La troisième voie ?
Philippe Laguë
Daewoo, ça vous dit quelque chose? Introduite sur le marché canadien à l’automne 2000, cette marque mit abruptement fin à son séjour trois ans plus tard, en raison d’une faillite retentissante. Elle a depuis été rachetée par GM, qui commercialise ces voitures coréennes sous les bannières Chevrolet et Suzuki, en vertu d’un partenariat avec ce manufacturier japonais. Tout ça pour dire que la nouvelle Epica n’a de Chevrolet que le nom. En bonne coréenne, elle représente une troisième voie pour les acheteurs qui se méfient des voitures américaines, mais trouvent les japonaises trop chères.
Carrosserie
Dessinée dans les célèbres studios d’Ital Design du non moins célèbre Giugiaro, la première Leganza que nous avons connue était plutôt réussie sur le plan esthétique. On ne peut en dire autant de sa remplaçante qui, sans être laide, manque singulièrement d’éclat. Comme quoi l’inspiration peut faire défaut aux stylistes les plus renommés.
Habitacle
Le contenu est à la hauteur de l’emballage, c’est-à-dire fade, à commencer par le tableau de bord, constitué de trois cadrans encastrés dans un panneau noir mat. Le similibois de la console centrale ne paie guère plus de mine. En bon français, ça fait plutôt cheap, tout ça… Le chapeau fait également à la chaîne audio, dont le rendement s’avère très ordinaire. Mais tout n’est pas négatif, tant s’en faut : l’ergonomie mérite une bonne note, tout comme l’habitabilité et l’insonorisation, sans conteste les points forts de l’habitacle. Le confort n’est pas à dédaigner non plus, avec des sièges baquets honnêtes à l’avant et une banquette arrière inclinable, munie d’un appuie-bras bien pratique avec son coffret de rangement et son porte-verres. Mais le principal attrait de l’Epica réside dans son équipement de série, très garni pour une voiture de ce prix. On vous épargne la liste, mais mentionnons la climatisation et le régulateur de vitesse, en plus des nombreuses commodités électriques (lève-glaces, miroirs, sièges, verrouillage central…).
Mécanique
Sur papier, l’avantage de cette Chevrolet coréenne, c’est d’offrir une motorisation à six cylindres. À prix comparable, les autres berlines de cette catégorie n’offrent que des quatre cylindres. Le hic, c’est que ceux-ci sont aussi puissants, sinon plus, que le six cylindres en ligne de l’Epica. Son manque de couple est criant : les accélérations sont correctes sans plus, et les reprises, laborieuses. Peu importe le régime, ce moteur manque de souffle. Il n’est guère aidé, il est vrai, par une boîte automatique lente. Dans notre véhicule d’essai, elle donnait des coups qui n’avaient rien de rassurant. Tout cela est un peu dommage, car ce moteur n’a pas que des mauvais côtés. Il est souple et, surtout, très silencieux (sauf en accélération). Les freins ont aussi droit à des reproches: la pédale manque de fermeté, sa course est longue et si le freinage est le moindrement brusque, l’avant de la voiture s’écrase. Au moins, l’ABS n’intervient pas à tout propos, et les distances de freinage se situent dans la moyenne. Terminons sur une bonne note avec la suspension, qui absorbe bien les trous et les bosses de notre merveilleux réseau routier, tout en proposant une grande douceur de roulement.
Comportement
Si vous aimez la conduite sportive, regardez ailleurs. Les pneus bon marché atteignent rapidement leur limite d’adhérence et le grand débattement des amortisseurs occasionne des mouvements de caisse tels roulis et tangage. Même pour un chroniqueur aguerri, il faut une bonne dose de courage et/ou de témérité pour prendre une courbe à haute vitesse avec un tel bateau. Ajoutez à cela une direction lente et imprécise et le portrait est complet. L’Epica est cependant une routière très confortable. À vous d’y aller selon vos priorités.
Conclusion
La troisième voie, l’Epica ? L’auteur de ces lignes n’en est pas convaincu. À prix égal, les berlines japonaises proposent une mécanique plus raffinée et une qualité de construction nettement supérieure. De plus, leur fiabilité est reconnue et elles conservent mieux leur valeur de revente.
Forces
• Habitabilité • Insonorisation • Équipement de série • Douceur de roulement • Prix concurrentiel
Faiblesses
• Présentation intérieure fade • Finition bon marché • Moteur faiblard • Boîte automatique déficiente • Comportement décevant • Direction lente et imprécise
Nouveautés en 2005
•Sacs gonflables à détecteur d’occupation côté passager, pare-brise chauffant
2e opinion Amyot Bachand
• Chevrolet se veut une marque populaire. Pour affronter les coréennes nettement bien équipées à des prix populaires, GM a choisi de tirer de sa division Daewoo une berline au style contemporain qui viendra concurrencer les Magentis et les Sonata sur leur propre terrain. Douce, équipée d’un bon six cylindres en ligne, l’Epica fait mieux que la première, mais moins bien que la seconde. GM gagne son pari en matière d’équipement offert à un prix concurrentiel. Au chapitre de la mécanique, c’est correct, mais juste. La tenue de route ne renversera personne. En regardant le prix et en le comparant à la nouvelle Malibu, digne de son héritage cette fois, je ferais le choix de celle-ci. Mais le tape-à-l’oeil plait encore beaucoup.