Cartésienne
Par : Philippe Laguë
Introduite l'an dernier, la Camry de cinquième génération continue de porter le flambeau bien haut, en se maintenant parmi les voitures les plus vendues en Amérique du Nord. Comme ses devancières, elle ne révolutionne en rien l'automobile, se contentant de miser sur des aspects aussi rationnels qu'appréciés de ses propriétaires. Un credo qui se résumerait ainsi : confort, sécurité, efficacité et fiabilité. Exactement ce que cherche le type d'acheteur cartésien qui lorgne vers ce type de voiture. Avec une Camry, il est assuré de trouver chaussure à son pied.
Carrosserie
La Camry se décline en trois versions, qui peuvent recevoir des motorisations à quatre ou six cylindres. Il n'existe cependant qu'une seule configuration, la familiale ayant tiré sa révérence après la troisième génération. Quant au coupé, il porte un nom différent (Solara) et repose sur l'ancienne plate-forme. Côté style, ça ne s'améliore pas avec les années… Avec sa ceinture de caisse très (trop) haute et ses formes massives, cette berline est tout sauf jolie. Ce n'est guère mieux si on la regarde de face ou de l'arrière; on la confond avec n'importe quelle autre berline japonaise de cette catégorie. Un tel manque d'imagination au sein d'une équipe de designers est désolant, voire consternant.
Mécanique
Excellent moteur s'il en est un, le V6 de 3,0 litres n'a pas subi de changement lors du processus de refonte de la Camry et personne ne s'en plaindra. Comme ses homologues nippons, ce moteur s'accommoderait fort bien d'un peu plus de couple à bas régime, mais c'est bien là tout ce qu'on peut lui reprocher. On peut difficilement trouver un engin plus silencieux, tandis que sa souplesse est telle qu'il convient plutôt de parler d'onctuosité. Pour la nouveauté, il faut regarder du côté du quatre cylindres de 2,4 litres, offert en série sur les trois versions. Plus puissant que son prédécesseur – 157 chevaux contre 130 -, il devrait servir d'exemple aux constructeurs américains, qui ne maîtrisent toujours pas la "science" du quatre cylindres. Les éloges du V6 s'appliquent mot pour mot à ce brillant moteur. De plus, il se marie aussi bien à la boîte manuelle qu'à l'automatique, ce qui est l'exception plutôt que la règle. Une précision, toutefois : la boîte manuelle ne peut être jumelée qu'à cette motorisation. Et dans une seule version (SE). Par ailleurs, le rendement de ces transmissions n'a fait que confirmer mon verdict : voilà une exécution mécanique qui frise la perfection. Impressionnant.
Comportement
Là, ça se gâte… La direction surassistée, une maladie chronique chez Toyota, anesthésie toute sensation de la route et sa lenteur pénalise la Camry sur un parcours sinueux. De plus, la caisse est sujette au roulis dans les virages. Pas très douée pour le sport, la Camry ! Et survireuse avec ça : dès qu'on force un peu la note dans une courbe, l'arrière veut décrocher. On nous promettait une nette amélioration avec la version SE, grâce à la fermeté accrue de la suspension et de la direction; la différence est à peine perceptible… En revanche, le confort constitue le point fort de cette placide berline. Tant mieux, car c'est justement ce que recherchent les propriétaires de Camry. Comme toujours, la douceur de roulement est exceptionnelle, tout comme l'insonorisation. Bref, c'est la voiture idéale pour effectuer de longues randonnées. Ce n'est pas rien.
Habitacle
À défaut d'être belle, la Camry est plus spacieuse que jamais. Il est vrai que ses dimensions ont été accrues, mais pas autant que le regard ne le laisse croire. Elle se situe dans les mêmes eaux que ses rivales nippones (Accord, Altima et Cie), alors qu'elle paraît aussi volumineuse qu'une Chrysler Intrepid. Illusion! L'ergonomie, comme toujours, ne montre aucune faille. Tout est à la bonne place, accessible et facile à manipuler, tandis qu'on retrouve des espaces de rangement pratiques, à l'avant comme à l'arrière. Mais tout n'est pas parfait, même à bord d'une Toyota. Dans l'un de nos véhicules d'essai, quelques craquements se sont faits entendre ici et là. Par ailleurs, les sièges pourraient offrir plus de maintien, surtout les baquets à l'avant. À l'arrière, la banquette est très confortable; de plus, elle peut s'incliner, au besoin, augmentant ainsi la capacité de chargement d'un coffre déjà vaste.
Conclusion
Tout ça fait de la Camry l'une des meilleures berlines au monde, rien de moins. Certes, elle manque un peu d'éclat, à l'intérieur comme à l'extérieur, et ses petites lacunes nous rappellent que la perfection n'est pas de ce monde. Mais elle n'en demeure pas moins un achat aussi éclairé que sûr : elle fait ce qu'on lui demande de faire, avec beaucoup de sérieux. Un peu trop, même… Mais cela vaut mieux que le contraire, non ?
Deuxième avis : Amyot Bachand
La Camry à 4 cylindres mérite une attention particulière. À un prix d'environ 25 000 $, la variante LE constitue l'un des meilleurs achats de sa classe. Certes, son habitacle spacieux permet d'asseoir quatre adultes confortablement, et sa tenue de route est rassurante, même dans les virages serrés. Mais son moteur à 4 cylindres de 2,4 litres est une belle surprise : il consomme peu, satisfait aux normes de pollution à très faibles émissions, en plus d'offrir des performances très proches de celles du V6. La seule critique, c'est l'absence d'un système de freinage ABS : à 400 $, c'est une option essentielle, croyez-moi !