Heavy metal japonais
Par Philippe Laguë
NOTE : L'auteur de ces lignes aimerait vous prévenir que le texte qui suit, éminemment subjectif, risque d'être truffé de superlatifs. Que voulez-vous, tout bon passionné d'automobile qui se respecte a un penchant – que je qualifierais de naturel – pour les sportives. Or, il est difficile, pour ce type d'individu, de ne pas tomber sous le charme dévastateur de ce roadster aux yeux bridés, qui déclenche les passions les plus extrêmes. Avec la S2000, c'est le coup de foudre ou la haine viscérale; entre les deux, rien. Et c'est très bien ainsi.
Carrosserie
Moteur avant, roues motrices arrière, toit rétractable, silhouette à faire craquer, aucun des ingrédients de base d'un roadster n'a été oublié. Pour la première fois depuis son introduction, il y a quatre ans, la S2000 a droit à des retouches esthétiques (mineures) à l'avant et à l'arrière, ainsi qu'à l'intérieur.
Habitacle
Évidemment, le côté pratique n'est pas le point fort d'une sportive, encore moins d'un roadster. Parmi les principales lacunes de la S2000, citons l'absence d'une boîte à gants et des espaces de rangement mal situés. Et n'oublions pas la chaîne stéréo, affligée d'une piètre qualité sonore et pas suffisamment puissante pour couvrir le bruit du moteur. Malgré ces irritants, l'habitacle a ses charmes. Le tableau de bord fera tripper les fanas de F1, avec son instrumentation qui ressemble à celle qu'on voit dans le cockpit de ces bolides et son bouton de démarrage situé à gauche du volant. Si la capote est repliée, il faut cependant faire avec les reflets du soleil, qui ne font pas bon ménage avec l'instrumentation numérique. La position de conduite pourrait difficilement être meilleure, tout comme la disposition des commandes. Le pédalier en aluminium perforé et de superbes baquets contribuent également à l'ambiance « compétition » qui règne à bord. De plus, ces sièges m'ont agréablement surpris lors de mes nombreuses – et interminables – randonnées. Il faut cependant voyager léger, en raison de la petitesse du coffre et de ses formes tarabiscotées.
Mécanique
La pièce maîtresse de la S2000, qui la distingue du reste du peloton, c'est son moteur. Alors que la concurrence joue la carte du 6-cylindres ou du turbocompresseur, l'insolente petite nippone débarque avec son 4-cylindres atmosphérique, dont la cylindrée vient d'être portée à 2,2 litres, soit une augmentation de 0,2 litre par rapport à l'an dernier. La puissance demeure la même (240 chevaux), mais on nous promet une répartition plus linéaire de la puissance et du couple, qui, incidemment, a été augmenté.
Comportement
Réputés pour leur discrétion, les Orientaux construisent des voitures à leur image, et la S2000 est l'exception qui confirme la règle. Il n'y a rien de zen dans le comportement de ce fauve, croyez-moi. Le bruit, on l'a dit, mais également les performances, le freinage et la tenue de route, rien de moins qu'athlétiques. Ce petit roadster nippon possède des aptitudes de sprinter, comme en fait foi un chrono de 6,8 secondes pour l'exercice du 0 à 100 km/h, mais il tire aussi fort bien son épingle du jeu dans des épreuves de longue haleine, avec une vitesse de pointe de 240 km/h. Et agile avec cela : plus le tracé est sinueux, plus la Honda s'amuse. Celui ou celle qui la conduit également, et pas qu'un peu. Une direction aussi précise, aussi incisive et aussi rapide, combinée à la rigidité exceptionnelle du châssis ainsi qu'à un aplomb hors du commun en virage, on ne voit pas ça tous les jours. Et que dire de la boîte manuelle, dont le levier brille autant, lui aussi, par sa précision que par sa course ultracourte. La dernière fois où j'ai expérimenté quelque chose de semblable, c'est au volant d'une monoplace de formule 1600, lors d'un cours de pilotage. Coïncidence ou non, la Honda S2000 est sans l'ombre d'un doute ce qui s'en rapproche le plus.
Conclusion
Moto à 4 roues, formule 1 carrossée… Tout a été dit sur la S2000 depuis son lancement. Et tout cela est vrai. Si l'on pense automatiquement à l'Allemagne ou à l'Italie quand il est question de sportives de haut niveau, il faut désormais inclure le Japon dans le lot, car le roadster de Honda a tout ce qu'il faut pour combler plus d'un puriste.
Forces
Un confort étonnant L’ambiance à l'intérieur Une superbe boîte manuelle L’augmentation du couple Une sportive « pure et dure »
Faiblesses
Une chaîne stéréo médiocre L’usage limité Un coffre aux formes tarabiscotées
Nouveautés
Une augmentation de la cylindrée et du couple Des retouches esthétiques à l'avant, à l'arrière et à l'intérieur
Benoit Charette 2e opinion
Beaucoup de gens qui atteignent la cinquantaine se paient une petite folie. De la bouteille de champagne au voyage dans les pays exotiques en passant par un bijou et quoi encore. Pour célébrer ses 50 ans (en 2002), Honda s’est offert rien de moins qu’une voiture qui est un véritable brin de folie. Cette petite décapotable n’est ni pratique, ni rationnelle et pas très confortable, elle est axée sur une seule chose, le plaisir. Véritable séance de défoulement sur roues, il faut conduire cette voiture une heure ou deux à la fois et la remiser au garage en attendant la prochaine séance. Peu de voitures procurent des sensations aussi fortes à haut régime. Le moteur hurle de joie jusqu’à 9000 tr/min, et la boîte de vitesses manuelle est une pure merveille.