La petite séduction
Par : Daniel Rufiange
Les ambitions de Suzuki n'ont rien de modestes. Le plan quinquennal, amorcé l'an dernier, vise à tripler les ventes en Amérique du Nord pour atteindre le quart de million. Bien que adapté au marché cible, les États-Unis, je me demande franchement si c'est avec des produits comme le XL7 que le constructeur parviendra à ses fins. Si la SX4 est un pas dans la bonne direction, le XL7 me laisse plus perplexe.
Carrosserie
Pour appâter la clientèle visée, Suzuki a muni son utilitaire de lignes moins discrètes que celles de l'ancienne génération. C'est réussi car on distingue plus facilement le XL7 sur la route. Ça, c'est quand on en croise un… Autrement, il ne s'agit que d'un vulgaire VUS, un autre, et qui n'est, en réalité, qu'un clone allongée du Chevrolet Equinox. Il se distingue néanmoins par le design de ses phares avant qui pointent vers le sol. On aime où on n'aime pas, mais c'est au moins différent. Cependant, il n'aurait pas fallu s'arrêter là. Pour séduire au bal, on ne revêt pas le même complet que ses principaux concurrents. Drôle de stratégie. Ce véhicule à sept places de Suzuki se décline en deux versions : la plus modeste, JX, et la JLX, où le luxe accompagne la facture.
Habitacle
On monte facilement à bord du XL7, tant à l'avant qu'à l'arrière. La position de conduite se trouve d'instinct, et les sièges se montrent très fermes, peut-être même un peu trop sur la version cuir. Le design intérieur plaît à l'œil, qu'il s'agisse des cadrans de la planche de bord ou de la console centrale. Cependant, la qualité des matériaux utilisés est plus que douteuse. Au toucher, on réalise qu'on a fait du magasinage bon marché. À l'arrière, une très bonne note pour l'espace offert. Les plus grands ne s'y sentiront pas coincés. Cela se fait cependant au détriment de la troisième banquette qui, comme c'est le cas dans la plupart des pseudo-véhicules à sept places, n'est là que pour l'apparence; on y accède difficilement et, une fois assis, nos genoux côtoient notre visage. À ranger dans le placard.
Mécanique
Sous le capot, le XL7 profite d'un V6 de 3,6 litres qui développe 252 chevaux. Ce moteur laisse paraître un côté grognon, mais une faible qualité d'insonorisation de l'habitacle alimente cette impression. Le 0 à 100 km/h s'annule en 8 secondes, mais c'est surtout jusqu'à 80 km/h qu'on sent les chevaux travailler. Offert en variante à deux ou à quatre roues motrices, le XL7 a troqué son côté utilitaire pour une douceur de roulement, gracieuseté d'une structure monocoque adoptée lors de la refonte de 2007. Le système de transmission intégrale agit efficacement sans l'intervention du conducteur, et la boîte de vitesses automatique à rapports est offerte avec un mode manuel, complètement inutile sur ce genre de véhicule.
Comportement
Sur la route, le XL7 a tout pour plaire aux Américains mais peut-être un peu moins aux amateurs de conduite. Le confort obtenu l'est au détriment de sensations de conduite intéressantes. Si la suspension absorbe bien les cahots, elle réagit trop mollement en virage, et les manœuvres brusques dévoilent un roulis peu appréciable. Le désagrément est similaire au freinage où l'effet de plongée, combiné à la spongiosité de la pédale de freins, ne fait pas belle impression. Ça séduit encore les Américains ?
Conclusion
Il y a beaucoup trop d'utilitaires qui se ressemblent sur le marché. Pour se démarquer, il faut proposer quelque chose de différent comme Honda le fait avec l'Element, Jeep avec le Wrangler, et Nissan avec son Xterra, par exemple. Malheureusement, Suzuki est tombée dans le panneau en offrant un gros véhicule qui siphonnera les stations d'essence et le portefeuille de son propriétaire. Si vous avez besoin d'espace, d'autres options s'offrent à vous, comme une familiale, par exemple. La mode est cependant aux utilitaires, et le XL7, malgré quelques qualités intéressantes, ne fait pas partie des solutions à l'échelle planétaire.
Deuxième avis : Benoit Charette
Le XL7 n'est rien d'autre qu'un Chevrolet Equinox allongé. Même si Suzuki ajoute un module de gestion électronique et une boîte de vitesses maison au moteur GM, il y a encore trop de chromosomes de Chevrolet pour en faire un véhicule Suzuki. Est-ce que Suzuki n'avait pas les fonds nécessaires pour développer elle-même ce modèle ? C'est possible. Je regrette simplement que la conduite ne soit pas plus inspirante. J'ai vraiment l'impression de conduire un véhicule américain, et ce n'est pas ce que je recherche quand je me procure un véhicule japonais. Suzuki développe de meilleurs produits quand elle se donne la peine de le faire elle-même. Le XL7 est un autre clone que GM vend simplement ailleurs que dans sa famille immédiate.