De Camry à Corvette en 5 secondes
Par : Pascal Boissé
En important d'Australie sa nouvelle Pontiac G8, le géant américain vise à revamper l'image de sa division de performance. De l'aveu même des dirigeants de GM, l'image de marque de Pontiac avait beaucoup souffert ces dernières années d'une séquence de produits insipides dont les prestations étaient très éloignées de la tradition sportive de ce constructeur. À titre de berline sportive, la G8 2009 vient à la rescousse en prenant la place de la Grand Prix dans la gamme de Pontiac. Bon débarras ! Personne ne regrettera la Grand Prix qui n'offrait rien de mémorable sauf, peut-être, un tableau de bord qu'on évitait de regarder avec trop d'insistance de peur d'en faire des cauchemars. Il était vraiment difficile de faire pire, et un virage à 180 degrés était requis. D'où l'entrée en scène de cette Holden Commodore rebadgée, construite par la division australienne de GM, mais qui est également vendue en Europe sous la bannière Vauxhall et en Amérique du Sud ainsi qu'au Moyen-Orient comme modèle Chevrolet. Il s'agit d'ailleurs d'une grande berline dont les caractéristiques sportives sont très compatibles avec le positionnement de la marque Pontiac. Contrairement à sa devancière, la Grand Prix, qui était totalement surclassée par ses rivales, la Pontiac G8 a été positionnée pour faire face à des rivales sérieuses comme la Dodge Charger ou la Nissan Maxima, deux berlines sportives dont la clientèle est majoritairement masculine. Et la G8 possède des arguments à la hauteur de ses prétentions en plus d'être offerte à un prix en deçà de celui de ses rivales.
Carrosserie
Pontiac n'aura pas eu beaucoup à faire pour transformer la Commodore afin de l'adapter au marché nord-américain. Outre le volant, désormais du bon côté de la route, et des retouches au calibrage de la suspension, seul le capot et la calandre ont subi des retouches pour effacer l'identité Holden et la remplacer par les traits caractéristiques des produits Pontiac, un peu plus outranciers. En plus de la calandre double avec son nid d'abeille caractéristique, de fausses prises d'air ont été ajoutées sur le capot. Mais, peu importe la marque qu'elle porte, cette pure propulsion affiche des proportions justes ainsi qu'une grâce naturelle qu'aucune traction n'arrivera jamais à égaler. La G8 est d'une rare élégance avec ses roues repoussées aux quatre coins du châssis et serties dans des passages de roues très affirmés. En plus de raviver l'héri-tage des " voies élargies ", un trait typique des produits Pontiac qui remonte à l'époque glorieuse de " Bunkie " Knudsen, cela annonce déjà le comportement dynamique de la G8 par une posture de fauve qui attend de bondir. Visiblement, cette voiture a été dessinée par des stylistes vivant aux antipodes des lourdauds du Michigan qui, trop souvent, ont confondu vulgarité et sportivité. On regrettera cependant que Pontiac n'ait pas voulu importer au Canada la version familiale de la Commodore, tout aussi séduisante que la berline. À plus long terme, on peut également s'interroger quant à la résistance à la corrosion d'un produit conçu et fabriqué sous des latitudes où nos conditions climatiques extrêmes sont totalement inconnues.
Habitacle
La finition intérieure nous surprend par sa qualité dans la bonne moyenne de ce que les Japonais ou les Européens pro-posent. On est à des années-lumière de l'igno-ble Grand Prix et de ses plastiques décadents. Les places arrière offrent beaucoup de dégagement, et le confort général est de classe mondiale. Certains seront déroutés par des commandes placées à des endroits inhabituels dans notre hémisphère, mais ce n'est pas très gênant à la longue. Ainsi, les commandes des vitres électriques sont placées au centre, et l'inclinaison du dossier des sièges se fait manuellement à l'aide d'une molette. Seule la portion centrale de la console déçoit un peu car, pour le reste, les matériaux sont d'excellente qualité. En option sur la version GT, on peut commander des sièges avec surpiqûre rouge qui accentue le caractère sportif.
Mécanique
La majorité des acheteurs de la G8 opteront pour le moteur LY7 de 3,6 litres à double arbre à cames en tête qu'on retrouve désormais dans bon nombre de produits GM. Il s'agit d'un moteur efficace, et ses 256 chevaux sont amplement suffisants pour garantir le caractère sportif de la G8. L'insonorisation serait, par contre, à parfaire puisque la sonorité de ce V6 manque ici de raffinement. Tout comme la version GT, dotée d'un V8 Vortec L76 de 6 litres, le V6 ne devient bruyant qu'au voisinage des 3000 tr/min, et quand on le sollicite pour de fortes accélérations. Le reste du temps, les deux moteurs savent se faire oublier. Afin de modérer sa consommation, le gros V8 à tiges et culbuteurs (un proche cousin du moteur de la Corvette) dispose d'un système à cylindrée variable qui coupe l'alimentation de quatre cylindres sur huit à vitesse de croisière. Bien que son grondement soit enivrant, et que ses accélérations soient plus vives, ce moteur n'ajoute pas grand-chose à la voiture en conduite normale sur la route. Pour les amateurs de performances plus extrêmes, une version GXP arrivera au cours de l'année et sera munie d'un puissant V8 LS3 de 6,2 litres développant 402 chevaux qu'on pourra, en option, jumeler à une boîte de vitesses manuelle Tremec à 6 rapports. Notons que, en Australie, on ne s'arrête pas là : chez eux, on peut se procurer une Commodore HSV W427 équipée, comme son nom l'indique, du LS7 de 427 pouces cubes (7 litres) de la Corvette Z06. Produite en série limitée, cette Holden, qui se veut une rivale de la BMWM5, se vend près de 150 000 $ et affiche des caractéristiques techniques astronomiques : plus de 500 chevaux et un couple de 472 livres-pied !
Comportement
La suspension ferme de la G8 impressionne tant par son aplomb en conduite sportive que par son confort et sa souplesse sur mauvais revêtement. En sortie de virage, la voiture s'appuie sur ses roues arrière afin d'accélérer comme une authentique sportive, mais elle sait également se comporter tout en douceur comme une bonne berline tranquille. Sur la route, la G8 sait passer de Camry à Corvette en quelques secondes, selon le désir de son conducteur. Il faudra cependant voir, en conditions hivernales, si le système d'antipatinage StabiliTrak saura assurer une conduite sûre, ce qui est toujours une incertitude avec une propulsion.
Conclusion
Reste maintenant &agrav