M’as-tu vu ? M’as-tu bien vu ?
Hugues Gonnot
La grosse Cadillac Fleetwood était le symbole de l’Amérique énergivore d’après-crise du pétrole. Les normes américaines ont obligé les fabricants à réduire de façon draconienne la consommation de carburant de leurs voitures … mais pas des camions. On est retourné 30 ans en arrière, et il ne sert à rien de chercher un quelconque aspect rationnel à l’engouement pour les camions de luxe puisqu’il n’y en a pas. L’objectif consiste à bien paraître. Voilà pourquoi l’Escalade est devenu l’un des véhicules favoris des rappeurs.
Carrosserie
À ce niveau, l’Escalade réussit assez bien, particulièrement dans sa livrée noire. Il se distingue de ses cousins Chevrolet et GMC par des phares avant et des feux arrière acérés ainsi que par des passages de roues spécifiques. Trois versions sont offertes : l’Escalade de base, le petit… enfin, le moins cher, l’ESV allongé de 52 centimètres (en grande partie au profit du volume de chargement qui devient gigantesque) et l’EXT, basé sur le Chevrolet Avalanche et qui en récupère donc toute la modularité. À ce propos, il faudra vous habiter aux dénominations à trois lettres du côté de Cadillac dont seront affublés tous les futurs modèles : STS, CTS, XLR, SRX, EXT… pense-bête indispensable ! Mentionnons enfin la présence d’un très utile radar de stationnement.
Habitacle
L’habitacle est spacieux (logique !), et les sièges, très confortables, même à la troisième rangée (mais l’accès pourrait être plus aisé). Le problème se situe plutôt du côté de l’ambiance : la planche de bord est la même que celle d’une Silverado de 30 000 $. Les touches de faux-bois, la montre Bulgari et l’instrumentation spécifique (et très complète) rehaussent l’ensemble, mais cela manque encore de noblesse (qu’on est en droit d’exiger à 70 000 $). Lincoln l’a enfin compris avec son Navigator qui propose une planche de bord spécifique par comparaison avec celle du Ford Expédition. Par contre, le volant multifonction est génial. L’équipement est des plus complets, et les options sont très limitées : roues en aluminium chromées, système de divertissement DVD et toit ouvrant électrique. Les espaces de rangement à l’avant sont nombreux et suffisamment volumineux, contrairement à ceux de la deuxième rangée.
Mécanique
Un seul moteur pour les trois versions : le Vortec 6000 de 345 chevaux. Il permet à l’Escalade de décoller assez sérieusement, d’autant plus qu’il est secondé par une excellente boîte de vitesses automatique à 4 rapports. Vous l’aurez deviné, l’Escalade est glouton : attendez-vous à une consommation de carburant moyenne se situant entre 20 et 22 litres aux 100 kilomètres. Par contre, c’est « quasi » raisonnable si l’on tient compte du poids et de la puissance de l’engin. La direction est très assistée, mais cela reste dans la norme en regard du gabarit. Les freins semblent un tantinet à l’attaque mais font en fait un excellent travail en freinages appuyés.
Comportement
Ce n’est pas parce qu’il fait 345 chevaux que l’Escalade est nécessairement un missile… de croisière. Il privilégie fort normalement le confort et ça, il le fait bien, même sur des routes en très mauvais état. Avec un centre de gravité élevé, il prend du roulis en virage : il s’incline tout de suite, mais même si l’on force le jeu, il ne bouge pas plus et reste sain. De plus, il est secondé par l’excellent système de contrôle de la stabilité, StabiliTrak.
Conclusion
Plutôt que de chercher une quelconque validité au concept de l’Escalade (le marché est là, alors…), il serait peut-être plus intéressant de se demander s’il en donne vraiment pour son argent par comparaison avec le Chevrolet Suburban/Avalanche et le GMC Yukon. Tant au chapitre de l’équipement que des prestations, la réponse est non. Mais il est des quartiers ou les signes extérieurs de richesse sont plus importants. Preuve, s’il en est, que le logo Cadillac a encore de la valeur, nonobstant les années de dérive passées de la marque.
Forces
Son ensemble moteur et boîte de vitesses Son équipement généreux Le volume de chargement (ESV)
Faiblesses
Sa consommation de carburant L’encombrement Une valeur ajoutée ?
Nouveautés 2004
Le groupe remorquage, les sièges baquets (2e rangée) et l’indicateur de gonflage des pneus de série Le toit ouvrant électrique compatible avec l’ensemble lecteur DVD L’Escalade ESV édition Platine De nouvelles couleurs
Michel Crépault 2e opinion
Première bonne nouvelle : une randonnée Montréal-Kennebunk Port ne m'a pas rendu membre émérite d'une pétrolière. À un rythme de croisière très légal (et, je l'avoue, un brin ennuyeux), l'Escalade EXT a maintenu un très surprenant 15 litres aux 100 kilomètres. Excellente visibilité mais rebonds du type guimauve. Les sièges arrière s'enlèvent facilement, et le plancher est suffisamment capitonné pour nous permettre de transporter sans souci une antiquité payée le prix fort. Mais j'aurais surtout aimé être l'un des passagers de la banquette pour pouvoir me régaler du système DVD installé au plafond.