Entre deux chaises
Par Benoit Charrette
C'est finalement les Américains qui ont droit au Durango hybride. De ce côté-ci de la frontière, il faut aller dans la famille Chrysler avec l'Aspen pour profiter de ce nouvel hybride bimode. Donc pas de changement majeur pour le Durango en 2009. La gamme se simplifie avec deux modèles, SLT et SLT plus et deux moteurs V8. Plusieurs intervenants me disent que ce camion est difficile à vendre en raison de son format que les amateurs de petits utilitaires trouvent trop gros, et que les amateurs de grands utilitaires trouvent trop petit. Il faut aussi mentionner les cotes de consommation qui causent de sérieux maux de tête.
Carrosserie
Depuis 2004, les lignes se sont un peu affinées par rapport à la première génération qui assumait pleinement ses gènes de camions. Il n'y a pas de doute, la calandre est toujours aussi voyante. Les gens de Dodge vous diront que la clientèle cible de tous leurs produits sont des hommes, et les hommes ne font pas dans la dentelle, donc pas de demi-mesure.
Habitacle
Si je devais décrire rapidement l'intérieur du Durango, je dirais qu'il est un peu plus petit que ses concurrents, comme le Ford Expedition ou le Chevrolet Tahoe, mais que son aménagement est mieux pensé que celui de Chevrolet, ce qui compense ce léger manque d'espace. Pour ce qui est de la qualité des matériaux, on serait en mesure de s'attendre à un peu mieux dans un véhicule de ce prix. Les plastiques font plutôt bon marché. Il y a de l'espace pour sept personnes, mais il est plus réaliste de parler de cinq personnes avec bagages; la troisième banquette permet d'accueillir deux adultes, mais le voyage ne doit pas être trop long. Enfin, au chapitre des petits changements pour cette année, la chaîne audio Alpine de 276 watts à huit haut-parleurs est offerte sans supplément, tout comme le volant garni de cuir.
Mécanique
Dodge étend sa technologie de désactivation des cylindres à la majorité de sa gamme de produits offrant des moteurs V8. Ainsi le moteur HEMI de 5,7 litres, en plus d'offrir une puissance accrue (376 chevaux et 401 livres-pied), offre, selon les chiffres de Dodge, une économie de carburant supplémentaire de 4 % grâce au système de désactivation des cylindres qui permet de fonctionner sur quatre cylindres à vitesse de croisière sur la route. La version de base est toujours offerte avec le V8 de 4,7 litres de 303 chevaux, et les deux moteurs sont soutenus par une boîte de vitesses automatique à 5 rapports.
Comportement
Certains véhicules vous surprennent agréablement à l'occasion; c'est le cas du Durango, qui est très confortable, chose surprenante pour un véhicule monté sur un châssis à longerons. La direction est étonnante de légèreté et offre un lien surprenant avec la route, pour un véhicule de cette taille. Vous n'êtes tout de même pas au volant d'une voiture sport, et le centre de gravité élevé vous rattrape assez vite si vous augmentez le rythme. L'essieu rigide arrière se montre coopératif dans la majorité des situations; quand la chaussée se dégrade, vous ressentirez encore quelques sautillements. Si vous avez à choisir un moteur, allez-y pour le gros HEMI. Il a le double avantage d'offrir toute la puissance nécessaire pour traîner cette grosse carcasse et près de 9 000 livres derrière; de plus, grâce à son système de désactivation des cylindres, la consommation de carburant est pratiquement la même que celle du 4,7-litres, moins puissant et dont la capacité de remorquage est inférieure de 1000 kilos.
Conclusion
Avec le marché en pleine crise qui sévit en ce moment, le Durango fait partie des véhicules qui sont le plus durement touchés. Malgré ses qualités routières, sa capacité de remorquage importante et son espace généreux, la facture en carburant découragera beaucoup d'acheteurs qui préfèrent se tourner vers des utilitaires plus petits. Si cette situation perdure, ces utilitaires issus d'une époque plus faste seront victimes de l'évolution du marché.
Deuxième avis : Daniel Rufiange
Le succès aura été éphémère pour le Durango. Son format qualifié d’intermédiaire à ses débuts s’adressait à ceux qui ne voulaient pas d’un gros camion. Dodge avait réussi à lui donné grande capacité de remorquage, qui n’a fait que s’accroître au fil des générations du modèle, en faisant de lui un vrai utilitaire au sens le plus pure du terme, avec toutes les qualités et défauts que cela comporte. Douce ironie, ce camion est aujourd’hui laissé à lui-même. La clientèle recherche maintenant quelque chose de beaucoup plus sobre. Les Américains tentent se sauver les meubles en offrant une version hybride, qui se retrouve ici dans son clone, l’Aspen chez Chrysler. À mon avis c’est trop peu, trop tard.