La Buick coréenne
Par : Philippe Laguë
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, la XG 350 n'est pas la plus chère des Hyundai. Ce constructeur coréen propose également les Dynasty et Equus, mais ces limousines sont réservées au seul marché domestique. De son côté, la XG a reçu le feu vert pour l'exportation, il y a deux ans, avec le mandat de hausser d'un cran l'image de marque de Hyundai. On ne lui demande donc pas de battre des records de ventes. Jusqu'ici, la plus cossue et la plus puissante berline coréenne vendue en Amérique s'acquitte relativement bien de sa tâche. Lentement, mais sûrement…
Carrosserie
Celle qui trône au sommet de la gamme Hyundai est affublée de l'étiquette peu flatteuse de "char de mononcle". Et alors ? Qu'est-ce qu'il y a de mal à ça, voulez-vous bien me dire ? S'il y a un marché pour les grosses berlines américaines comme la Taurus, l'Impala, l'Intrepid ou les Buick LeSabre et Regal, les constructeurs asiatiques seraient bien fous de ne pas tenter leur chance dans ce créneau ! Comme ses rivales – à l'exception de la Taurus -, la XG 350 n'est disponible qu'en une seule configuration, soit une berline à quatre portes. Mais à l'opposé de celles-ci, il n'est pas nécessaire de passer à travers le catalogue des options pour avoir une version "toute équipée". Il n'y a qu'une version, et aucune option. Pas de niaisage.
Mécanique
Lors de son introduction, il y a deux ans, la berline XG manquait cruellement de "oumph". Elle s'appelait alors XG 300, les chiffres désignant la cylindrée de son V6 (3 litres). Maintenant rebaptisée XG 350, quelle est cylindrée de son V6 ? Ceux qui ont répondu 3,5 litres sont vraiment forts. Chapeau. Blague à part, ce V6 constitue la pièce-maîtresse de cette berline. Non seulement ne souffre-t-il d'aucun complexe vis-à-vis la concurrence américaine ou japonaise, mais il pourrait même servir d'exemple à bon nombre de constructeurs. Ses forces ? Sa souplesse et sa discrétion, mais surtout son couple, présent à tous les régimes. Dire que, hier encore, la XG était sous-motorisée. C'est fou ce qu'une petite augmentation de cylindrée, conjuguée à un couple maximal obtenu à un régime plus bas, peuvent donner comme résultat ! Comprenons-nous bien : les accélérations ne nous enfoncent pas dans le siège, mais elles sont franches, tout comme les reprises. Quant à la boîte automatique, elle gère tout cela avec doigté. Idem si on l'utilise en mode manuel (Shiftronic).
Comportement
Si vous êtes du genre à pratiquer le talon-pointe tout en cherchant la trajectoire parfaite dans chaque virage, cessez immédiatement la lecture de ce compte-rendu et allez plutôt feuilleter du côté de la Honda S2000, de la Porsche Boxster ou que sais-je encore. Chose certaine, la XG 350 n'est pas pour vous. En revanche, ceux et celles qui sont à la recherche d'une berline spacieuse, confortable et silencieuse sont à la bonne adresse. On se croirait à bord d'une Buick, si ce n'est que la direction est plus ferme et communique davantage. Mais la souplesse de la suspension évoque les grosses américaines. La douceur de roulement et l'insonorisation se situent un cran plus haut, au niveau des berlines japonaises. Soulignons au passage la contribution des Michelin MXV4 qui chaussaient notre véhicule d'essai.
Habitacle
Les Hyundai ont fait d'énormes progrès au chapitre de la qualité d'assemblage, mais il leur en manque encore un peu en matière de finition. La présentation intérieure et la qualité des matériaux ne sont pas à la hauteur des prétentions de la XG 350, qui se veut une berline de luxe. En revanche, l'habitacle est l'un des plus spacieux de sa catégorie, en plus de proposer un confort exemplaire. Quant à l'équipement de série, il n'est rien de moins que pléthorique : il comprend notamment la sellerie cuir, le toit ouvrant électrique, les sièges à réglages électriques avec mémoire, la climatisation automatique et j'en passe. Tout cela pour quelques milliers de dollars de moins que des rivales américaines ou japonaises aussi bien équipées.
Conclusion
En lançant une berline dont le prix de détail se situait légèrement au-dessus de la barre des 30 000 $, Hyundai risquait gros. Après tout, ce constructeur coréen avait bâti sa réputation avec la philosophie "beau, bon, pas cher". Mais des modèles comme la sportive Tiburon, l'utilitaire sport Santa Fe et la berline XG 350 prouvent le sérieux de la démarche de ce constructeur, pris de plus en plus au sérieux.
Deuxième avis
Modèle porte-étendard de la flotte, la XG350 veut démontrer ce que Hyundai peut faire en matière de voiture de luxe mais sans perdre de vue son objectif premier : la qualité à bon prix. Pour quelqu'un qui veut se faire plaisir et flatter son ego dans le sens du poil sans avoir à dépenser les 40 000 $ et plus généralement nécessaires pour accéder aux voitures de luxe, la XG350 offre les mêmes qualités pour plusieurs milliers de dollars en moins. C'est vrai, la XG350 n'a pas le raffinement d'une Jaguar ou le rouage intégral d'une Audi, mais pour le prix d'une Honda Accord V6 ou d'une Camry V6, elle en offre beaucoup plus.