Bof…
Par Philippe Laguë
Après avoir résisté longtemps – notamment en proposant un choix tout à fait valable avec sa familiale hybride XC70 –, Volvo a finalement succombé, l’an dernier, à un virus qui fait rage dans l’industrie automobile. La plupart des constructeurs sont en effet porteurs du VUS (pour véhicule utilitaire sport), et la maladie se répand à un rythme alarmant. Les symptômes sont les suivants : dimensions imposantes, moteurs gloutons, pollution accrue, tenue de route délicate et prix astronomiques. Vous voilà prévenu.
Carrosserie
Qu’on aime ou qu’on n'aime pas, rendons à César ce qui appartient à César : le XC90 est l’un des plus beaux VUS sur le marché, sinon le plus beau. Premier VUS de l’histoire de la firme suédoise, il reprend la plateforme et les organes mécaniques de la berline S80. Comme cette dernière, il est reconnaissable au premier coup d’œil en raison de ses formes sculptées, qui n’altèrent en rien ses lignes très fluides. Bravo !
Habitacle
Dans la catégorie des VUS de luxe, le XC90 est l’un des plus agréables à vivre en raison de son habitacle cossu et richement équipé. Grâce à une excellente insonorisation, il règne une ambiance feutrée, propice à la détente. La finition est soignée, la qualité des matériaux ne fait aucun doute et la décoration est sobre mais pas terne pour autant. Les concepteurs de l’habitacle ont mis de côté les frivolités et se sont concentrés sur l’essentiel, comme en témoignent certaines astuces d’aménagement et une ergonomie exemplaire. Quant à la chaîne audio, elle devrait ravir les oreilles des plus exigeants en la matière. La seule lacune – le mot est un peu fort – vient des sièges, qui offrent un bon soutien lombaire mais peu de soutien latéral. Mais quel confort, mes amis ! On dira ce qu’on voudra, les sièges de Volvo, c’est dur à battre.
Mécanique
C’est là que les choses se gâtent… Première anomalie : la moins puissante des deux motorisations offertes, qui consiste en un 5-cylindres de 2,5 litres suralimenté par un turbocompresseur à basse pression, offre des performances presque semblables à celles du 6-cylindres de 2,9 litres, pourtant gavé par deux turbos ! Le premier concède pourtant 60 chevaux au deuxième (208 contre 268); idem pour le couple. Mystère… En fait, pas tant que ça : le 5-cylindres possède une plus grande plage d’utilisation, assurant ainsi un couple plus linéaire et surtout moins paresseux à bas régime. Le 6-cylindres a beau être un poil plus souple et plus silencieux, l’investissement n’en vaut pas la peine. Autre bizarrerie, la motorisation du modèle de base est jumelée à une boîte automatique plus sophistiquée que celle de la version haut de gamme (T6), qui se veut aussi plus sportive. « Bizarre autant qu’étrange », comme diraient Dupont et Dupond…
Comportement
À ce chapitre, on ne peut espérer de miracles avec un VUS, à moins de s’appeler Porsche ou BMW. Mais le XC90 s’en tire plutôt bien, car il repose sur un châssis d’auto. Sa direction à assistance variable travaille bien et elle montre une fermeté aussi appréciée qu’inhabituelle pour une Volvo. De plus, il freine avec autorité et il est bardé d’accessoires de sécurité active qui sécuriseront ceux qui craignent les réactions de ce type de véhicule. La boîte séquentielle Geartronic assure des passages très fluides, mais sa lenteur ne la prédispose guère à une conduite plus sportive. Et n’essayez pas de vous transformer en aventurier, car le XC90 est un authentique VUS de salon, plus à l’aise sur l’autoroute et dans les rues des quartiers chics.
Conclusion
Le XC90 ne souffre pas de la comparaison avec les autres VUS de luxe de cette catégorie, mais il n’offre rien de plus qu’eux, si ce n’est une panoplie de dispositifs de sécurité qui donneront encore plus l’impression aux conducteurs, à tort, qu’ils sont indestructibles. Quant à la version T6, elle fait pâle figure face aux BMW X5 et Porsche Cayenne.
Forces
Design inspiré Habitacle cossu et bien conçu Excellente insonorisation Sièges confortables Motorisation de base très compétente Chaîne audio impressionnante
Faiblesses
Boîte Geartronic inutile Consommation élevée Capacités hors route limitées Version T6 décevante Fiabilité des Volvo qui tient du mythe
Nouveautés
Aucun changement majeur
Éric Descarries 2e opinion
Volvo connaît un succès inespéré avec son utilitaire sport XC90. Voilà un véhicule que j’ai bien aimé conduire malgré le fait que j’avais de la difficulté à le considérer comme un utilitaire. Pour moi, il s’agit plutôt d’une familiale très élaborée. Évidemment, je m’y sentais en sécurité vu les efforts déployés par son constructeur pour rendre le véhicule si sûr. Curieusement, j’aurais de la difficulté à choisir entre le moteur à 6 cylindres avec la boîte de vitesses automatique à 4 rapports ou le 5-cylindres avec la boîte à 5 rapports. Il me semble que la dernière version est plus sportive, plus agréable à conduire.