Acura RL
Ne fait pas le poids !
Benoit Charette
Avec la BMW Série 5 et la Mercedes-Benz Classe E qui dominent ce segment en inscrivant des ventes annuelles qui dépassent les 2 000 exemplaires au Canada, Acura est loin, très loin derrière avec ses 157 modèles vendus. Est-ce l’absence d’un V8, la conduite trop aseptisée, le manque d’inspiration du design ou, encore, cette impression de conduire une grosse Honda Accord. Une chose est certaine, il manque à cette voiture un brin de folie de prestige que les gens d’Acura ont décidé de mettre dans la TL. Un vaisseau amiral se doit d’être un modèle dans son genre pour trouver une clientèle, et cette caractéristique n’est pas au rendez-vous du côté de la RL.
Carrosserie
Ici, on semble faire face à une crise d’identité. On veut conserver la clientèle conservatrice de la marque mais en démontrant une allure d’avant-garde. Acura ajoute donc ici et là des touches de chrome pour ensuite y greffer cette drôle de grille futuriste au sourire maladroit qui se confond à une silhouette pleine de retenue. Le résultat est pour le moins étrange. C’est un peu comme habiller un politicien conservateur en chanteur de hip-hop, ça détonne.
Habitacle
Au moment de prendre place à bord, la première impression est excellente. Les sièges sont fermes, mais offrent un maintien sans reproche. La sellerie de cuir de belle qualité est complétée par des sièges chauffants et climatisés. La seule fausse note revient aux plastiques de qualité moyenne qui entourent la console centrale; ils font plutôt bon marché dans une voiture de ce prix. L’espace pour les passagers à l’avant et à l’arrière est généreux, et le silence de roulement vous donnera envie de faire de longues randonnées. Le système de navigation est à la hauteur, mais au final, l’atmosphère générale n’a pas le prestige et le chic des Audi, Mercedes et BMW.
Mécanique
De nombreuses personnes ont décrié l’absence d’un moteur V8 au fils des ans. Il faut, au contraire, applaudir Honda qui a toujours été fidèle à ses principes de ne pas commercialiser de V8. Et ce n’est pas là le véritable problème. Les 300 chevaux du moteur V6 de 3,7 litres suffisent à la tâche. Il faut également saluer la belle efficacité du système intégral SH-AWD qui contrôle électroniquement la distribution de la puissance à chaque roue et fait en sorte que la voiture, malgré son format, soit aussi facile à conduire qu’une sportive, particulièrement quand on met la gomme. La boîte de vitesses automatique à 5 rapports est efficace, mais traîne un peu de la patte face à la concurrence qui en offre 6, 7 et, même, 8.
Comportement
La RL se conduit sans effort et semble beaucoup plus petite derrière le volant qu’elle ne l’est en réalité. Son braquage compact en fait un véritable passe-partout. La suspension est parfaitement calibrée et offrant la fermeté voulue pour attaquer la route sans jamais être désagréable pour les occupants. Ajoutez à cela un moteur V-TEC qui chante merveilleusement bien à haut régime et des leviers de sélection au volant que vous utiliserez plus souvent qu’à votre tour, et vous avez une grande berline qui vous fera oublier son format. Il ne faut pas oublier le système de transmission intégrale SH-AWD qui donne tout son aplomb à la RL. Au final, la conduite est précise et amusante si vous avez envie d’explorer les limites d’adhérence où très silencieuse si vous voulez rouler dans une berline de luxe.
Conclusion
L’équilibre entre la conduite sportive et le confort est toujours difficile à trouver dans une voiture de prestige. L’Acura RL a très bien réussi à ce chapitre car elle est à la fois très proactive dans sa conduite, sans sacrifier le confort et le bien-être des passagers. Mais la concurrence est très féroce, plus expérimentée et possède ce que les Japonais n’ont pas encore obtenu en presque 20 ans, le prestige de la marque. Acura doit maintenant répondre à la question suivante : Comment concevoir un vaisseau amiral qui a aussi bonne mine que sa conduite ?
Forces
Suspension et transmission intégrale
Habitacle confortable et bien conçu
Tenue de route sans faille
Faiblesses
Lignes peu inspirées
Conception intérieure en retrait par rapport aux berlines allemandes
Requiert un brin d’audace pour se démarquer de la TL