La Cobra moderne
Par : Gabriel Gélinas
Avec le nouveau modèle 2003, c'est le troisième chapitre de l'histoire de la Viper qui s'écrit : 500 chevaux, 525 livres-pieds de couple, et plus de 500 pouces cubes de cylindrée, c'est le triplé des " 500 " pour cette toute nouvelle version qui devient de facto la Cobra moderne. La commande livrée aux ingénieurs chargés d'élaborer la troisième génération de la Viper était simple : conserver son cachet unique en améliorant à la fois les performances et le confort intérieur.
Carrosserie
Entièrement revue pour 2003, la Viper conserve toujours cette même " présence " tout en affichant des lignes résolument plus modernes. Le moteur ayant été placé plus bas, cela a permis aux concepteurs d'abaisser le capot et de créer des ailes au profil très marqué, alors que les portières ont été sculptées à l'image du modèle original. Un examen attentif révèle également la présence d'un panneau de fond qui couvre 80% de la surface sous la voiture afin d'améliorer l'aérodynamisme de la Viper et surtout sa stabilité à haute vitesse, panneau dans lequel sont toutefois pratiquées des entrées d'air afin de permettre le refroidissement du différentiel.
Mécanique
L'an dernier dans ces pages, j'avais écrit au sujet des performances anticipées de la Viper 2003 que "le ministre des Transports allait capoter", je peux maintenant certifier sans l'ombre d'un doute que ce sera effectivement le cas comme en témoignent les impressions de conduite suivantes. Plus de 100 pieds. Voilà la distance des "traces" laissées par les énormes pneus arrière Michelin (P345/30ZR19) lors de départs en pleine accélération. Je vous livre ma recette : sélectionnez le premier rapport, grimpez le régime moteur afin que le tachymètre affiche 4000 tours/minute, déplacez latéralement votre pied gauche de façon à ce que l'embrayage soit relâché d'un coup sec, accélérez à fond dès que les roues se seront mises à patiner. Les "traces" de 100 pieds apparaîtront ainsi sur la chaussée sur fond musical de 500 chevaux en cavale, accompagné d'un amusant effet visuel créé par la fumée bleutée se dégageant des Michelin en surchauffe. Répétez au besoin. Vous noterez bien sûr ici que la Viper n'est évidemment pas équipée d'un système anti-patinage, ce qui aurait pour effet de dénaturer l'engin. En adoptant une technique plus conservatrice et plus efficace lors du départ et de l'accélération initiale, la Viper 2003 atteindra les 100 kilomètres/heure en 4,1 secondes, en vous calant dans le siège et en vous donnant l'impression d'être à bord d'un avion de ligne au décollage. Evidemment, la pleine puissance de la Viper est difficilement exploitable sur routes publiques, à moins d'affectionner particulièrement les rencontres impromptues avec les représentants des forces de l'ordre. Autre détail intéressant : à 100 kilomètres/heure en sixième vitesse, le moteur tourne à 1250 tours/minute, soit environ 250 de plus que lorsqu'il tourne au ralenti…Avec autant de puissance et de couple, on s'attendrait à ce que le levier de vitesse de la boîte manuelle à six rapports soit difficile à manipuler, mais c'est tout le contraire et le changement de vitesse sur la Viper se fait avec beaucoup moins d'effort que sur la Ferrari Maranello.
Comportement
1,15 G d'accélération latérale. Voilà ce dont la Viper est maintenant capable en tenue de route, ce qui lui confère un niveau de performance exceptionnel approchant celui des véritables voitures de course, courtoisie notamment des pneus sur-dimensionnés. Sur les routes " billard " des canyons du sud de la Californie, la Viper s'est avérée redoutablement efficace malgré son gabarit imposant, et la puissance de freinage (plus de 1 G) est également exceptionelle grâce aux étriers Brembo à doubles pistons qui pincent des disques de 14 pouces, à l'avant comme à l'arrière. Sur routes dégradées cependant, la Viper se montre plus capricieuse et l'absence d'un système anti-patinage ou de contrôle de la stabilité peut faire en sorte qu'un conducteur trop téméraire se fasse prendre en défaut dans ces conditions particulières.
Habitacle
Le moteur est lancé au moyen d'un bouton, à la Honda S2000, le tachymètre est placé en plein centre du panneau d'instruments, à la Porsche, et le pédalier à été décalé par rapport au modèle précédent de façon à faciliter l'action des pieds sur les pédales. De plus, la Viper 2003 est maintenant doté d'un repose-pied qui permet au pied gauche de prendre un appui solide et au conducteur de mieux se caler dans le siège en virage. Ce détail qui peut sembler anodin prend toute son importance en raison des performances exceptionelles en tenue de route de la Viper, et du fait que les modèles précédents en étaient dépourvu. Pour ce qui est du confort, j'attire votre attention sur un point faible majeur, soit la chaleur dégagée dans l'habitacle par le passage des tuyaux d'échappement dans les longerons latéraux du chassis. Cette chaleur devient intense au point de vous chauffer les mollets même avec le flot d'air maximum du climatiseur dirigé sur vos pieds.
Conclusion
La Viper a toujours été et demeure encore une voiture qui n'est pas conçue pour tout le monde. Malgré des améliorations certaines à l'habitacle et à l'ergonomie, elle conserve les défauts de ses qualités, soit un confort tout à fait relatif, compte tenu de son enveloppe de performance. Fait à noter, le prix de la Viper 2003 a subi une augmentation majeure afin d'éviter que la voiture ne fasse l'objet de transactions dans ce qu'il est maintenant convenu d'appeler le gray market, où des clients américains venaient acheter des voitures au Canada à prix réduit pour ensuite les revendre au prix américain plus élevé. Chrysler Canada a donc décidé de vendre la Viper 2003 au prix de 126,500 dollars ce qui représente la conversion directe du prix américain en devises canadiennes.
Forces
Puissance moteur phénoménale
Améliorations à l'habitacle et l'ergonomie
Style plus moderne
Faiblesses
Performances difficilement exploitables
Chaleur intense dégagée dans l'habitacle
Confort aléatoire sur mauvais revêtement
Prix ajusté &agr