Ah! si elle portait un autre nom…
N a d i n e F i l i o n
«Pourquoi payer cher pour la marque quand on peut payer cher pour la voiture ? » C’est ainsi que Volkswagen fait la promotion de sa presque limousine, la Phaeton. La plupart des gens diront que quitte à verser 100 000 $, ils préfèrent se faire voir à bord d’une BMW Série 7, d’une Mercedes Classe S ou même de la cousine, l’Audi A8. Sachez cependant que la luxueuse «voiture du peuple » sait très bien se défendre contre la compétition, technologies d’avant-garde à l’appui.
Carrosserie
La Phaeton affiche des lignes extérieures classiques, discrètes, mais superbes, et ce, surtout lorsqu’elles sont enrobées du revêtement miroitant (une option). La voiture ne déparerait pas la gamme Audi – au point où l’on se demande ce qu’il a bien pu se passer dans la tête des dirigeants de Volkswagen pour qu’ils choisissent d’enrichir d’une telle berline prestigieuse la famille allemande, pourtant de facture moyenne…
Habitacle
Le luxe dans toute sa splendeur, voilà comment résumer l’intérieur de la Phaeton. Avec en plus une finition de qualité supérieure, recherchée. Les appliques de bois chaud, qui se soulèvent ingénieusement afin de dévoiler les bouches d’aération, se mêlent savamment à l’aluminium techno. Les places sont généreuses et confortables, grâce à des sièges chauffants, ventilés et… massants. Aussi, quel vaste espace pour les passagers arrière! Et du jamais vu quant aux possibilités de positionnement (18!) du siège du conducteur. Par contre, l’écran multifonction situé au centre du tableau de bord et ses commandes complexes et miniatures donnent du fil à retordre aux plus patients. Même après une semaine d’essai, l’usage n’est pas instinctif. Climatisation quatre zones, commandes audio au volant, appuie-tête à ajustement électrique, essuie-glaces sensibles à la pluie, déverrouillage automatique des portières (optionnel) à l’approche de la télécommande… Rien ne manque, sauf peut-être le système de divertissement (DVD) pour les passagers arrière et, comme dans la BMW Série 7, le réfrigérateur dissimulé dans l’appuie-bras arrière. Le coffre arrière, avec ses 600 litres, est de 20 % plus vaste que la concurrence. Son hayon s’ouvre et se referme électriquement, sans doute pour faciliter les manoeuvres de magasinage…
Mécanique
Le moteur W12 de 6,0 litres a beau produire un impressionnant 420 chevaux et un tout aussi impressionnant 406 livres-pied, il s’amène avec une boîte automatique à cinq rapports, alors que la version équipée du moteur V8 de 4,2 litres (335 chevaux et 317 livres-pied) est jumelée à une boîte automatique à six rapports. Certes, la version la plus haut de gamme offre le passage des vitesses au volant, mais elle bouffe 3 litres de plus aux 100 km. Entre vous et moi, le V8 est amplement puissant, tout doux qu’il se fait sous le capot. Pour vous convaincre, dites-vous que si le W12 réalise le 0-100 km/h en 5,9 secondes, le V8 l’effectue en à peine 6,7 secondes. «Appuyez sur le champignon» et la bagnole décolle, sans demander son reste. Les deux versions sont dotées d’une foule d’équipements de sécurité, tels que la traction intégrale 4Motion, l’antipatinage, le système de stabilité, et combien plus encore.
Comportement
Décidément, la suspension pneumatique livre toute une impression. C’est comme rouler sur un coussin d’air. Qui plus est, il est possible de l’ajuster en mode Confort ou Sport, tout comme on peut régler la garde au sol. Quoi demander de plus ? Conduite puissante et légère, départs dynamiques, tenue de route solide, des rapports qui se passent sans un heurt… Le carnet du journaliste regorge de bons mots pour la Phaeton.
Conclusion
Des critiques ? Des angles morts difficiles à vérifier, un système de navigation qui perd la carte une fois dépassée la ville de Mirabel et un changeur pour six disques compacts relégué dans le coffre à gants. Comme quoi, même à plus ou moins 100 000 $, rien n’est parfait…
Forces
•Suspension pneumatique « comme sur un nuage » •Luxe et puissance •Liste d’équipements Impressionnante
Faiblesses
•Écran multifonction peu instinctif •Le système de navigation perd la carte après Mirabel •Prix d’étiquette élevé pour un logo « du peuple » •Aucun changement majeur
2e opinion Philippe Laguë
• J’ai beau n’avoir aucune expertise en marketing, je ne m’explique pas comment des dirigeants soi-disant compétents ont pu croire que des consommateurs seraient prêts à payer plus de 100 000 $ pour une Volkswagen. Et je comprends encore moins bien la pertinence de développer une telle voiture et de la commercialiser sous cette bannière, quand on sait que la marque Audi fait partie du groupe VW. Difficile de trouver un meilleur exemple de cannibalisation de produit… À part la mégalomanie de Ferdinand Piëch, l’ex-grand patron du groupe VW qui rêvait d’une Volkswagen de grand luxe, je ne peux pas voir d’autres raisons pour la mise en marché de la Phaeton. Son échec commercial ne constitue évidemment pas une surprise, et cela est d’autant plus regrettable que cette excellente voiture aurait mérité un meilleur sort. Mauvais casting, comme on dit en télévision.