Pur-sang
Par Philippe Laguë
La Nissan Skyline était déjà connue des passionnés d'automobile, mais ce sont les jeux vidéo qui en ont fait une vedette auprès des jeunes. Avec la nouvelle GT-R, remplaçante officielle de la Skyline, la marque franco-japonaise vise encore plus haut : cette fois, ce sont des pointures comme la Porsche 911, la Corvette et la Viper qui sont ciblées. Autrement dit, le club des 400 chevaux ou plus. Et cette fois, l'Amérique n'a pas été oubliée.
CARROSSERIE
La GT-R est spectaculaire, assurément. Mais belle ? Euh… ben… les goûts ne se discutent pas. Chose certaine, on est loin de la grâce d'une Jaguar ou de la sensualité des bolides italiens. C'est plutôt massif, coupé à la hache et, ma foi, peu harmonieux; comme si elle avait été dessinée par un collectif de stylistes qui auraient fait chacun une partie. Bref, c'est un peu n'importe quoi, si vous voulez mon avis. Du reste, il ne pèse pas très lourd, à en juger par la commotion – le mot n'est pas trop fort – que la GT-R a causé tout au long de notre essai.
HABITACLE
Le noir domine à l’intérieur, parsemé d'appliques de plastique imitant l'aluminium dont le toucher trahit la facture bon marché. C'est un peu indigne d'une voiture de ce rang, mais du côté Nissan, ce n'est pas étonnant non plus. Au moins, l'assemblage est rigoureux. Et le cuir est omniprésent, ce qui étoffe la présentation générale.
Le tableau de bord, conçu comme une console de jeu vidéo, comblera les puristes avec son compte-tours en plein centre. À l'avant, les baquets semblent tout droit sortis d'une voiture de course et offrent un excellent maintien, mais à l’arrière, l'espace pour la tête et les jambes est restreint au minimum. Autre lacune, plus grave : la piètre visibilité arrière.
MÉCANIQUE
La fiche technique est fort bien garnie, si vous me permettez l’euphémisme : V6 de 3,8 litres biturbo, boîte de vitesses séquentielle à 6 rapports, transmission intégrale… et le chiffre qui tue : 485 chevaux ! (5 de plus que l’an dernier) Pour trouver quelque chose de comparable, il n’y a que la Porsche 911 Turbo. Or, cette dernière coûte le double. À moins de 100 000 dollars, la GT-R est presque une affaire…
Ceux qui ont l’oreille mécanique en seront cependant quitte pour une déception : la principale – la seule ? – carence de ce moteur, c’est sa sonorité peu inspirante. Rien à voir avec la musicalité des moteurs italiens, le grognement féroce des V8 américains ou encore la sonorité rauque et métallique des 6-cylindres de Porsche. Mais on oublie rapidement ce détail : quand les deux turbos entrent en scène, c’est la foudre ! (Évidemment, la consommation est gargantuesque…)
Ce qui nous amène à la boîte séquentielle… Il faut aimer, ce qui n’est pas mon cas. La conduite ne sera jamais aussi fusionnelle ni aussi instinctive qu’avec une boîte manuelle. Ce qui est plus grave, cependant, c’est que les leviers de sélection sont fixés sur la colonne de direction et ne tournent pas avec le volant. Emmerdant, surtout en conduite sportive.
COMPORTEMENT
Peu importe le rythme, la GT-R reste plaquée au sol grâce à des pneus conçus pour la piste et une transmission intégrale efficace. Pas étonnant qu’elle ait battu des pointures comme la Porsche GT2 ou l’Audi R8 sur circuit.
D’une précision chirurgicale, la direction, rapide et ferme, permet d’exploiter au mieux l’agilité de ce bolide malgré son poids et ses dimensions. Dans les virages, la GT-R tourne bien droit, sans aucun mouvement de caisse; le roulis a été tout bonnement éliminé. Évidemment, ce n’est pas pour les douillets : on ressent chaque fissure du revêtement, et ça « porte dur », comme on dit en bon québécois.
CONCLUSION
Par ses performances exceptionnelles et sa tenue de route qui l’est tout autant, la GT-R se permet de tutoyer les Porsche, Ferrari, Lamborghini et autres membres de l’élite sportive. Et ce, faut-il le rappeler, pour la moitié, sinon le tiers du prix de ces bolides exotiques. « Bang for the bucks », comme disent les Américains, il ne se fait pas mieux. Qu’on aime ou non sa ligne torturée, la GT-R mérite respect, car elle appartient déjà au gotha des sportives.
FORCES
– Performances démentielles
– Tenue de route fabuleuse !
– Sièges de course
– Rapport prix-performances imbattable
– Voiture culte
FAIBLESSES
– Style tarabiscoté
– Qualité de certains matériaux à l’intérieur
– Sonorité décevante du moteur
– Visibilité arrière médiocre
– Boîte séquentielle seulement