Le leader confiant
Par Michel Crépault
Depuis l’arrivée de la Prius sur le marché mondial, il y au moins deux groupes d’individus fous comme balai : les écolos et les ingénieurs de Toyota.
« La Prius est un rêve pour les ingénieurs. Son design et ses éléments mécaniques représentent le genre de défis intellectuels qu’ils affectionnent », dit Satoshi Ogiso, l’ingénieur responsable de la troisième génération de Prius et lauréat « vert » du Time Magazine.
Quant aux militants qui s’inquiètent, avec raison, des effets néfastes du réchauffement climatique, la naissance de la Prius a assurément redonné espoir.
La cuvée 2010 est-elle porteuse de meilleures nouvelles encore ?
CARROSSERIE
L’allure a conservé sa forme triangulaire, mais les designers l’ont légèrement étirée en jouant avec les montants. Je n’aurais pas détesté un peu plus d’audace, les générations se suivant et se ressemblant un peu trop à mon goût.
À force d’essais fructueux en soufflerie, la nouvelle Prius bénéficie toutefois d’un incroyable coefficient de traînée (Cx) de 0,25. On l’a érigée sur la plateforme de la Scion XB, à peine plus longue (1,5 centimètre) ou plus large (2 centimètres) que l’ancienne. Deux tailles de roues : 15 et 17 pouces. Des phares à DEL dans l’ensemble Touring.
HABITACLE
Les premières Prius illustraient leur fonctionnement interne à l’aide de schémas multicolores qui s’animaient au tableau de bord. Joli, oui, mais plutôt distrayant. Cette fois, les diagrammes en question ont été déplacés au centre, là où ont été regroupés la majorité des renseignements pertinents (en trois langues). Et encore, l’info affichée n’est que partielle. Pour les détails, le conducteur dépose le pouce sur une rondelle caoutchoutée du volant, le Touch Tracer.
Un hologramme (wow !) apparaît alors pour confirmer l’activation du bidule, et l’info défile. Encore une fois, plutôt distrayant, dangereux même quand on conduit. Deux solutions : demandez à votre passager de vous raconter ou priez Toyota d’installer un affichage à tête haute. Les Américains l’ont eu, eux.
On peut également choisir de tout éteindre…
Les premières Prius ont mis l’accent sur la technologie. Maintenant que celle-ci est mieux contrôlée, le fabricant s’attaque au confort dernier cri.
C’est ainsi que la nouvelle Prius déborde de primeurs. Il y a, par exemple, ce système de ventilation alimentée par des capteurs solaires intégrés au panneau de toit coulissant (offert en option). Le moteur électrique qui fournit la ventilation est dès lors autonome. Ce dispositif garde la température fraîche à bord même quand l’auto est stationnée sous un soleil ardent.
Si ça ne suffit pas pour jouir d’une température agréable avant de prendre la route, le conducteur peut démarrer la climatisation à distance; celle-ci, puisant son énergie directement de la batterie, ne nuit en rien à la qualité de l’air.
Il y a aussi un dispositif de stationnement automatique et un régulateur de vitesse intelligent. Et bonne nouvelle pour les golfeurs : la 2010 accepte désormais un sac de golf supplémentaire !
Je n’oublierai pas la texture du tableau de bord qui imite un feuillage ou les huit coussins de sécurité gonflables de série. À ma connaissance, seul le harem des Mille et une nuits en compte plus…
MÉCANIQUE
Un 4-cylindres de 1,8 litre constitue le cœur du système Hybrid Synergy Drive. La puissance combinée des moteurs thermique et électrique fournit se chiffre à 134 chevaux, une augmentation de 22 % par rapport à la précédente Prius; pour ce qui est du couple, on parle de 105 livres-pieds.
Le moteur se passe désormais de courroie d’entraînement, une première mondiale qui permet de réduire l’entretien et la consommation d’énergie.
Le fait de passer de 1,5 à 1,8 litre n’est-il pas contradictoire avec la philosophie qui se trouve derrière l’auto ? En réalité, en augmentant la cylindrée, on obtient un meilleur couple; le meilleur couple vient à bout de la force d’inertie avec moins de révolutions par minute; résultat, on dépense moins d’énergie.
Oui, ils ont pensé à leur affaire…
La boîte de vitesses à variation continue (CVT) est la clef qui permet au carburant et à l’électricité de cohabiter aussi bien. D’autres détails importants font leur part, comme des puces du dispositif de contrôle de l’alimentation (CPU), plus petites grâce à leur ventilation améliorée.
