La Viper
Par Gabriel Gélinas
L’an dernier, DaimlerChrysler écrivait le troisième chapitre de l’histoire de la Viper en présentant le modèle actuel qui est en fait la deuxième génération de cette voiture; les deux premiers chapitres on été consacrés à la voiture concept qui a obtenu un succès retentissant et par un premier modèle de série qui a permis de redorer le blason de la marque Dodge. Cette plus récente Viper conserve le cachet unique du modèle précédent tout en améliorant les performances avec un triplé de « 500 », c’est-à-dire avec 500 chevaux, 525 livres-pied de couple et plus de 500 pouces cubes de cylindrée. Prière de prévoir un bon budget de remplacement pour les pneus arrière…
Carrosserie
Encore plus frappante que le modèle précédent, l’actuelle Viper affiche des lignes plus modernes. Vous remarquerez au passage que le capot avant a été abaissé en raison de la nouvelle localisation du moteur V10 qui a été ancré plus bas dans le compartiment, ce qui a par ailleurs permis d’abaisser le centre de gravité de la voiture. Assis au volant, on aperçoit maintenant très bien le profil plus marqué des ailes, qui « encadrent » désormais la route que l’on s’apprête à parcourir. La Viper est également dotée d’éléments aérodynamiques qui ne sont pas apparents au premier coup d’œil, notamment ce panneau de fond qui couvre 80 % de la surface sous la voiture afin d’améliorer sa stabilité à haute vitesse.
Habitacle
L’habitacle a été revu en profondeur lors de la refonte du modèle, le tachymètre prenant maintenant place en plein centre du tableau de bord et le moteur étant désormais lancé au moyen d’un bouton. Le pédalier a également été revu pour faciliter la technique du « talon-pointe » lors de la rétrogradation et propose maintenant un repose-pieds, ce dont le modèle précédent était dépourvu. Un point faible majeur est rapidement devenu apparent lors de l’essai : une chaleur intense est rapidement dégagée dans l’habitacle par le passage des tuyaux d’échappement dans les longerons latéraux du châssis. Vous devrez donc diriger le flot d’air du climatiseur directement sur vos pieds, et je peux vous garantir que vous n’aurez jamais à utiliser le système de chauffage de cette voiture peu importe la température ambiante.
Mécanique
Sur le plan de la mécanique, la Viper est une véritable brute. Pas de système de calage variable des soupapes, pas de turbocompresseurs, juste une énorme cylindrée de 8,3 litres (équivalent à plus de 500 pouces cubes) répartie sur 10 cylindres. Comme le disaient autrefois les Américains : « There is no substitute for cubic inches… » Avec une telle puissance et surtout un couple phénoménal de 525 livres-pied, la Viper décolle littéralement pour rendre un chrono de 4,1 secondes lors du sprint de 0 à 100 km/h. De plus, il est très facile de laisser les « traces » de votre passage sur la chaussée sur une distance d’environ 100 pieds en abusant des énormes pneus arrière (345/30ZR19) par un débrayage ultrarapide suivi d’une accélération avec pied au plancher, la Viper étant dépourvue d’un système antipatinage. À vitesse légale sur autoroute, j’ai été surpris de constater que le moteur tournait à 1250 tours/minute en sixième vitesse, soit environ 250 de plus que lorsqu’il tourne au ralenti…
Comportement
Le centre de gravité est bas, les pneus sont énormes et les suspensions, calibrées pour la conduite sportive. Voilà les principaux éléments qui font que la Viper est capable de 1,15 G en accélération latérale, une performance que seules certaines supervoitures sont capables d’égaler. J’ai eu un plaisir fou sur les routes en parfait état des canyons du sud de la Californie au volant de cette voiture en la contrôlant souvent « à l’accélérateur » en virages. La Viper n’est cependant pas équipée d’un système de contrôle de la stabilité, et comme toutes les voitures hyperperformantes, elle exige beaucoup plus de concentration et d’habileté de la part du conducteur lorsqu’on roule près de ses limites. Il est donc essentiel, à mon avis, de suivre un cours de conduite haute performance avant de tenter d’exploiter le potentiel de performance de cette voiture qui ne pardonnera pas les erreurs de pilotage d’un conducteur inexpérimenté. Avis aux intéressés.
Conclusion
Voiture exceptionnelle par ses performances et voiture d’exception par sa rareté, la Viper sera toujours une voiture qui n’est pas conçue pour tout le monde. Ceux qui en prendront le volant devront augmenter la qualité de leur pilotage de plusieurs crans avant de tenter d’en exploiter le potentiel et apprendre à traiter la Viper avec tout le respect qu’elle mérite.
Forces
Puissance/moteur phénoménal Améliorations à l’habitacle et à l’ergonomie Style unique
Faiblesses
Performances difficilement exploitables sur routes publiques Chaleur intense dégagée dans l’habitacle Confort aléatoire sur mauvais revêtement Diffusion limitée
Michel Crépault 2e opinion
Quand on me parle d'un individu qui possède plusieurs voitures, l'énumération qu'on m'en fait comprend invariablement une Viper. On ne les voit jamais l'hiver, et on comprend pourquoi. Mais quand l'une d'elles sort prendre l'air l'été, on la remarque. Quelle gueule ! Et elle est aussi sauvage que son plumage. Son V10 est violent, hors-la-loi. Plus vous pilotez la Viper, plus vous tentez de la maîtriser, et plus vous faites attention d'éloigner votre jambe gauche du rebord intérieur car le tuyau d'échappement qui passe par-là vous racornit la peau. Elle n'a rien de bien pratique, la Viper, mais à ses côtés, la Corvette a l'air d'une inoffensive couleuvre.