Le siècle change à toute allure…
Louis-Sébastien Laflamme
Il y a maintenant neuf ans que Buick nous sert une Century similaire aux lignes classiques et discrètes. Fiable et confortable, elle peut satisfaire une clientèle d’expérience. Sa soeur, la Regal, n’aura jamais porté le millésime 2005. La faible production prend fin en octobre 2004 pour faire place à la très attendue Buick Allure. Avec le retrait d’Oldsmobile et l’arrivée de plusieurs nouveaux modèles plus dynamiques, il semble que le Général Moteur se mette au garde-à-vous.
Carrosserie
Les lignes américaines de la Century vieillissent bien, malgré leur design lointain. Plusieurs apprécient son côté chic et fluide. Quelques attentions comme les gros rétroviseurs, les phares de direction et le coffre volumineux en séduiront plus d’un. Elle peut aussi se vanter d’avoir un diamètre de braquage identique à la Volkswagen Passat, pourtant plus courte de 24 centimètres. Cette année, des roues de 16 pouces chromées en option améliorent la tenue de route et font meilleure figure que les petites roues de 15 pouces rappelant des beignes au chocolat.
Habitacle
En montant à bord, un sentiment de déjà vu et de faux luxe peut faire grincer des dents. Une fois assis, le confort et la bonne visibilité prédominent. On oublie alors les petits irritants tels que la finition bon marché, la minuscule poigne du volant, l’absence d’ordinateur de bord, le reflet du tableau de bord dans le pare-brise et le fil pendouillant des lampes de lecture. Les occupants des places arrière se trouvent à l’aise, même si on recule les sièges avant au maximum. La climatisation à deux zones de série et la chaîne audio au son variable selon la vitesse rendent les voyages plus agréables. Les espaces de rangement s’avèrent plutôt rares, malgré la présence de deux consoles pratiques. La banquette arrière rabattable 55/45 offre la possibilité de transporter de longs objets minces. La troisième place à l’avant est dangereuse et déconseillée.
Mécanique
La seule mécanique offerte est formée d’un bon vieux couple, proche de la retraite, qui entretient une écurie de 175 chevaux. Il s’agit du vétéran V6 3,1 litres à injection séquentielle marié à la légendaire transmission automatique surmultipliée. Le groupe motopropulseur ancestral durera longtemps sans problème majeur. La traction assistée et l’indicateur de faible pression des pneus s’ajoutent à l’ABS optionnel, puisque ces technologies utilisent les mêmes capteurs. Quatre freins à disque ralentissement efficacement les 1516 kilos de la voiture. Comme dans plusieurs autres, une boîte noire enregistre certains paramètres en cas d’accident. Bien que cet équipement soit contesté, cela permet de rendre les véhicules qui seront construits par la suite plus sécuritaires.
Comportement
Les pneus d’origine se montrent bruyants. C’est décevant, car les bruits éoliens sont faibles et ceux du moteur presque imperceptibles. Les reprises sont dans la bonne moyenne de la catégorie. La direction est précise, mais elle ne transmet pas vraiment l’état de la route. Un sous-virage typique est présent en courbe serrée. Histoire de vous ramener à l’ordre, les pneus de marque General crieront plus fort que souhaité. L’épaisseur impressionnante de caoutchouc (14,35 centimètres) des roues de 15 pouces jumelée à une suspension indépendante calibrée mollement donne l’impression de rouler sur un nuage. On ne ressent pas le passage sur des joints de dilatation, mais la voiture se met à rebondir comme un lutteur sumo qui fait du bungee. Avec une musique apaisante, cette berceuse peut provoquer le sommeil. Il faut se souvenir que les promesses de la Century sont d’offrir douceur et confort, ce qu’elle accomplit avec brio.
Conclusion
Sans aubaines sérieuses, il faudra des mordus du conservatisme, des chauffeurs de taxi ou des locateurs pour signer en bas du contrat. Malgré des qualités routières indéniables, il est temps d’ouvrir le chemin au modernisme. Le Géant Mondial se redresse, lui qui avait l’habitude d’étirer l’élastique jusqu’à ce qu’il cède.
Forces
• Confort et douceur de roulement • Mécanique éprouvée • Économie
Faiblesses
• Mécanique âgée • Intérieur centenaire • Fin de carrière
Nouveautés en 2005
• Le groupe Special Edition
2e opinion Benoit Charette
• Si nous avions à définir un moyen de transport qui puisse plaire à la fois à la famille, aux entreprises de location de voitures et aux flottes commerciales et qui offre en plus une liste d’équipement exhaustive tout en se vendant à un prix réaliste, vous auriez une description sommaire de la Buick Century. Il va de soi que, pour tenter de plaire à tout le monde, il faut faire une foule de compromis et qu’on obtient un résultat final plutôt fade. Cette voiture construite à Oshawa, en Ontario, demeure tout de même la plus vendue des Buick. Mais il faudra faire vite si vous en voulez une : le modèle 2005 sera le dernier sur nos routes, la Buick Allure prenant la relève cette année.