Les sceptiques seront confondus !
Par Michel Crépault
Trois raisons pousse Kia Motors à mettre en vente leur nouveau modèle Amanti cet automne. Un, le fabricant considère que le segment des grosses voitures en est un où la concurrence asiatique n’est pas omniprésente (contrairement, par exemple, au créneau des compactes). Deux, Kia n’offrait pas à sa clientèle une grosse voiture. Trois, en ajoutant l’Amanti à sa gamme, Kia entend prouver qu’elle ne se limite pas aux petites voitures bon marché. En réalité, l’Amanti poursuit ce que la fourgonnette Sedona et l’utilitaire sport Sorento ont commencé en termes de modification d’image de Kia.
Carrosserie
Le plus vieux constructeur coréen est parti de la prémisse que les grosses voitures sont ennuyeuses à regarder ! On peut même en déduire que la Chrysler Concorde, la Toyota Avalon et la Buick LeSabre pèchent en termes de style, car Kia ne se gêne pas pour les pointer du doigt. Kia nous promet que l’Amanti, elle, ne sera pas anonyme dans le stationnement d’un centre commercial. L’intention est intéressante, elle relève même du défi, mais est-ce que Kia a su le relever ? La grille, en premier lieu, saute aux yeux. Jamais rien vu de tel ! On aime ou on déteste. Chose certaine, cette calandre, vue dans un rétroviseur ne restera pas longtemps incognito. Et quel chrome ! Les quatre phares ne réinventent rien, mais présentent cet aspect cristallin si à la mode aujourd’hui. Les flancs de la voiture sont sillonnés d’une large baguette de chrome. L’arrière du pavillon chute à la façon d’une Town Car. Le coffre, pour sa part, avec son discret aileron intégré, rappelle le relief bizarroïde de la BMW 745i. Révolutionne-t-on pour autant le design de la grosse voiture ? Les goûts se discutent mal mais, à mon avis, les têtes se retourneront sur le passage de l’Amanti pour au moins tenter d’identifier cette drôle de bête. Kia a choisi le pari de l’audace.
Habitacle
Ici encore, la recette est connue : bon dégagement pour la tête et les jambes, cinquième place au centre de la banquette, espaces de rangement (dont des porte-gobelets bons pour des chaudières de café), visibilité aisée vers l’extérieur, cadrans clairs, bois et chrome. Or, l’Amanti n’a négligé aucun de ces points.Le fauteuil à réglages et mémoire électriques permet au conducteur de s’installer confortablement sans nuire à son passager à l’arrière. Celui-ci bénéficie d’une généreuse banquette disposant d’un accoudoir escamotable. Les espaces de rangement pullulent. La visibilité est bonne, bien qu’un peu hasardeuse à la hauteur du pilier arrière, lequel est trapu afin de créer un « effet limousine ». Les cadrans sont analogiques (mieux adaptés à une clientèle d’un certain âge), sauf pour l’ordinateur de bord qui fournit ses données à l’aide de cristaux liquides (illisibles avec des lunettes fumées). N’oublions pas le bois qui, même s’il est faux, donne le change aux endroits stratégiques (portières, tableau de bord, console centrale). Enfin, les accents de chrome complètent le paysage.
Mécanique
Sous le capot, on trouve un V6 de 3,5 litres à double arbre à cames en tête (24 soupapes) qui développe 195 chevaux. Si cet engin vous rappelle quelque chose, c’est que vous songez à la Hyundai XG350 (Hyundai contrôle Kia et, oui, il existe un fort cousinage entre les deux voitures : plateforme et moteur). La suspension avant est à double fourchette et à bras multiples à l’arrière. L’ABS seconde les freins à disques.Kia claironne que l’Amanti comprend une impressionnante liste d’aides électroniques à la conduite : le répartiteur de freinage (qui distribue la bonne pression aux bonnes roues), l’assistant au freinage (en cas de catastrophe), l’antipatinage à l’accélération et le système de contrôle de la stabilité, tout ça fait partie de l’équipement de série. Dans les faits, l’Amanti que recevront les 48 concessionnaires Kia du Québec se présentera dans une seule version et aucune option (les États-Unis auront droit à une deuxième version un peu moins équipée). La voiture sera lancée simultanément dans les autres marchés internationaux mais s’appellera Opirus. J’en cherche encore le sens alors que Amanti, tiré de l’italien (comme Sorento), signifie – êtes-vous prêts ? -… « amants » !
Comportement
En prenant place, j’ai tout de suite été séduit par le confort du siège. Bon, d’accord, quelqu’un avait réglé le soutien lombaire de manière à me pousser les reins dans le nombril, mais le réglage électrique a tôt fait de remédier à la situation. Impossible de ne pas se fignoler une position de conduite agréable grâce aux boutons dans la portière imitant les formes du siège (à la Mercedes-Benz).J’ai vite découvert qu’il m’importait peu de savoir si le bois était faux ou vrai; il est d’une jolie teinte, rien de parvenu. Le V6 a démarré en se faisant à peine entendre. Volant mi-cuir mi-bois très attachant, aux réflexes dociles.Vous devez comprendre que Kia Canada a fait une fleur à L’Annuel de l’automobile. J’étais, en effet, le tout premier chroniqueur à tester l’Amanti. On m’a toutefois prié de ne pas être trop sévère puisque mon modèle d’essai, le seul entré au Canada, était encore au stade de pré-production. Tout le monde savait qu’il restait du peaufinage à accomplir. Je l’ai remarqué avec la suspension : un peu trop rude sur les petites bosses et un peu trop molle sur les longues. Si les ingénieurs, me suis-je dit, peuvent trouver un compromis, le client sera heureux.J’ai accéléré franchement : réponse un brin paresseuse du V6 lié à la boîte de vitesses automatique à 5 rapports (4 du côté de la concurrence). Appuyez encore plus franchement sur le champignon et l’Amanti bondit, en plus de finalement laisser entendre un rugissement de bon aloi.J’ai aimé la tenue de route et le silence à bord. Seulement, quand j’ai fait coulisser le panneau du pavillon dissimulant le toit de verre, un bruit de vent s’est fait plus persistant. J’ai essayé le changement de rapports manuel (on pousse le sélecteur vers le haut ou vers le bas) : correct, mais inutile pour le genre de clientèle que l’Amanti recrutera.Ces futurs acheteurs apprécieront les places arrière, invitantes, bien sculptées. En relevant l’accoudoir central (tiens, une trappe à ski…), j’ai ess