La Prius 2010 favorise quatre modes distincts de sorte que le conducteur puisse se bâtir une consommation de carburant « sur mesure ». Outre le programme Normal, le mode EV fait en sorte que l’auto ne fonctionne qu’à l’électricité. Bon, d’accord, tant que la vitesse n’excède pas 40 km/h, que le chemin soit lisse et aussi longtemps que la batterie coopérera…
Le mode Eco, pour sa part, améliore la consommation moyenne en restreignant, entre autres, l’utilisation des accessoires. Le mode Power, enfin, autorise des dépassements plus agressifs (on a beau être un conducteur bucolique, il est des moments où ça urge, quand vient le temps de dépasser un dix roues, par exemple).
Près de six secondes ou environ quatre secondes, voilà la différence entre un dépassement de 55 à 80 km/h effectué sur les modes Normal et Power.
La suspension n’a pas changé : jambes de force MacPherson à l’avant et poutre de torsion à l’arrière. En revanche, le freinage est maintenant entièrement à disques (au lieu des tambours à l’arrière). Il continue de récupérer l’énergie produite par sa propre action et ainsi de recharger la batterie. Et pourquoi passer à une direction assistée électriquement (au lieu d’être hydraulique) ? Avec moins d’appel au moteur, voilà une autre façon d’épargner le carburant.
COMPORTEMENT
La nouvelle Prius accuse environ 50 kilos de plus que sa devancière (moteur plus gros, plus d’équipement) mais ses performances sont meilleures, que ce soit en matière de reprises ou de consommation de carburant (moyenne de 3,8 litres aux 100 kilomètres par comparaison avec 4,1 pour l’ancienne).
Elle performe mieux en ville que sur l’autoroute car le système hybride a alors l’occasion de se faire valoir plus souvent, c’est-à-dire de couper le sifflet au moteur thermique.
La boîte de vitesses CVT est connectée à un tout petit sélecteur qui sort timidement de la console centrale. Un p’tit coup à gauche, un p’tit coup en bas et nous sommes en Drive. On peut aussi choisir B (pour Braking) afin de profiter d’un meilleur frein moteur (et toujours recharger la batterie).
La direction se veut plus communicative. Dans l’ensemble, la nouvelle Prius espère être plus amusante à conduire. Je sais, dire cela d’une Toyota, hybride de surcroît, semble plutôt incroyable. Et pourtant, c’est ce que les ingénieurs ont cherché à faire : améliorer les performances « vertes » de l’auto tout en donnant plus que jamais à l’utilisateur l’impression qu’il conduit une voiture « normale ».
Quelle est la réalité ?
Les accélérations se font sentir de manière très graduelle, merci à la CVT. Si on enfonce franchement, pour réaliser un dépassement sûr par exemple, un grognement envahi rapidement l’habitacle. En mode Eco, l’accélérateur devient plus lourd sous le pied. C’est la façon qu’a trouvé le logiciel pour nous aider à y aller mollo.
Le freinage dégage encore une impression de ouate, surtout si on procède trèèèèès doucement. Juste avant de s’immobiliser à un feu rouge, la Prius fait entendre son feulement caractéristique : elle recharge sa batterie !
La Prius se veut aussi pratico pratique : double boîte à gants, banquette divisible 60/40, espace de rangement secret sous le plancher de l’espace chargement, câble pour brancher son iPod, porte-gobelet, etc.
CONLUSION
Les concessionnaires Toyota offrent un modèle de base bien équipé et quatre versions définies par leur ensemble d’options. Et ces dernières sont nombreuses…
Toyota est convaincue que sa stratégie est meilleure que celle des autres constructeurs qui misent plutôt sur les hybrides partiels ou les moteurs diesel.
Grâce aux améliorations apportées au comportement, Toyota espère maintenant séduire d’autres gens que les écolos finis. Plus de 10 années de commentaires de la part des premiers acheteurs ont aidé le fabricant à créer une Prius susceptible de plaire à plus de monde. À ses yeux, Toyota vient de faire un pas de plus vers la voiture du futur pour tous.
Bien vilain celui qui la contredira.
FORCES
Travail de pionnier qui commence à rapporter
Voiture de moins en moins « bizarre » à conduire
FAIBLESSES
Allure générale distinctive mais trop voisine de la précédente
Côté artificiel dans la direction encore présent