Hybride aux stéroïdes
Par : Philippe Laguë
Contrairement à Porsche, la firme allemande Audi, grande spécialiste de la transmission intégrale, a refusé de se dénaturer en ajoutant un véhicule utilitaire sport (VUS) à sa gamme; en lieu et place, on a plutôt joué la carte du véhicule hybride. Avec une touche beaucoup plus sportive, cependant, ce qui permet à la familiale Allroad de se démarquer de ses rivales.
Carrosserie
Comme l'ont fait Subaru et Volvo avant eux, les ingénieurs d'Ingolstadt ont élaboré leur véhicule hybride à partir d'un modèle qui existait déjà, soit la familiale A6 Avant, pour ensuite modifier de façon significative la carrosserie et ce qui se cache dessous. À l'extérieur, l'Allroad se distingue par son support à bagages sur le toit, ses phares antibrouillard, ses plaques protectrices à l'avant et à l'arrière, ses ailes élargies et une garde au sol plus élevée que celle de la familiale Avant.
Mécanique
Audi rime, bien sûr, avec Quattro, du nom de leur système de transmission intégrale qui a vu le jour en 1980. Révolutionnaire à l'époque, ce système demeure, deux décennies plus tard, LA référence. Très étoffée, la fiche technique propose également un moteur turbocompressé et une boîte de vitesses automatique à cinq rapports bimodale (avec mode séquentiel). On peut également se procurer une boîte manuelle à six rapports. Le moteur est un V6 de 2,7 litres, vitaminé par deux turbocompresseurs qui font grimper la puissance à 250 chevaux. Au chapitre des performances et des reprises, elle lamine la concurrence. Même si l'on garde la boîte de vitesses en mode automatique, l'Allroad accélère comme une flèche. Quand la boîte de vitesses est en mode séquentiel, elle passe d'un rapport à l'autre instantanément. De plus, on peut passer les rapports au volant avec la boîte Tiptronic. Quant au freinage, il est directement proportionnel aux accélérations. C'est tout dire. L'énumération des dispositifs de sécurité active ressemble à un cours d'alphabétisation, avec le régulateur antipatinage ASR, auquel s'ajoutent le verrouillage électronique du différentiel (EDL) et le système d'antipatinage à l'accélération (ESP). Sans oublier l'ABS… Mais le fin du fin, c'est la suspension électronique à hauteur réglable de l'Allroad, qui permet d'augmenter la garde au sol. Le conducteur n'a qu'à actionner un commutateur au tableau de bord pour choisir parmi quatre niveaux de hauteur.
Comportement
Cet hybride aux stéroïdes ne peut renier ses origines germaniques, et c'est tant mieux. La tenue de route est conforme en tous points aux standards auxquels nous ont habitués les meilleures berlines allemandes (pléonasme ?). Quant à la motricité, elle n'est rien de moins qu'exceptionnelle, gracieuseté du système Quattro. Bien qu'une coche trop assistée, sa direction est rapide, ultraprécise et communique bien les sensations de la route. Elle travaille de concert avec une suspension plus ferme, donc plus sportive, le tout rehaussé par des pneus plus performants, montés sur des roues de 17 pouces. Tout cela est d'autant plus remarquable que le confort ne s'en trouve nullement pénalisé. Ou si peu : les plus douillets trouveront que " ça porte dur " quand le revêtement se détériore. Pour les excursions hors-route, on vous suggère de ne pas vous aventurer trop loin. Ces hybrides ne sont surtout pas des tout-terrains et, si la situation se corse, on découvre rapidement les limites d'une transmission intégrale munie de différentiels à viscocoupleur. Sinon, sur une route enneigée comme sur un chemin non pavé, le système Quattro de l'Allroad demeure, on l'a dit, la référence.
Habitacle
Au chapitre de l'habitacle, l'Allroad brille encore une fois de tous ses feux. De la chaîne audio à l'ergonomie en passant par la finition, rien ne porte flanc à la critique. De plus, la présentation intérieure des Audi est dans une classe à part, et l'Allroad ne fait pas exception, avec son superbe tableau de bord et ses appliques en noyer véritable. Et pratique avec cela : on retrouve à l'intérieur une flopée d'espaces de rangement et de compartiments de tous genres, ainsi qu'une troisième banquette pour les enfants, située dans la soute à bagages. L'Allroad est également pourvue d'une abondance de dispositifs de sécurité passive : coussins gonflables frontaux et latéraux, évidemment, et rideaux gonflables, pour protéger la tête.
Conclusion
Audi est un constructeur qui s'est métamorphosé au cours des dix dernières années. Ce qui se traduit notamment par des voitures plus fiables que jamais. Sil est vrai que l'Allroad est la plus chère de sa catégorie, cela s'explique par sa conduite nettement plus inspirée, ses performances de haut niveau et sa plus grande sophistication. Chose certaine, Audi a réussi un coup de maître car, dès sa sortie, l'Allroad s'impose comme la mesure-étalon de ce créneau en pleine expansion.
Deuxième avis : Gabriel Gélinas
Oubliez les véhicules utilitaires sport de luxe et autres quatre-quatre qui n'ont rien d'utilitaire et rien de sportif : la solution, c'est la Audi Allroad, qui représente un bien meilleur choix à tous les points de vue. Comme il s'agit d'une voiture, son comportement dynamique est celui d'une berline de luxe et elle n'est pas handicapée par le centre de gravité élevé ou l'excédent de poids d'un utilitaire sport. Comme il s'agit d'une Audi, le look est sobre et la qualité de la finition intérieure est inégalée dans l'industrie. Ce n'est pas la plus performante des familiales de luxe (voir la Audi S6), mais c'est certainement la plus polyvalente avec sa garde au sol ajustable qui permet la circulation sur des sentiers impraticables pour bien d'autres voitures. Parmi les bémols, on relèvera le délai de réaction du turbo lors de l'accélération initiale et le prix élevé. Malgré cela, la Audi Allroad est mon premier choix dans cette catégorie.