Marché saturé
Par Philippe Laguë
Avec l'arrivée de la marque Mitsubishi l'an dernier, le marché des véhicules utilitaires sport (VUS) s'est enrichi de trois joueurs supplémentaires. Les consommateurs avaient autant besoin de cela que d'un trou dans la tête; aussi ne se sont-ils pas rués sur ces nouveaux arrivants. À voir le nombre de Montero sur nos routes, la partie est loin d'être gagnée…
Carrosserie
Le Montero est le plus gros et le plus cossu des trois VUS Mitsubishi vendus au Canada. Avec ses formes sculptées et son allure massive, il a tout pour plaire aux amateurs du genre. Mais surtout, il se distingue du reste du peloton, ce qui est tout à son honneur.
Habitacle
En règle générale, la finition et la qualité d'assemblage des produits Mitsubishi se situent une coche en dessous de leurs homologues japonais. Toutefois, cela ne s'applique pas au Montero, dont l'habitacle est aussi agréable au coup d'œil qu’il est bien construit. Le tableau de bord est particulièrement réussi avec son instrumentation fournie et bien agencée. La sellerie cuir et les appliques de bois respirent la qualité; et elles lui confèrent une touche cossue, digne d'une berline de luxe. Les sièges sont de véritables fauteuils, mais n'offrent aucun soutien latéral. Malgré les dimensions du véhicule, le dégagement pour les jambes à l'arrière déçoit. Le Montero s'enorgueillit d'être muni d'une troisième banquette, mais il convient de souligner qu'elle semble avoir été conçue pour des enfants.
Mécanique
Au plan technique, la réputation des constructeurs japonais n'est plus à faire. Le Montero ne fait pas exception : dans cette catégorie, c'est l'un de ceux qui proposent le meilleur jumelage moteur-boîte de vitesses. Il n'y a qu'un mot pour décrire leur rendement : symbiose. Ce superbe moteur se montre à la hauteur à tous les régimes, tandis que la boîte de vitesses automatique en tire le maximum, tout en assurant des passages on ne peut plus fluides. La direction, précise et bien dosée, est un modèle du genre, tandis que les amateurs de conduite hors route se réjouiront de la présence d'un levier pour passer de deux à quatre roues motrices et d'un boîtier de transfert muni d'une gamme basse. Seul le freinage prête flanc à la critique. La pédale est spongieuse, tandis que les distances d'arrêt sont plus longues que la moyenne, comme nous avons pu le constater au cours d'un match comparatif.
Comportement
Handicapé par une monte pneumatique qui n'était pas de taille à affronter l'hiver, le Montero a perdu de précieux points quand est venu le temps d'évaluer ses aptitudes sur la route. Montés de série, les pneus de marque Yokohama (modèle Geolandar) n'ont aucune prise dans la neige. Imaginez si le revêtement est glacé, en plus… Et il y a l'arrière, toujours prêt à décrocher. La prudence est donc de mise ! Pour profiter pleinement des quatre roues motrices en hiver ou lors d'excursions hors route, il est donc préférable d'opter pour une monte pneumatique appropriée. Dans des conditions normales (lire : sur l'asphalte), le Montero fait meilleure figure, grâce à sa douceur de roulement. Mais si le vent se met de la partie, vaut mieux garder les deux mains sur le volant, ce qui n'étonne guère, vu la hauteur du véhicule.
Conclusion
Malgré quelques irritants, le Montero n'est pas dépourvu d'attraits. Mais c'est un achat qui demeure risqué, ne serait-ce qu'en raison des ventes timides de Mitsubishi au Québec. Cette marque a beau avoir les reins solides, rien ne l'oblige à rester ici si la rentabilité n'est pas au rendez-vous. Surtout que le marché canadien ne pèse pas lourd dans la balance…
Forces
Son design original La finition et la qualité d'assemblage Un habitacle cossu L’excellent rendement du groupe motopropulseur Une douceur de roulement appréciable
Faiblesses
Des sièges offrant un piètre soutien latéral Des places arrière décevantes Le freinage quelconque Les pneus de série inefficaces dans la neige Une marque qui tarde à s'imposer
Nouveautés
Aucun changement majeur
Luc Gagné 2e opinion
Enfin, voilà l’Endeavor. L’indigne Montero Sport peut disparaître ! À l’époque où Jeep vendait des Cherokee, le Montero Sport aurait été une alternative valable. Mais aujourd’hui, il n’est plus concurrentiel. C’est un camion, et de vieille conception. Rien de plus. On l’a pourtant baptisé Montero Sport, ce qui démontre dans quelle mesure les fabricants prennent parfois les consommateurs pour des cruches. Après tout, comment peut-on concilier la notion de véhicule sport avec cet utilitaire haut sur pattes taré par un roulis important, inconfortable en raison de l’assise basse de ses sièges, pas plus spacieux ni polyvalent qu’il ne le faut et dont le V6 est anémique ? L’Endeavor, au moins, est joli et performant. Il satisfera l’acheteur qui ressent le besoin d’être « à la mode ». Et pour celui qui aura besoin d’un vrai tout terrain — raffiné — il y aura le gros Montero (le Montero… tout court). Cette année, le Montero Sport tire sa révérence, et c’est tant mieux !