Vive la différence !
Par : Benoit Charrette
Pour célébrer dignement les 40 ans de son moteur rotatif apparu en 1967 sur la Cosmo 110 S, Mazda a préparé pour sa RX-8 un modèle anniversaire baptisé R3 (en référence aux R1 et R2 autrefois proposés sur le RX-7). Cette version plus masculine a droit à des amortisseurs Bilstein et à des disques avant plus généreux, pour mieux profiter du moteur Wankel, dont la puissance s'établit toujours à 232 chevaux avec la boîte de vitesses manuelle et à 212 chevaux avec la boîte automatique.
Carrosserie
Au-delà d'une conduite plus sportive, la nouvelle version R3 bénéficie de lignes uniques. À l'avant, un nouveau capot plus bombé, une calandre redessinée et de nouveaux boucliers intégrant des phares antibrouillard donnent un nouveau visage à l'auto. Latérale-ment, les petites portes antagonistes demeure en place. En revanche, les nouvelles jantes en alliage de 19 pouces sont du plus bel effet. À l'arrière, de nouveaux feux cristal font leur apparition de même qu'un nouveau becquet plus grand. La jupe inférieure a également été redessinée pour intégrer un diffuseur. Ça sent la testostérone à plein nez. Les versions GS et GT, toujours au catalogue, nous reviennent sans changement visuel.
Habitacle
Mazda, qui avait dû abandonner la RX-7 en raison de son côté pratique inexistant, n'a pas commis la même erreur avec la RX-8. L'habitabilité est véritablement étonnante pour une voiture sport, et quatre adultes n'éprouveront aucun mal à s'installer à bord. En revanche, il faudra limiter les bagages, le coffre n'étant pas aussi généreux que l'espace habitable. La nouvelle version R3 profite de sièges Recaro plus moulants mais un peu étroits si votre gabarit dépasse la moyenne; toutefois, cela n'enlève rien au confort. L'insonorisation est toujours aussi bonne, et le tableau de bord n'a pas changé. Mazda a ajouté de l'équipement de série, comme une prise d'entrée audio auxiliaire, des phares à fonctionnement automatique sans oublier un levier d'inclinaison ajouté au siège du passager avant permettant d'accéder aux sièges arrière et d'en sortir facilement.
Mécanique
Le plat de résistance de la RX-8 est sans conteste son moteur aussi unique que gourmand. Il s'agit toujours du seul moteur rotatif en production. Il est constitué de deux rotors, ce qui lui donne une cylindrée de 1,3 litre. L'une des plus grandes qualités du moteur rotatif est l'absence de vibrations et de bruits; son principal inconvénient, un cruel manque de couple sous la barre des 4 000 tr/min et une consommation indécente. Mais ce petit moteur grimpe joyeusement en régime au-delà des 9 000 tr/min avec le sourire. Il est tellement silencieux qu'un signal sonore vous avertit quand vous approchez du rupteur. La boîte manuelle à 6 rapports rapprochés est très agréable à utiliser et compense le manque de couple. Il existe également une boîte automatique à 6 rapports avec une maigre puissance de 212 chevaux, qui, à mon avis, n'a pas sa place dans cette voiture.
Comportement
Malgré un manque de couple évident et 232 chevaux, la petite firme de Hiroshima a tout de même réussi un tour de force peu ordinaire. La sensation derrière le volant est unique à commencer par la sonorité du moteur. La poussée très progressive s'accompagne d'un son grave à bas régime qui devient strident à haut régime. Aucune autre voiture ne produit une telle sonorité. Le châssis, très équilibré, canalise efficacement la puissance et offre une tenue de route des plus saines et des plus efficaces sur la route. Un petit avertissement toutefois, il ne faut pas oublier que vous êtes au volant d'une propulsion. Cela demande un pied droit mesuré par temps de pluie, mais les réactions du châssis sont heureusement prévisibles. Au chapitre de la consommation, il vous sera difficile de descendre sous la barre des 14 litres aux 100 kilomètres. Mince consolation, Mazda a augmenté la capacité du réservoir de carburant à 64 litres cette année.
Conclusion
Si cette voiture se démarque par son originalité, une fois derrière le volant tout devient parfaitement cohérent. Confort, sportivité, comportement routier, équipement plus que complet, la RX-8 donne tout sous une forme inusitée et à un prix tout à fait honnête. Une vraie sportive civilisée ! Si seulement Mazda pouvait régler son problème de consommation, elle serait presque parfaite.
Deuxième avis : Francis Brière
Je souligne avec véhémence le fait que la RX-8 ne soit pas une voiture pour tout le monde. Inconfortable, gourmande et capricieuse, la petite balade de tous les jours risque de ne pas convenir au commun des mortels. C'est vrai ! Mais quelle bagnole ! Je vous l'accorde, le moteur rotatif est détestable : il boit du pétrole à outrance et a une sonorité de moteur de tondeuse à gazon. Si l'on fait abstraction de ce petit détail agaçant, on apprécie la tenue de route époustouflante de la voiture, digne des plus grandes sportives. De plus, Mazda a voulu faire plaisir avec la version R3, un bolide prêt pour la piste avec ses sièges Recaro et ses amortisseurs Bilstein ! Il suffit de négocier un virage avec la RX-8 pour réaliser à quel point elle mord dans le bitume. Puis, on rêve d'un 4-cylindres turbocompressé…