Un parfum de Fiero
Par : Philippe Laguë
La dernière fois que GM a essayé de lancer une petite sportive abordable, c'était la Fiero, en 1984, avec les résultats qu'on sait. Deux décennies plus tard, GM remet cela avec le tandem Pontiac Solstice-Saturn Sky. Cette fois, c'est la Mazda MX-5 qui est ciblée.
Carrosserie
Cette carrosserie fait vendre. Dieu qu'elles sont belles ! Certains préfèrent la Solstice et ses lignes plus agressives; d'autres, la Sky, plus classique. Une chose est sûre : les deux roadsters de GM ont une sacrée gueule. Une version coupé, avec un toit rétractable (du type Targa), fera son arrivée au cours de l'année. Les premières photos de cette nouvelle version laissent voir des lignes aussi séduisantes que celles du roadster.
Habitacle
À l'intérieur de la Solstice, le meilleur côtoie le pire. Commençons par les fleurs : de très beaux et bons sièges, confortables, offrant un bon maintien latéral et un bon soutien lombaire, et recouverts d'un cuir de bonne facture. Le hic, c'est qu'ils sont plantés au beau milieu d'un environnement où abondent les affreux plastiques durs si chers à ce constructeur. En matière d'ergonomie, c'est la même chose : du bon et du mauvais. En s'installant, on remarque tout de suite l'excellente position de conduite. De plus, les commandes sont simples et d'accès facile. Toutefois, il n'y a pas de rangement. Ou si peu. Pas même de vide-poches dans les portières. Puis, il y a la mollette de réglage du dossier, logée sur le côté gauche du siège et impossible à atteindre quand la porte est fermée. Vous devez donc faire vos réglages… la porte ouverte… Et puis il y a l'insonorisation, vraiment pas terrible non plus. Quant au coffre, n'en parlons pas : avec le toit abaissé, il n'y en a plus ! Si vous voulez partir en week-end avec votre conjoint(e), ça pose problème : vous ne pouvez même pas trimballer un sac de voyage… à moins de laisser le toit fermé. Et pour couronner le tout, le toit n'est pas une sinécure à installer. C'est encore pire avec le coupé : aucun espace n'a été prévu dans la voiture pour loger le toit rétractable. Pas fort, mes amis, pas fort !
Mécanique
La motorisation de base déçoit. Pas très souple, ni très véloce, en plus d'être bruyant, le 4-cylindres Ecotec – c'est son nom – est nettement plus à sa place dans une berline à vocation populaire comme la Cobalt. Là où la Solstice et sa jumelle se rattrapent, c'est quand elles proposent une motorisation plus puissante, ce qui fait toujours défaut à leur rivale japonaise. La cylindrée est moindre (2 litres contre 2,4), mais l'ajout d'un turbocompresseur fait toute la différence, la puissance passant de 173 à 260 chevaux. Dommage que la sonorité nous laisse sur notre faim : à bas régime, cela évoque une machine à coudre. Mais c'est déjà mieux que la sonorité agricole de la version atmosphérique. Un levier de vitesses bien placé, court, précis et agréable à manier contribue à rehausser l'agrément de conduite. S'il y a avait un sixième rapport, comme c'est le cas de la Mazda, ce serait encore mieux, surtout avec la plus puissante des deux motorisations. Une boîte de vitesses automatique, elle aussi à 5 rapports, est également offerte.
Comportement
Enfiler les virages serrés est un pur plaisir avec la Solstice : très agile, elle tient la route comme une championne, bien servie par une excellente répartition des masses et une absence totale de roulis. Aussi prompt que puissant, le freinage mérite lui aussi des compliments, tout comme la direction, précise et bien dosée. Et le confort ? Ma foi, il est tout à fait acceptable, étonnant même.
Conclusion
La Solstice semble prendre un malin plaisir à retirer d'une main ce qu'elle donne de l'autre : elle a d'indéniables qualités, tant esthétiques que routières, mais aussi de gros défauts qui viennent diminuer, annihiler même, ces mêmes qualités. Comme dans le cas de la défunte Fiero, la beauté n'excuse pas tout. Les rapports de fiabilité indiquent par ailleurs que la Solstice souffre, là aussi, de la comparaison avec sa rivale japonaise.
Deuxième avis : Frédéric Masse
Avouons-le, la Solstice réveille en nous les instincts qui nous poussent à rouler trop vite. L'intérêt pour cette dernière repose d'abord et avant tout sur sa gueule d'enfer. Elle est beaucoup plus masculine qu'une Mazda MX-5, qui demeure la référence dans la catégorie, et aussi un peu moins chère. C'est son avantage concurrentiel. Pour le reste, la Solstice, malgré son allure athlétique et ses roues de 18 pouces massives, n'offre pas le même équilibre que la petite Mazda, ni non plus une aussi bonne ergonomie. De plus, son coffre lilliputien ne vous permettra pas d'y mettre une grosse valise, même une moyenne, peut-être une petite finalement. Mais, comme il faut rendre à César ce qui lui revient, la Solstice est agréable à conduire, encore plus dans son explosive version GXP, offre pas mal d'espace pour les grands conducteurs et propose un roadster à l'état pur : plaisir sans le côté pratique…