Un VUS qui s’assume
Par Philippe Laguë
Introduit en 1987, le 4Runner fait figure de vétéran aux côtés des innombrables VUS qui sont apparus ces dernières années. Mais il est toujours dans le coup, car il a été revu de A à Z l’an dernier : nouvelle carrosserie, nouveaux moteurs, dimensions en hausse… Le seul élément qui ne change pas, c’est l’approche : Toyota a conservé le côté « camion » du 4Runner, qui joue la carte de la polyvalence et de la robustesse. En voilà un qui n’a pas peur de s’assumer : camion il était, camion il restera.
Carrosserie
Les formes sculptées du 4Runner ainsi que son allure macho plairont aux amateurs de VUS. Qu’on aime ou pas, force est d’admettre qu’on a fait preuve d’originalité avec les passages de roues aux formes carrées. Les versions SR5, avec leurs bas de caisse noirs, ressemblent à de gros jouets Tonka. Plus long et plus large que le modèle précédent, il repose sur un châssis de camionnette. Ceux qui préfèrent une conduite s’apparentant à celle d’une automobile n’auront qu’à se tourner vers le Highlander, du même constructeur.
Habitacle
Par le passé, Toyota nous a habitués à des habitacles ternes, mais ternes… À bord du 4Runner, on constate toutefois une nette amélioration. L’effort est louable et le résultat, flatteur : le tableau de bord est complet en plus d’être agréable à l’œil, tout comme les mollettes de climatisation, aussi originales que fonctionnelles. Et tout ça respire la qualité – ce qui n’étonne guère, du reste, d’un véhicule de marque Toyota. Dans ce genre de véhicule, l’habitabilité est rarement un problème. Le 4Runner n’a jamais été aussi volumineux, et l’espace à bord est directement proportionnel. À l’avant comme à l’arrière, les sièges sont confortables, mais on souhaiterait un meilleur soutien latéral. Si l’équipement de série des versions Limited est fort bien garni, on ne peut en dire autant des versions SR5, qui ne sont pas munies de sièges chauffants. De plus, ils sont à commande manuelle. À plus de 40 000 $ l’exemplaire, voilà qui est difficile à avaler.
Mécanique
Sur le plan technique, la réputation des constructeurs japonais n’est plus à faire, et le 4Runner de quatrième génération ne fait pas exception. Si le V6 brille par sa souplesse, le V8 rehausse la barre d’un cran, tellement il est onctueux. Curieusement, le V6 de 4 litres est le plus puissant des deux moteurs avec 245 chevaux, contre 235 pour le V8 de 4,7 litres. Celui-ci a cependant plus de couple. De plus, il est jumelé à une nouvelle boîte automatique à 5 rapports, alors que celle du V6 n’en compte que 4. Ces deux boîtes accomplissent cependant un boulot irréprochable dans la plus pure tradition Toyota. Ces deux moteurs disposent également d’un système d’entraînement à 4 roues motrices qui leur est propre. La transmission intégrale est partielle avec le V6 et permanente avec le V8. Un match comparatif disputé dans des conditions hivernales nous a par ailleurs permis de constater l’efficacité du système antipatinage.
Comportement
Au chapitre du freinage, le 4Runner se classe parmi les meilleurs de sa catégorie. Habitué à la douceur de roulement proverbiale des Toyota, j’ai cependant été surpris par la fermeté excessive des trains roulants de la version SR5. Chaussé différemment, le V8 Limited que j’ai conduit par la suite s’est montré plus confortable. Une direction floue et surassistée handicape cependant le 4Runner, peu importe la version. Ajoutez à cela un roulis prononcé en virages, une sensibilité marquée aux vents latéraux et le débattement exacerbé des amortisseurs. Pour l’agrément de conduite, on repassera, d’autant plus que le 4Runner n’a jamais été aussi lourd.
Conclusion
Le 4Runner a les défauts de ses qualités. Répétons-le : c'est un camion, avec tout ce que cela implique. Il est robuste, puissant et polyvalent, mais son agrément de conduite est pour ainsi dire inexistant. Bref, il faut aimer. Ce n’est pas mon cas, et le 4Runner, malgré d’indéniables qualités, n’a rien pour me réconcilier avec les VUS.
Forces
Design original Habitacle vaste Construction solide Excellent duo de moteurs Freinage puissant Fiabilité des produits Toyota
Faiblesses
Lacunes d’équipement (SR5) Suspension trop ferme Direction floue Agrément de conduite inexistant Poids en hausse Nombreuses options qui font gonfler les prix
Nouveautés
Aucun changement majeur
Benoit Charette 2e opinion
Ceux qui désirent un véhicule utilitaire souple, aux bonnes manières et proche de la conduite d’une berline, doivent regarder du côté du Highlander. Avec le 4Runner, Toyota a pris le pari qu’il y a encore un bon nombre d’amateurs de véritables camions dans ce monde pour rendre profitable la place sur le marché de ce macho-mobile. Ce n’est pas que le monde de l’automobile ait encore besoin d’un utilitaire, mais à Rome, il faut faire comme les Romains, et le marché américain semble avoir un appétit sans borne pour ces monstres énergivores. Le V8 est la plus agréable des deux mécaniques. D’un silence impérial en vitesse de croisière, il laisse entendre un léger rugissement quand on écrase l’accélérateur. La boîte de vitesses automatique est transparente, la nouvelle structure hydroformée est beaucoup plus rigide qu’auparavant, et la colonie de criquets qui avaient élu domicile dans l’ancienne génération a disparu.