La boîte originale
Par Michel Crépault
L’Element n’a plus le monopole du cubisme sur roues. Kia a introduit son Soul, Nissan a eu le culot d’appeler le sien le Cube, et, d’ici quelques mois, Toyota proposera officiellement aux Canadiens le Scion xB, un autre grille-pain mobile. Alors, le véhicule Honda a-t-il encore ce qu’il faut pour se maintenir à la hauteur de cette concurrence jeune et arrogante ?
Carrosserie
Une comparaison des dimensions s’impose. Elle nous apprend que l’Element est le plus volumineux et le plus lourd du quatuor. Seule le Scion l’emporte au chapitre de l’empattement (par 2,5 centimètres).
Au Canada, l’Elément se décline en versions LX, EX et SC. Seule la livrée médiane reçoit la transmission intégrale, tandis que la SC propose une allure et une tenue de route relativement plus sportives.
Côté visuel, justement, tout dépend comment vous aimez votre brique. L’Element a, dès le départ, misé sur une gueule sans artifices. Le Scion explore également ce filon, tandis que les Nissan et Kia ont donné dans un design cartoonesque. À côté, l’Element a l’air de Rambo.
Les portières arrière de l’Element sont les seules à s’ouvrir dans le sens inverse. Ce sont, en réalité, des demi-portes suicide dont la poignée s’attrape dans le cadre de la porte. Le hayon est composé de deux sections horizontales. Si vous n’avez qu’une babiole à piger à l’arrière, l’ouverture du haut suffira. Si vous voulez remplir la soute, la section inférieure devient une plateforme utile, tout en compliquant l’accès au fond.
Habitacle
L’Element a été conçu pour être un mulet, que ce soit pour transporter des jardinières ou une planche de surf. Le revêtement des sièges ressemble à une housse qu’on pourrait enlever et laver. La banquette arrière offre un bon dégagement, mais son confort est spartiate en raison de sa vraie nature de strapontin. Ces deux places, en effet, ne demandent qu’à s’ôter du chemin si vous réclamez de l’espace… mais il y a un prix à payer.
L’objectif consiste à soulever chaque siège contre la paroi latérale et de les fixer là à l’aide d’un mousqueton qu’on agrippe au plafond. Il faut d’abord aplatir le dossier, ce qui se fait rapidement. Note : les sièges forment alors deux lits que plusieurs campeurs m’ont dit avoir appréciés. Par contre, pour rabattre le siège contre le mur, vous devez vous agenouiller dans la soute et forcer des deux bras. C’est loin d’être jojo !
Le levier de vitesses, planté dans la partie inférieure du tableau de bord, libère du coup l’espace entre les deux baquets pour le frein à main et une console centrale, bien sûr, conçue pour le rangement, comme d’ailleurs plusieurs recoins de l’habitacle.
Le SC remplace les planchers d’uréthane très résistants et très lavables par de vrais tapis et, quant à moi, ça contredit la vocation naturelle de l’Element.
Mécanique
En étendant la comparaison sous le capot, on s’aperçoit que les quatre blocs font appel à un 4 cylindres et que celui de l’Element est le plus musclé. Il le faut bien, me direz-vous, pour bouger ces kilos supplémentaires.
Les Canadiens doivent se contenter de la boîte de vitesses automatique à 5 rapports, alors que les Américains peuvent cocher une manuelle. L’ABS et l’antipatinage sont au menu et même la transmission intégrale dans le cas de l’EX.
Comportement
Le Honda est le plus puissant sur papier mais, sur la route, il est le plus poussif. En version à quatre roues motrices, il n’arrive même pas à descendre sous les 10 secondes au 0 à 100 km/h. C’est un percheron, fiable et pas nerveux. La silhouette lutte continuellement contre le vent mais, au moins, la robuste construction monocoque absorbe les bruits parasites.
Si vous y tenez, la version SC adopte une suspension raffermie et abaissée de 18 millimètres, de même que des roues de 18 pouces (au lieu de 16), mais ne transforme pas pour autant l’Element en voiture alerte. Le gros volant se prend en main comme celui d’un autobus. L’impression est nette : nous sommes au volant d’un utilitaire, alors que les rivales prennent la vie moins sérieusement.
Conclusion
L’Element est une Jeep asiatique. Son intérieur truffé de vide-poches est aussi amusant qu’un uniforme militaire obligatoire. Il est encore original, il rend d’indéniables services, et Honda ne le donne pas.
Forces
Planchers caoutchoutés pour la rude besogne
Design qui a bien vieilli et construction robuste
Faiblesses
Banquette pas vraiment conçue pour trois passagers
Capacité de remorquage limitée à 1500 livres
Lent comme une vieille tortue
Nouveautés en 2010
Un nouveau nez qui reprend celui du Pilot, un réfrigérateur monté à bord comme celui du Ford Flex et un ensemble pour toutou comprenant notamment un lit, un bol d’eau encastré, une ventilation arrière et, même, une rampe à l’intention de Fido trop vieux pour sauter dans la soute !