Hors route en famille
Par : Benoit Charrette
Le Commander est le véhicule familiale que Jeep construit pour les familles qui trouvent le Grand Cherokee trop petit. Son lancement sur le marché est arrivé au début de la remise en question des gros utilitaires sur nos routes. La crise du pétrole n'a rien amélioré à cette situation. Actuellement, sa vie tient qu'à un fil, plutôt mince. Les concessionnaires accordent des rabais plus que généreux pour réussir à se départir de leur inventaire. Est-ce que quelqu'un pourrait suggérer aux gens de Chrysler de mettre un moteur diesel dans ce réfrigérateur roulant ?
Carrosserie
À première vue, difficile de croire que le Commander conserve l'empattement du Grand Cherokee et qu'il s'allonge d'à peine 3,5 centimètres, tant son gabarit en impose. Dans les faits, il prend surtout de la hauteur avec près de 9 centimètres supplémentaires, tandis que sa carrosserie, taillée à la hache, son pare-brise presque vertical, ses élargisseurs d'aile avec vis apparentes… lui confèrent un style vieux Jeep de l'ancien Cherokee. Le format rappelle aussi le célèbre Wagonner (de 1963 à 1991) qui n'a jamais remporté un prix de beauté. En résumé, d'un point de vue purement esthétique, ce n'est pas la mer à boire, mais il y a tout de même un certain charme rétro qui opère.
Habitacle
Tout le monde à l'intérieur peut profiter d'une excellente visibilité en raison d'une assise théâtrale où chacune des trois rangées de sièges est légèrement plus élevée que la précédente. La configuration est un 5 + 2, la troisième rangée de sièges tenant plutôt un rôle de figuration. Il faut tout de même admettre que le Commander est plus accueillant que le Grand Cherokee. Les matériaux sont de qualité, l'insonorisation, travaillée, et l'ergonomie, sans reproche. Par ailleurs, quand le besoin d'un volume de chargement plus important se fait sentir, les deux dernières rangées se rabattent, laissant ainsi la place à un plancher pratiquement plat. L'équipement offert est directement proportionnel à la version choisie
Mécanique
Pour ce qui est des mécaniques proposées, Jeep a puisé dans la boîte à outils du fabricant. Le petit V6 de 3,7 litres de 210 chevaux est complété par deux V8, un 4,7-litres de 305 chevaux et l'incontournable HEMI de 5,7 litres qui passe de 330 à 357 chevaux cette année. Le moteur HEMI est doté d'un système de désactivation des cylindres qui permet au Commander de fonctionner uniquement sur une rangée de cylindres à vitesse de croisière. Jeep estime que les économies de carburant peuvent atteindre 20 %. Dans la réalité, cela ressemble beaucoup plus à 7 ou 8 %. Évidemment, qui dit Jeep pense capacités de franchissement. Le Commander ne déroge pas à la règle, reprenant du Grand Cherokee à la fois les trains roulants, la suspension ainsi que les trois systèmes de transmission intégrale per-manente : Quadra-Trac I, Quadra-Trac II et Quadra-Drive II; cette dernière, couplée au différentiel électronique ELSD (Electronic Limited Slip Differential) sur la version HEMI, en fait un véritable tout-terrain. Avec une consommation moyenne qui va de 16 à 21 litres aux 100 kilomètres pour les V8 et un V6 un brin anémique, on se demande pourquoi le diesel qu'on retrouve dans le Grand Cherokee n'a pas migré dans le Commander.
Comportement
Le moteur HEMI est surprenant et déborde de couple et de puissance. Malgré son centre de gravité élevé, le Commander tient remarquablement bien la route. Tradition oblige, le Commander se transforme en véritable franchisseur. Le système Quadra-Drive II permet un engagement électronique de couple décalé pour l'essieu avant aussi bien que l'essieu arrière. Et pratiquement 100 % du couple peut être rapidement réparti sur l'une des quatre roues par l'entremise des différentiels électroniques à glissement limité avant et arrière. Un système qui a déjà fait ses preuves sur le Grand Cherokee. Vous garderez le sourire au volant même avec de la boue plein les roues. Sur la route, la direction est précise, et la cabine est beaucoup plus silencieuse que le Grand Cherokee.
Conclusion
Vous connaissez le vieux proverbe anglais : " Timing is everything ". Dans le cas du nouveau Commander, Jeep a pondu un excellent véhicule. Je pense simplement que le moment est bien mal choisi.
Deuxième avis : Frédéric Masse
Avec ses airs de guerrier et son confort de roulement au-dessus de la moyenne, je me serais attendu à ce que le Commander accapare une plus grande part de marché. Ce véhicule a toutefois deux prises contre lui. D'abord il est laid à s'en confesser et de plus son moteur HEMI est plus assoiffé qu'un bébé naissant. Ces deux défauts effacent toutes les qualités que vous pouvez lui trouver. Il est vrai qu'il mérite certainement un meilleur sort, mais dans le monde automobile c'est la loi de la jungle. Si vous n'avez pas tous les atouts de votre côté, vous n'avez rien. Le Commander n'est pas mort, mais croyez-moi, c'est pour bientôt.