Aller de l'avant
Par : Benoit Charette
En 1998, au pire de la crise financière chez Nissan, la compagnie japonaise cherchait un moyen de redorer son blason face au public. La 300ZX était disparue du marché depuis deux ans, mais demeurait toujours un sujet d'actualité auprès de nombreux amateurs. Les dirigeants décidèrent donc de ramener cette légendaire voiture sur la planche à dessin. Mais plusieurs questions se posaient. Doit-on suivre la vogue néo-rétro et ramener sur le marché une voiture qui rappelle la très populaire 240Z des années 1970 ? Ferions-nous mieux d'aller de l'avant avec un modèle tout à fait inédit ? La décision n'a pas été facile à prendre et c'est ce qui explique que le premier prototype présenté au salon de Détroit était assez loin de la voiture de production. Nissan a finalement décidé d'aller de l'avant pour le design, mais il y a tout de même ça et là quelques items qui rappellent le riche héritage de la Z.
Carrosserie
Première impression dans le stationnement de l'hôtel de Ann Arbour au Michigan : vue de côté, cette Z ressemble beaucoup à la Audi TT, avec le même toit arrondi et un peu écrasé, et les roues situées complètement à l'extrémité du châssis. Nissan dit avoir voulu conserver l'âme de la 240Z dans un emballage plus moderne. Je dis : mission accomplie pour le design, cette voiture dégage une impression de voiture sport haut de gamme et sa ligne est unique. Nous nous sommes d'ailleurs prêtés à un petit jeu avec les touristes qui visitaient l'hôtel. Nous leur demandions quelle était, selon eux, la valeur de cette voiture. La plupart des passants répondaient entre 50 et 60 000 $. Eh bien, la 350Z est vendue à partir d'environ 27 000 $ aux États-Unis (44 900 $ pour le Canada) Donc, 100 % pour la ligne : tous les gens interrogés étaient conquis.
Mécanique
Comme la plupart des grandes compagnies, Nissan profite d'une technologie éprouvée pour l'étendre à l'ensemble de son œuvre. Donc le moteur V6 de 3,5 litres que l'on retrouve dans le Pathfinder, la I35, la Maxima, l'Altima et la G35 est maintenant sous le capot de la 350Z. Sa puissance a été portée à 287 chevaux. Pour obtenir ce surcroît d'adrénaline, Nissan a fait entrer un surplus d'air dans le moteur, augmenté la levée des soupapes et modifié l'admission d'air en plus d'améliorer la circulation d'air dans le système d'échappement. Nissan a également caractérisé le son du moteur, que l'on voulait faire ressembler à un croisement entre ceux d'une BMW et d'une Corvette. Personnellement, j'ai de sérieuses réserves sur le résultat final, qui ressemble à un mauvais compromis. J'ai aussi cherché les 287 chevaux. Pour avoir essayé toutes les versions de ce fameux 3,5 litres, je n'ai pas vu de différence marquante avec le moteur de la G35, qui affiche 260 chevaux. Oui, la boîte manuelle à 6 rapports tire le maximum de la voiture et l'automatique séquentielle à 5 rapports fait elle aussi de l'excellent boulot, mais je m'attendais à mieux.
Comportement
Sur la route, la 350Z est plus proche de la voiture GT que de la véritable voiture sport. Il manque à cette voiture une pointe d'agressivité, un brin de folie débridée pour se hisser au rang de véritable sportive. La direction est précise mais un peu lourde, et son poids imposant ne lui donne pas la fougue d'un athlète de pointe. La suspension multibras et les freins ABS aux quatre roues assurent un excellent équilibre à cette propulsion. Ajoutez à cela l'aide au freinage électronique, et pour ceux qui désirent encore plus de mordant, la version Track Pack offre des freins italiens Brembo avec disques et étriers surdimensionnés. Curieusement, le système DSC (Dynamic Stability Control) est offert de série avec la boîte manuelle à 6 rapports et non disponible (pas même en option) avec la boîte automatique. Faut-il comprendre que ceux qui choisissent la boîte automatique sont de plus habiles conducteurs? Mystère. Il a été très difficile, lors de son lancement, de vraiment mettre le véhicule à l'essai, car le tracé choisi par Nissan dans les quartiers résidentiels de la région de Ann Arbour au Michigan se limitait très souvent à des vitesses de moins de 70 km/h, et les forces policières y étaient amplement présentes. Dans les rares bouts de route moins achalandées, force était de constater que la 350Z se tire bien d'affaire, même si 100 kilogrammes de moins lui feraient le plus grand bien. La répartition 53/47 des masses procure un bel équilibre. On sent toutefois une certaine inertie avant que le moteur veuille se mettre vraiment en marche. La forme arrondie du toit limite également la visibilité arrière; on doit se fier aux rétroviseurs extérieurs…
Habitacle
Les responsables de Nissan ont été très clairs lors de la présentation de la Z. Ce véhicule a été conçu strictement comme voiture deux places, la version 2+2 qui existait chez l'ancien modèle a été laissée de côté. Nissan a voulu garder l'approche de la véritable sportive, mais sans oublier un certain sens pratique. Le coffre à gants localisé à l'arrière entre les deux sièges offre un bon espace de rangement, le coffre est très logeable, il est seulement dommage que l'arceau de sécurité soit placé au milieu de ce dernier et gruge une bonne partie du volume disponible. Il y a aussi, derrière le siège du passager, un espace bien aménagé permettant de ranger quelques effets personnels. Les touches de cuir et d'aluminium à l'intérieur se veulent un rappel de la 240Z originale. L'aménagement du tableau est bien pensé, mais je dois avouer avoir été déçu de la piètre qualité des matériaux utilisés (spécialement les plastiques). Tout comme ceux de la G35 chez Infiniti, les sièges de la 350Z sont construits différemment pour le pilote et le passager. Le conducteur est censé avoir un meilleur rembourrage et plus de soutien. Personnellement, je n'ai pas constaté de réelle différence. Une trouvaille intéressante reprise de la G35, le volant et les cadrans sont télescopiques. Lorsqu'on ajuste la position du volant, tous les cadrans bougent aussi, de manière à ce que le volant n'en obstrue pas la vue. Et les trois cadrans ronds sont sans doute le plus beau clin d'œil qui a été fait à la 240Z.
Conclusion
À en juger par l'enthousiasme des gens rencontrés dans la rue, la nouvelle Z va bien se vendre chez nos voisins du Sud, s