On y est presque
Par Philippe Laguë
Disons-le sans détour : à l’heure actuelle, la Ford Focus est la seule compacte américaine capable de rivaliser avec les voitures importées de cette catégorie. Plus raffinée et mieux assemblée que ses rivales coréennes, il ne lui manque que la fiabilité pour faire jeu égal avec les japonaises. Quant à ses compatriotes de chez GM et Chrysler, n’en parlons même pas : le tandem Cavalier/Sunfire et la Dodge SX 2.0 ont dix, voire vingt, ans de retard sur la concurrence.
Carrosserie
Sur le plan esthétique, la Focus est loin de faire l’unanimité. On l’adore autant qu’on déteste le style New Edge Design, avec ses rondeurs qui se marient à des formes anguleuses. Chose certaine, elle se démarque du reste du peloton, et cette combinaison d’audace et d’originalité mérite d’être saluée. Par ailleurs, la Focus propose un choix étoffé de versions et de configurations, avec des carrosseries à trois, quatre ou cinq portes ainsi qu’une familiale.
Habitacle
Dans la catégorie des compactes, la Focus est l’une des plus spacieuses, si ce n’est pas la plus spacieuse. Peu importe la configuration, l’espace pour les jambes à l’arrière ne manque pas; idem pour la tête. À l’avant comme à l’arrière, les occupants ont droit à des sièges généreusement rembourrés. Le conducteur et son passager de droite bénéficient de surcroît d’un très bon soutien latéral. Les constructeurs américains sont par ailleurs réputés pour la qualité des chaînes audio de leurs véhicules, et la Focus en est un bon exemple. Même dans les versions les plus abordables, le rendement impressionne. Ford pourrait cependant donner des leçons à GM et Chrysler dans les domaines de l’ergonomie, de la finition et de la qualité d’assemblage. On ne peut donc pas reprocher grand-chose à l’habitacle, si ce n’est une ceinture de sécurité difficile d’accès à l’avant et une console centrale peu pratique.
Mécanique
Le manque de raffinement mécanique des compactes américaines constitue leur principale faiblesse. Or il s’agit d’une des forces de la Focus. Ford est en effet le seul constructeur de ce pays qui soit parvenu à concevoir des motorisations à 4 cylindres pouvant rivaliser avec celles des petites voitures importées. Ici, qualité rime également avec quantité, car dans ce créneau, il n’y a que la VW Golf qui offre un plus large éventail de moteurs. La Focus en a trois à sa disposition et, s’ils ont tous la même cylindrée (2 litres), leur architecture varie ainsi que la puissance. Ainsi, celui des livrées moins cossues (SE et LX) n’a qu’un seul arbre à cames en tête, contre deux pour les autres versions, ce qui se traduit par une différence de 20 chevaux (130 contre 110). L’ajout d’une culasse en aluminium, d’une distribution variable et d’un système d’admission/échappement retravaillé fait grimper la puissance des sportives SVT à 170 chevaux. Celles-ci ont par ailleurs l’exclusivité de la boîte manuelle à six rapports, les autres motorisations pouvant être jumelées à une boîte manuelle à cinq rapports ou, en option, à une boîte automatique à quatre rapports.
Comportement
Là où la Focus surpasse ses ternes rivales japonaises, c’est au chapitre de l’agrément de conduite. C’est moins vrai pour les versions de base, handicapées par leur moteur faiblard, mais, sinon, le plaisir est au rendez-vous, surtout si vous avez opté pour une boîte manuelle. Celle-ci brille par son guidage très précis et son étagement. La direction accomplit elle aussi un boulot exemplaire en raison de sa précision, de sa rapidité et du dosage raisonnable de l’assistance. Avec ou sans ABS – en option sur la plupart des versions –, l’efficacité du freinage n’a pu être prise en défaut. Ma seule réserve concerne la suspension, mal adaptée à la conduite sportive. En usage normal, elle procure un confort et une douceur de roulement qui placent la Focus parmi les meilleures de sa catégorie, mais le débattement trop grand des amortisseurs et les réactions bizarres du train arrière refroidiront les ardeurs des conducteurs, disons, plus enthousiastes… Même la SVT possède cette fâcheuse tendance à « talonner » sur un revêtement accidenté. En revanche, elle est moins affectée par le roulis.
Conclusion
Sous sa forme actuelle, la Focus en est à sa dernière année. Sa remplaçante, qui portera le millésime 2005, partagera sa plateforme avec deux autres compactes de la grande famille Ford, soit la Mazda 3 et la Volvo S40. Souhaitons que la fiabilité soit, cette fois, au rendez-vous, car elle aurait alors tous les atouts en main pour mettre fin à la domination japonaise dans ce créneau.
Forces
Design audacieux Habitacle spacieux Finition honnête Choix de moteurs Agrément de conduite Version SVT
Faiblesses
Ceinture difficile d’accès à l’avant Console centrale peu pratique Motorisation de base timide Amortissement trop souple Fiabilité déficiente
Nouveautés
Aucun changement majeur
Nadine Filion 2e opinion
Le modèle essayé avait beau n’afficher que quelques milliers de kilomètres au compteur, la Focus souffrait déjà de bruits incongrus. La fermeture des portières produit d’ailleurs une sonorité un peu bon marché. Voilà qui n’est pas rassurant, surtout si l’on tient compte des nombreux rappels qui ont affecté la voiture depuis son lancement. Par contre, le design tant intérieur qu’extérieur est fort plaisant à l’œil. Certains trouveront la suspension trop ferme et bien peu conciliante face aux aspérités de la route, mais sachez qu’elle fait des merveilles dans la version sport SVT, étonnamment inspirante à conduire ! En version familiale, la Focus n’est pas donnée et vous demande de sortir pas mal plus de sous que ne le laisse supposer le prix de base du modèle à trois portes. Mais des familiales, il n’en pleut pas sur le marché actuel…