Une berline qu’on M !
Hugues Gonnot
En 1955, Chrysler lançait son coupé 300 qui embarquait un V8 hemi de 331 pouces cubes développant 300 chevaux, d’où son nom. La voiture a obtenu un succès instantané, et c’est pourquoi Chrysler a préféré l’appeler la 300B, plutôt que de changer le nom, quand la puissance est passée à 340 chevaux en 1956. C’est la naissance des « Letter Series » qui s’achèvera en 1965 avec la 300 L. Alors, quand Chrysler a voulu ressortir l’un de ses plus prestigieux noms, le M s’est imposé. Apparemment, il leur a porté chance, car la 300M est la première tentative réussie de Chrysler dans le segment.
Carrosserie
Le concept de design de « cabine avancée » a permis de créer des lignes tendues et agressives. La 300M semble bien posée sur ses roues (surtout la Special chaussée de pneus de 18 pouces) et possède une personnalité unique. La 300M Special se distingue par des bas de caisse noirs, des jantes de 17 pouces (ou 18 sans frais) et des insignes spécifiques. Le coffre est profond et bien découpé, mais son ouverture n’est pas tout à fait suffisamment large pour laisser passer des objets volumineux. Par contre, la banquette rabattable est un vrai plus dans la catégorie.
Habitacle
Le gros point fort de la voiture : merci la « cabine avancée ». Si la place à l’avant est déjà généreuse, c’est carrément impressionnant à l’arrière. Les sièges sont confortables, et la position de conduite, agréable. Comme les lignes extérieures, la planche de bord est spécifique à la 300M, et c’est une réussite. Les grands cadrans à fond blanc et le lettrage rétro qu’on retrouve également sur la montre, donnent un cachet et assure une bonne lisibilité. L’ergonomie générale est excellente, les espaces de rangement à l’avant sont grands et en nombre (deux pochettes seulement à l’arrière, par contre), l’insonorisation est réussie et la climatisation se révèle efficace. Seuls quelques plastiques pas toujours des plus réussis (on les entend vibrer) viennent gâcher un tableau par ailleurs excellent. La finition est cependant correcte même si elle n’atteint pas les standards de certaines concurrentes.L’équipement de base de la 300M est dans la bonne norme. Par contre, celui de la Special est excellent et justifie une bonne partie du supplément de 3500 $ qu’on exige (roues en aluminium chromées, centrale d’information avec moniteur de pression des pneus, suspensions sport, chaîne audio à 9 haut-parleurs et changeur de 6 CD).
Mécanique
Point de V8 hemi sous ce capot (c’est pour la prochaine génération). Cependant, le V6 s’acquitte fort bien de sa tâche. Souple, il donne à la voiture de bonnes performances sans pour autant la transformer en véritable sportive. Longtemps décriée, la boîte de vitesses automatique avec commande séquentielle Autostick de notre voiture d’essai s’est révélée très agréable et s’est bien comportée en toutes circonstances. Certes, un cinquième rapport serait le bienvenu pour exploiter au mieux le moteur, qui ne demande que cela. La bonne nouvelle est une consommation moyenne de 11 litres aux 100 kilomètres à la fin d’un essai comprenant un combiné ville et autoroute. Un freinage à la hauteur et une direction correctement calibrée, pas trop lourde en manœuvre et informative sur la route, complètent le tableau.
Comportement
Le mythe de l’américaine mollassonne commence sérieusement à prendre du plomb dans l’aile. La 300M est très stable sur l’autoroute (quoique les roues de 18 pouces n’apprécient pas certains types d’irrégularités) et se montre assez vivante sur des routes plus sinueuses. De plus, le confort des passagers reste préservé.
Conclusion
Pour sa dernière année, la 300M ne semble pas avoir pris trop de rides. Ses prestations générales et son équipement la placent bien face à ses concurrentes, d’autant plus que le prix est aussi dans la bonne fourchette. Elle possède ce petit « je ne sais quoi » qui fait qu’on l’M.
Forces
Son espace intérieur Son design réussi Son compromis entre le confort et la tenue de route
Faiblesses
Une finition encore en retrait Pas de boîte de vitesses à 5 rapports
Nouveautés 2004
De nouvelles couleurs
Amyot Bachand 2e opinion
La 300M a deux personnalités distinctes : celle d’une berline sportive et celle d’une berline intermédiaire de luxe. Chaussée de roues de 18 pouces sur lesquelles on a monté des pneus Michelin Pilot Sport unidirectionnels à taille basse, la 300M Special possède une excellente tenue de route. Ce n’est que sur routes bosselées que l’arrière tend à sortir légèrement, mais il se replace rapidement. Ce choix de pneumatiques entraîne un effet de tangage sur routes cabossées et encavées, effet un peu déconcertant. Mais à tout moment, la 300M se fait rassurante; elle possède également des freins dignes des meilleures berlines allemandes. Si vous préférez le confort, optez alors pour la 300M avec ses roues de 17 pouces et ses Michelin à quatre saisons. Là, vous retrouverez le confort et l’assurance tranquille de la berline américaine. À vous de choisir…