Laboratoire
Par : Philippe Laguë
Parmi les clichés ayant cours dans le monde de l'automobile, il y en a un qui veut que les Japonais soient d'indécrottables copieurs. Il y a deux ans, Honda et Toyota ont pourtant fait office de précurseurs en étant les premiers constructeurs à introduire des véhicules hybrides sur le marché. Fidèles à leurs réputations respectives, l'un a opté pour l'originalité et l'autre, pour une approche plus cartésienne. Ce qui a donné, dans l'ordre, la Honda Insight et la Toyota Prius.
Carrosserie
La principale différence entre ces deux voitures avant-gardistes réside dans le nombre de places à bord. Elles ont autant de portières qu'elles peuvent accueillir de passagers : quatre pour la Prius, deux pour l'Insight. Pour l'espace et autres considérations pratiques, il vaut donc mieux oublier la deuxième. De toute façon, Honda propose une alternative avec sa toute nouvelle Civic hybride.
Mécanique
La grande particularité de l'Insight, c'est évidemment son moteur. Ou plutôt ses moteurs puisqu'il y en a deux, l'un à essence, l'autre électrique. Le premier consiste en un trois cylindres à essence, muni du système de calage variable des soupapes (VTEC) cher à Honda. D'une cylindrée de 1 litre, il génère un gros 68 chevaux… Heureusement qu'il y a du renfort ! Celui-ci vient du moteur électrique, composé d'un groupe de batteries au nickel de 144 volts, qui insuffle 14 chevaux supplémentaires. Évidemment, cela ne parvient pas à transformer l'Insight en Ferrari, mais ce n'est pas le but de l'exercice non plus. À bas régime, le couple est inexistant, ou presque. Pour tirer le maximum de cette faible puissance, il faut donc rétrograder souvent. Et s'habituer à conduire un rapport plus bas qu'avec une petite voiture mue par un moteur à essence conventionnel. Mais attention, on ne parle pas d'une tortue non plus : il faut un peu plus de 12 secondes pour passer de 0 à 100 km/h, ce qui est tout à fait acceptable. Quant à la vitesse maximale, elle dépasse d'un poil la barre des 170 km/h. Dans ce dernier cas, il faut souligner l'apport des formes très aérodynamiques de ce coupé, ainsi que la légèreté que lui confère sa coque en aluminium. Cette combinaison de facteurs contribue également à réduire la consommation à un niveau très, très bas… Par ailleurs, cette motorisation hybride s'est montrée impressionnante par sa douceur et son silence de roulement. De plus, un essai hivernal s'est avéré concluant : même lors des grands froids, l'Insight a toujours démarré du premier coup. Pour la Civic hybride, on a opté pour un jumelage avec une boîte automatique, tandis que l'Insight reçoit une boîte manuelle. Dans la plus pure tradition Honda, celle-ci est un vrai charme à utiliser, grâce à la précision et à la courte course du levier.
Comportement
En raison de ses dimensions et de son poids, l'Insight brille par ses prestations routières. Légère, très agile et bien servie par une direction précise et nerveuse comme celle d'un kart, cette hybride aux aspirations écologiques cache un côté ludique qui surprend agréablement. S'ils contribuent à doter l'Insight d'une douceur de roulement impressionnante, les pneus limitent cependant l'exploitation de son potentiel. En résumé, ce petit coupé est plus amusant que sportif à proprement parler. Grâce à ses roues motrices avant, il tire aussi son épingle du jeu en hiver, et plutôt bien. Mais il vous faudra surveiller l'accumulation de neige sous les panneaux qui recouvrent les roues arrière.
Habitacle
Les principaux irritants de cette voiture écolo viennent de l'habitacle. Les fleurs, d'abord : la finition et l'ergonomie sont conformes aux standards japonais. La qualité d'assemblage ne montre aucune faille, le tableau de bord est lisible et bien pensé, tandis que les commandes sont simples et faciles d'accès. Le pot, maintenant. En tête de liste, la piètre insonorisation. Suivie de près par la configuration peu pratique de l'habitacle. Pas seulement à cause de ses deux places, mais aussi en raison de la pénurie d'espaces de rangement. Ne cherchez pas de vide-poches dans les portières, il n'y en a pas. Dans le même ordre d'idées, le côté pratique du hayon arrière est réduit à néant en raison d'un plancher trop haut (les batteries sont dessous) et de la petitesse du coffre. On ne peut même pas transporter de skis ! Pour couronner le tout, lecteur DC est optionnel. Remarquez que ce n'est pas une si grosse perte, étant donnée la médiocrité de la chaîne stéréo.
Conclusion
Peu pratique, peu puissante et chère, la Honda Insight se vend au compte-gouttes. Mais il ne faut pas négliger ses qualités pour autant : comme toute bonne Honda qui se respecte, elle est fiable et amusante à conduire. Ultra-économique, elle permet également de rouler en ayant bonne conscience. Alors, les VUS hybrides, c'est pour quand ?
Forces
Finition impeccable
Amusante à conduire
Grande douceur de roulement
Utilisation hivernale possible
Appétit d'oiseau
Faiblesses
Absence de couple à bas régime
Piètre insonorisation de l'habitacle
Chaîne stéréo médiocre
Habitacle et coffre peu pratiques
Prix élevé