Contre vents et marées
Nadine Filion
L'Explorer est, depuis 12 ans maintenant, l'utilitaire le plus vendu en Amérique du Nord. Et ce, en dépit du scandale Firestone au début du millénaire. À l'automne dernier, Ford célébrait d'ailleurs la production de son 5 000 000e exemplaire de l'Explorer. Impressionnant… Autopsie d'un succès sur quatre roues motrices.
Carrosserie
L'Explorer et ses formes carrées sont reconnaissables entre mille. Mais pourquoi changer une recette qui fonctionne depuis plus d'une décennie déjà ? Outre la disparition du modèle à deux portes, on note à peine quelques ajouts pour 2004, comme l'indicateur de pression des pneus qui se fait désormais de série. N'oublions pas le modèle « camionnette » Sport Trac, qui représente tout de même, au Canada, 27 % des ventes de l'Explorer. Le Sport Trac partage beaucoup avec son cousin, sauf une caisse longue de 1,25 mètre (30 pieds carrés d'espace de chargement) et une garde au sol abaissée de 5 centimètres.
Habitacle
Un seul mot pour résumer l'intérieur de l'Explorer : espace. Il est si vaste qu'il peut accueillir une troisième banquette offerte en option. Quelques acrobaties sont nécessaires pour l'atteindre, mais on y est confortablement installé. Pour 2004, la deuxième rangée peut recevoir des sièges baquets (versions Eddie Bauer et Limited) et désormais compter sur ses propres commandes de climatisation.Malgré une garde au sol de plus de 20 centimètres, le véhicule laisse ses passagers y monter et en descendre facilement. Certains trouveront néanmoins le seuil du coffre trop élevé, surtout s'ils doivent y déposer de lourds objets. Dans le poste de pilotage, tout est disposé de façon ergonomique, si ce n'est les commandes du siège électrique du conducteur, coincées entre le baquet et la portière. Bravo pour le pédalier réglable (en option). Le tableau de bord de l'Explorer est d'un commun ennuyeux, surtout si on le compare avec les magnifiques intérieurs du Lincoln. Mais voilà qui explique en partie les quelques milliers de dollars qui différencient les deux marques !
Mécanique
L'Explorer donne le choix de deux moteurs dotés cette année d'un nouveau volet d'admission électronique des gaz. Si l'environnement vous tient à cœur, optez pour le premier, le V6 de 4 litres (210 chevaux) qui accepte d'ingurgiter un mélange d'éthanol 85. Il ne faillit pas à la tâche, mais force un brin plus que le V8 de 4,6 litres (239 chevaux). Ce dernier, contrairement à ce qu'on pourrait penser, n'est guère plus gourmand : à peine un litre d'essence de plus pour chaque 100 kilomètres parcourus en ville. Il s'active évidemment plus vite, avec des dépassements qui exigent une seconde de moins (80 à 120 km/h). Tous les Explorer vendus au Canada sont livrés avec le système à quatre roues motrices permanent. Tant pis pour ceux qui auraient préféré l'économie de carburant d'un modèle à deux roues motrices… Qu'une seule boîte de vitesses au catalogue, la boîte automatique, qui s'exécute sans contretemps quand elle est couplée au V8. Pour 2004, le système de contrôle de la stabilité Advance Trac, jusqu'alors réservé aux modèles équipés du V8, s'étend à presque toute la gamme. Un mot sur le Sport Trac : celui-ci mise encore sur la suspension arrière à essieu rigide, alors que l'utilitaire a opté, il y a deux ans, pour la suspension indépendante.
Comportement
Grâce à sa suspension indépendante aux quatre roues, l'Explorer se conduit en souplesse, de façon très « touriste ». Il absorbe bien les chocs de la route et tient fermement le cap, quoiqu'il laisse place au roulis quand on manie son volant trop brusquement. Son freinage, excellent, s'effectue en ligne droite grâce aux freins ABS. Débrouillard hors piste, l'utilitaire doit néanmoins composer avec des dimensions plutôt larges pour le petit sentier cahoteux qui mène au bout du monde. Par contre, son rayon de braquage est étonnant. À bord, la visibilité est généreuse, et l'habitacle est une oasis de calme et de silence.
Conclusion
Bref, voilà pourquoi le Ford Explorer roule de succès en succès. Et ce, malgré les embûches…
Forces
De l'espace à revendre Un pédalier réglable Un excellent freinage Un V6 disposé à ingurgiter du E85
Faiblesses
Un intérieur au design très commun Du roulis en manœuvres brusques Plutôt large pour les sentiers
Nouveautés
La disparition du modèle à deux portes Un indicateur de pression des pneus de série Des sièges baquets pour la deuxième rangée (en option) Des commandes de climatisation à l'arrière (en option) Le système de contrôle de la stabilité Advance Trac qui s'étend à toute la gamme Un nouveau volet d'admission électronique des gaz
Éric Descarries 2e opinion
Difficile à critiquer, cette histoire d’une réussite. Mais j’aime encore mieux un Explorer à moteur V8 plus souple et moins rugueux que celui à moteur V6. J’ai peine à croire que l’Explorer né au début des années 90 (et lui-même né de la plus petite Bronco II) en soit venu au gros véhicule actuellement sur le marché. Et les prix ! Mais je dois avouer que cet utilitaire est également excellent sur la route, et que sa motricité aux quatre roues avec la fonction automatique est très utile en hiver. La suspension arrière indépendante lui confère un comportement intéressant sur la route. Longue vie à l’Explorer.