Condamnée
Benoit Charette
Alors que les États-Unis ont déjà lancé la serviette en ce qui concerne le modèle 2005 de la Celica, le Canada la conservera jusqu’à l’été 2005, ensuite… mystère et boule de gomme. Certains avancent qu’il y aura une Celica 2006, d’autres qu’elle aura un successeur avec un nom différent. À ce point-ci, votre théorie est aussi valable que la mienne.
Carrosserie
Toyota, reconnue comme la plus conservatrice de toutes les compagnies automobiles, s’était joyeusement défoulée lors du renouvellement de la dernière génération en 2000. L’avant est rien de moins que sculptural et le profil, avec ses surfaces vitrées tracées comme des couteaux constitue un superbe pied de nez à toutes les voitures au toit trop élevé qui forment la nouvelle tendance. Même après cinq ans, elle ne manque pas d’attirer les regards. Si la ligne répondait de tout, les ventes se porteraient bien mieux, mais voilà, il y a plus, bien plus.
Habitacle
Superbe à l’extérieur, la Celica s’avère aussi très réussie à l’intérieur. Il faut toutefois se rappeler qu’il s’agit d’une sportive et que l’espace y est compté au millimètre. Les personnes de grande taille arriveront, non sans peine, à trouver ce qu’il faut d’espace pour se placer confortablement derrière le volant, même si la tête frôle dangereusement le plafond. Pour ce qui est des places arrière, disons simplement qu’elles se révéleront plus pratiques pour un surplus de bagages que pour des passagers. Les plastiques faisaient un peu cheap dans les premiers modèles de cette génération (1999-2000), mais depuis les améliorations apportées en 2002, l’aspect qualitatif se trouve au même niveau que le style. Le volant à trois branches est lui aussi conforme à la tradition sportive et les cadrans sur fond rouge avec un rupteur à plus de 7000 tours/minute annoncent de belles performances.
Mécanique
La Celica est offerte avec deux personnalités. D’abord, la GT bon enfant avec un moteur 1,8 litre de 140 chevaux aux bonnes manières, silencieux et, avouons-le, un peu pépère. La GT-S offre aussi un moteur quatre cylindres de 1,8 litre (ce n’est pas le même bloc), mais la puissance grimpe à 180 chevaux. Toutefois, pour aller chercher tout le potentiel de la mécanique, on ne s’étonnera pas de devoir « flirter » avec le rupteur. On n’a alors pas de trop des six vitesses (au lieu de cinq) pour exploiter au mieux cette mécanique. Ce gain en puissance entraîne en contrepartie un habitacle plus bruyant.
Comportement
Avec des lignes aussi révélatrices, Toyota n’avait d’autre choix que de donner une véritable orientation sportive à la Celica. Mission accomplie : que vous preniez le volant de la GT ou de la GT-S, les performances sont au rendezvous. La GT est plus douce, un peu moins bruyante et très agréable. Si vous voulez faire augmenter votre taux d’adrénaline, la GT-S vous comblera. Un peu à l’image de la Honda S-2000, la GT-S est équipée d’une boîte manuelle à six vitesses et va chercher sa puissance à haut régime. Le moteur, qui peut tourner jusqu’à 7600 tours/minute, offre tout son potentiel au-delà de 5000 tours/minute. Vous aurez besoin d’environ 7 secondes pour atteindre les 100 km/h et un peu plus de 10 pour attraper une contravention. Toutefois, la compétition, nommément l’Acura RSX Type S ou la Tiburon V6, fait aujourd’hui mieux à plus petit prix. Qui n’avance pas, recule et Toyota n’a plus la cote.
Conclusion
L’évolution se définit comme la transformation progressive aboutissant à la constitution d’une espèce nouvelle. Cette définition s’applique bien à plusieurs concurrents de la Celica, mais cette Toyota a plutôt pratiqué l’immobilisme durant les cinq dernières années et elle aussi sera forcée d’évoluer si elle veut rester en vie.
Forces
• Performances relevées • Superbe dessin de carrosserie • Assemblage et finition sans faille • Confort général intéressant
Faiblesses
• Peu gourmande •Les places arrière sont plus symboliques qu’utilisables •Manque de puissance à bas régime (GT-S)
Nouveautés en 2005
• Modifications des groupes d’options du modèle GT, nouvelles couleurs de carrosserie
2e opinion Hugues Gonnot
• Au fil des années, la Celica s’est bâti une réputation enviable… qu’elle ne mérite plus aujourd’hui. En dehors de ses lignes acérées et originales, la Celica manque d’arguments par rapport à la concurrence. Pour les amateurs de mécaniques poussées, le moteur de l’Acura RSX Type S possède pas mal plus de caractère (et 20 chevaux supplémentaires). Pour les autres, il faudra regarder… ailleurs (Hyundai Tiburon en tête). L’habitacle s’avère bien fini mais plutôt exigu (voir du côté de la Golf GTI ou de la Mercedes C230 Kompressor ; une proposition originale mais pas dénuée d’intérêt). À force de chercher de quelle manière positionner son produit, Toyota a perdu la main. Désolé, mais la vraie descendante de la Celica, c’est la Hyundai Tiburon !