. L'un des premiers VUS lancés sur le marché, il n'a pas failli, depuis, à sa réputation de camion. Ses lignes musclées et massives ne cherchent en rien à dissimuler ses dimensions de mastodonte – des dimensions qui permettent de proposer, de série, la 3e banquette. Trois variantes figurent au catalogue : S, SE et LE. Je vous conseille d'oublier la version de base : elle est dépourvue de presque tous les éléments intéressants énumérés à la fiche technique. À l'opposé, la variante SE est convenablement équipée et constitue la bonne affaire. Sachez que la version LE n'aura hérité du V8 que durant une seule année, le prix du pétrole aura eu raison de ce moteur trop glouton et le LE a retrouvé son V6 de 4,0 litres.
Habitacle
Même si, au premier coup d'œil, l'intérieur est plaisant, surtout dans la version LE avec son revêtement roux/fauve, un regard plus appuyé fait découvrir des boiseries artificielles, un cuir qui tient du synthétique et un revêtement de plastique rêche. Notre version essayée faisait entendre des craquements douteux à la fenêtre du conducteur. Pour un véhicule de ce prix dans sa version la plus luxueuse, c'est décevant, surtout qu'on note l'absence d'un volant télescopique, de même que la présence de commandes dont l'utilisation est peu intuitive. On confond régulièrement le volume de la radio avec la commande de la climatisation, pendant que certaines autres commandes audio sont placées à l'extrême droite, presque hors de portée du conducteur. Par contre, l'espace réservé à l'avant et au centre est généreux – il faut savoir se serrer les genoux à l'arrière, mais c'est de bonne guerre. De même, les rangements sont pratiques, et les sièges avant sont confortables. Oh, et la version LE est dotée du volant chauffant, un élément de confort plutôt rare dans le marché.
Mécanique
L'an dernier, le Pathfinder a hérité, pour la première fois de sa vie, d'un moteur V8. Mais le carburant à 1,30$ le litre a fait en sorte que le projet est presque mort dans l'œuf. Avec une consommation qui frisait les 19 litres aux 100 km, personne ne voulait de ce puit sans fond, Nissan a donc décidé de le retirer du catalogue en 2009. Le V6 4,0 litres de 266 chevaux est à nouveau le seul choix avec sa boîte automatique à cinq rapports. Question d'honorer sa réputation d'aventurier, l'utilitaire intermédiaire de Nissan offre, encore et toujours, un vrai système à 4RM. Ce dispositif propose évidemment la gamme à bas régime pour les situations les plus corsées, mais aussi le mode " automatique ", très pratique pour obtenir une consommation de carburant optimale.
Comportement
Même si le Pathfinder hérite d'une suspension à quatre roues indépendantes, son châssis à échelle, puisé à même l'expertise des Titan et Armada, lui confère un comportement routier typiquement " camion ". Quelques petits sautillements ici et là, au gré des cahots de la route, nous prouvent qu'on ne pilote pas un Lexus RX 350. La puissance du V6 est correcte, mais le V8 était définitivement d'une grande virilité. Avec lui, le 0 à 100 km/h s'effectuait en 6,8 secondes – presque deux secondes plus vite qu'avec le V6. Par contre, attendez-vous à des décollages qui secouent la caisse. Et si les freinages sont convaincants, ils font fâcheusement plonger le véhicule du nez. En virages serrés, la garde au sol élevée est un excellent rappel qu'il n'y a qu'un seul Michael Schumacher sur terre. Enfin, un bon mot pour la direction : précise, elle laisse bien passer les sensations de la route.
Conclusion
Dans le marché très concurrentiel des utilitaires intermédiaires, on pourrait reprocher au Pathfinder quelques manquements. Pas de volant télescopique, pas de hayon électrique, des rideaux et des coussins de sécurité gonflables latéraux qui ne sont pas de série pour toutes les versions. Le Pathfinder arrive néanmoins à se démarquer par son attitude masculine sur la route, rehaussé par l'un des rares vrais systèmes à 4RM encore offert dans l'industrie.
Deuxième avis : Daniel Rufiange
On est loin des premiers Pathfinder; toutefois, il faut l'avouer, la version actuelle, outre son appétit pour le carburant, charme par son degré de luxe et de confort. Le Pathfinder possède des capacités de remorquage excellentes et peut s'aventurer pratiquement n'importe où sans crainte de s'embourber. Le très assoiffé V8 aura eu la vie très courte. Arrivé l'an dernier dans la version LE, il tire déjà sa révérence cette année. Il faut dire qu'avec de telles cotes de consommation, les acheteurs étaient très rares. Pourquoi ne pas aller vers une version Diesel, le Nissan Patrol en Europe roule au Diesel depuis des années dans un format plus imposant que le Pathfinder et offre un excellent rendement. Sinon le V6 n'est pas si mal si vous ne jouer pas trop de l'accélérateur.