La « Jag » du peuple… enfin presque

Par Benoit Charette

Depuis quelques années, les constructeurs d’automobiles ont adopté plusieurs stratégies pour préserver leur marge de profits et augmenter leur rayonnement dans le marché. On voit des généralistes, comme Volkswagen, qui tentent de se tailler une place dans le marché des voitures haut de gamme avec la Phaeton ou le Touareg. Et à l’inverse, les fabricants de voitures haut de gamme viennent jouer dans la cour des généralistes pour ajouter des voitures à plus fort tirage qui manquent à leur liste d’épicerie. La X-Type, qui tire son inspiration de la Ford Mondeo, est un excellent exemple de la démocratisation de la marque britannique.

Carrosserie

Pas de doute, la X-Type est bel et bien une Jaguar. Sa partie avant typique — qui fait immanquablement penser à un visage de félin avec ses deux phares ronds — et ses ailes arrondies et élancées sont issues de la S-Type. Il faut féliciter Jaguar qui a su conserver le caractère unique de la marque tout en empruntant beaucoup de pièces de Ford. Visuellement, la X-Type n’a pas à rougir face à ses rivales comme la BMW Série 3 et la Mercedes Classe C.

Habitacle

À l’intérieur, Jaguar est fidèle à la tradition anglaise avec son habitacle habillé de cuir fin et de boiseries nobles. Le dessin du tableau de bord ne possède pas toute l’opulence d’une XJ mais demeure très réussi et ne donne pas l’impression d’être sorti directement des usines de Ford (à l’exception de quelques plastiques). Un centre d’information présenté sous forme d’écran tactile très bien conçu règne au centre de la planche de bord et regroupe toutes les fonctions pour la chaîne audio, la climatisation et le système de navigation. Offert en option, ce groupe, qui inclut également des sièges électriques pour le conducteur et les passagers, un sonar de marche arrière et un ordinateur de bord, est très fonctionnel mais vous soulagera de plus de 6 000 $.

Mécanique

Le seul endroit où cette Jaguar a plus de mal à cacher ses origines Ford, c’est sous le capot. La transmission intégrale utilise un V6 pour aller chercher toute sa motricité. Les deux moteurs sont issus du fabricant Ford. Le V6 de 2,5 litres, emprunté à la Mondeo (les anciennes Contour/Mystique chez nous), est le plus raffiné des deux mécaniques offertes. Malheureusement, les maigres 194 chevaux ont beaucoup de peine à traîner la carcasse du félin qui met plus de 8,5 secondes pour passer de 0 à 100 km/h. Le V6 de 3 litres offre une puissance de 231 chevaux et un couple mieux assorti à la voiture, mais le bloc moteur Duratec, qui sert également de base à la Taurus, n’est pas un modèle de raffinement et montre ses origines modestes en accélérations et en reprises. Les deux modèles viennent avec une boîte de vitesses manuelle à 5 rapports de série et une automatique à 5 rapports en option.

Comportement

Moi qui suis d’ordinaire attiré par les boîtes manuelles, j’ai trouvé l’automatique mieux adaptée au caractère plus baladeur de la X-Type. Il faut dire également que la communion entre la boîte automatique et les moteurs est meilleure, la boîte manuelle n’affichant pas un parfait synchronisme. On découvre après quelques jours de conduite que cette petite Jaguar n’a pas réellement le tempérament sportif. La transmission intégrale rend la tenue de route rassurante, mais elle n’apprécie pas les grandes courbes serrées à haute vitesse. Si la suspension de la 2,5-litres pèche par un excès de mollesse, celle de la 3-litres réagit sèchement aux imperfections de la route. Pour ceux qui veulent tirer le meilleur parti de la tenue de route, Jaguar offre en option sur la version de 3 litres l’ensemble sport comportant des roues de 18 pouces et une suspension plus ferme. Il y a même une chaîne audio Alpine de 320 watts.

Conclusion

À un prix de base presque raisonnable et avec l’avantage d’une transmission intégrale, la X-Type est la Jaguar la mieux adaptée à notre climat.

Forces

Sa transmission intégrale réussie Une bonne tenue de route Sa boîte de vitesses automatique souple et précise

Faiblesses

Une garde de toit trop basse à l’arrière Une boîte de vitesses manuelle un peu rugueuse Sa direction surassistée

Nouveautés

Une réduction de 5 000 $ pour le modèle de 3 litres en 2004 Un ensemble sport comportant des roues de 18 pouces et une chaîne audio de 320 watts Un nouveau dessin de roues

Gabriel Gélinas 2e opinio

n Il s’agit de la plus abordable des voitures de la marque, mais, outre le style remarquable, force est de constater que la X-Type n’est pas aussi raffinée sur le plan technique que ses concurrentes allemandes. Les moteurs ont une sonorité « Ford » plutôt que « Jag »; le comportement sur la route, bonifié par la transmission intégrale de série, met plus l’accent sur le confort que sur la tenue de route, et le freinage demeure perfectible. Une belle gueule certes, mais la X-Type n’arrive pas à égaler la référence de la catégorie qui demeure la Série 3, de BMW.