Camouflage à l’américaine
Benoit Charette
Concevoir un véhicule à partie d’une feuille blanche coûte entre 1,5 et 2,5 milliards de dollars. Transformer un modèle existant a coûté à Volkswagen 100 millions de dollars. Comme le facteur prix est très important dans cette catégorie, la seconde approche a été privilégiée. Vous obtenez donc une Chrysler Town & Country revue et corrigée par les ingénieurs allemands. Peut-on réellement appeler ce produit une Volkswagen, suivez le guide.
Carrosserie
La Routan est construite sur un châssis Chrysler, dans une usine Chrysler, par des gens qui assemblent des produits Chrysler. Le toit et les portes proviennent directement de la Town & Country, les autres panneaux, les optiques et la calandre sont exclusives à Volkswagen. Mais entre vous et moi, il est difficile de camoufler des traits aussi typiques même avec un bon maquillage, et le travail ne convaincra personne. Ailleurs, Volks a apporté un peu plus de rigidité à la suspension et ajouté quelques notes allemandes à l’habitacle. Mais dans l’ensemble, même si Volks admet avoir déboursé 100 millions de dollars pour transformer la Town & Country en Routan, il vous faudra beaucoup d’imagination pour trouver où est allé cet argent.
Habitacle
Imaginez un instant que vous prenez un Américain pour le vêtir du costume traditionnel de l’Octoberfest. J’exagère un peu, mais c’est bien ce que Volks a fait avec l’habitacle de la Town & Country. Les ingénieurs ont changé le costume pour le rendre plus attrayant, mais la base demeure la même. Les boutons et les commandes proviennent directement de Chrysler. La console centrale bas de gamme a le même aspect, le sélecteur au centre de la console est le même. Vous pouvez également obtenir, en option, le même système de divertissement DVD à deux écrans et la chaîne audio de 500 watts multimédia avec mémoire de 30 gigaoctets pour la musique. Toutefois, les systèmes Stow’n’ Go et Swivel’n’ Go ne sont pas offerts dans la Routan, Chrysler se garde l’exclusivité sur le marché. Si d’autres concurrentes viennent à offrir des systèmes semblables, Chrysler offrira à ce moment la possibilité à Volkswagen d’offrir ces caractéristiques dans ses fourgonnettes. Comme les sièges de deuxième rangée ne se replient pas dans le plancher, Volks en a profité pour augmenter le rembourrage et les rendre plus confortables que ceux de son géniteur. On peut également en dire autant des sièges avant qui offrent un meilleur maintien que ceux de Chrysler.
Mécanique
VW a aussi emprunté la mécanique de Chrysler. Le V6 de 4 litres offre 251 chevaux et la même boîte de vitesses automatique à 6 rapports. Le moins qu’on puisse dire, c’est que la sensation de conduite en tournant la clé n’a rien à voir avec les habituels produits de Volkswagen.
Comportement
Un des rares endroits où il est possible de percevoir une petite différence entre les deux modèles est sur la route. Volks utilise des ressorts de suspension, des coussinets et des amortisseurs différents qui contrôlent mieux le roulis. La conduite est donc plus ferme et mieux contrôlée que chez Chrysler qui vous donne presque le mal de mer sur les chemins tortueux. Pour le reste, il ne faut pas se faire d’illusion, vous êtes dans une fourgonnette, donc pas de surprise.
Conclusion
La Routan est donc un compromis et, comme tous les compromis, on tente de ménager la chèvre et le chou. Le véhicule n’est pas mauvais, mais je ne vois pas de raison valable de choisir une Routan en lieu et place d’une Town & Country. Il y a bien une petite différence dans la conduite, mais pas assez pour vous faire changer d’idée. On voit que Volkswagen est entrée dans ce partenariat sans grande conviction. Ce véhicule sert de prime abord à boucher un trou dans la gamme de produits, sans plus. Il s’adresse aux « endurcis » de la marque qui voudront absolument rester dans la famille Volks.
Forces
Sièges plus confortables que Chrysler
Suspension un brin plus ferme
Faiblesses
Silhouette trop proche de la Town & Country
Plastique bon marché