Un cinq-places avec banquette de secours
Par : Nadine Filion
Devant des ventes désastreuses pour son Tribeca, Subaru a le mérite d'avoir fait volte-face et vite. Moins de deux ans après son lancement, le Tribeca avait déjà reçu, pour 2008, des mises à niveau esthétique et mécanique. Est-ce que, cette fois, ce sera la bonne ?
Carrosserie
La calandre se fait donc plus homogène – plus anonyme, diront certains -, avec quelques relents de Hyundai Veracruz, mais bon. Personnellement, je regrette les phares coquins en demi-sourire qui ont été remplacés par des blocs rectangulaires plutôt génériques. N'empêche, l'ensemble s'intègre définitivement mieux. Même chose à l'arrière : le plateau saillant renversé a cédé le pas à un hayon arrondi, et c'est beaucoup plus réussi. La lunette, plus large, permet au conducteur de mieux voir ce qui se passe derrière. Le résultat n'est pas aussi distinctif que ne l'était la première version du Tribeca, mais il atteint l'objectif visé : un design passe-partout qui devrait plaire à plus de monde. Pas mal plus de monde.
Habitacle
Fort heureusement, rien n'a changé dans l'habitacle. La planche de bord, qui tire son inspiration d'une cabine d'aéronef, livre encore, avec sa concavité, une impression chic et d'espace. Les matériaux et la finition sont de qualité, mais quelques petits craquements à l'arrière font craindre un assemblage moins serré que voulu. La 3e banquette n'est proposée qu'avec la variante Optimum, la plus élevée dans l'échelle des versions (et pour laquelle il faut avancer 50 000 $). Cette 3e banquette s'adresse encore et toujours à de jeunes enfants. Le dégagement pour les jambes y est très limité, surtout si les passagers en 2e rangée ne partagent pas leur espace vital en omettant d'avancer leur banquette (200 millimètres de mobilité). Si personne n'occupe les rangées à l'arrière, les sièges se rabattent facilement et libèrent jusqu'à 2106 litres d'espace de chargement. C'est quand même pas mal. À noter que le volant télescopique n'est toujours pas offert. Par contre, depuis l'an dernier, toutes les versions du Tribeca profitent des phares au xénon.
Mécanique
En faisant passer la cylindrée de son 6-cylindres boxer de 3 à 3,6 litres, Subaru ne visait pas une grosse augmentation de la puissance (une hausse de 11 chevaux, à 256). Il souhaitait plutôt de meilleures reprises à bas régime, ce qui est devenu possible avec l'accroissement quand même substantiel du couple : de 215 à 247 livres-pied. La boîte de vitesses séquentielle à 5 rapports a, du coup, été révisée – nous verrons un peu plus loin que ce réglage était bien nécessaire. Sans surprise, toute la sécurité indispensable est de série, à commencer par le système de contrôle de la stabilité. Malheureusement, si les rideaux de sécurité gonflables protègent les occupants avant et de la deuxième rangée, ils ne protègent pas ceux de la 3e banquette. Bien sûr, la transmission intégrale Subaru est au rendez-vous, avec 55 % de la puissance aux roues arrière en conditions normales. Oh, un dernier petit détail : le Tribeca accepte désormais le carburant ordinaire.
Comportement
Les modifications de l'an dernier auront apporté du bon, notamment au chapitre des accélérations qui se font plus en souplesse. Le mérite revient à la séquentielle à 5 rapports qui, révisée, permet des passages plus dynamiques, sans inertie – auparavant, il fallait composer avec une boîte mal étagée qui se cherchait trop souvent. En recalibrant la suspension arrière du Tribeca, Subaru a sans doute voulu en arriver à une balade plus " monsieur et madame Tout-le-monde ". Dommage : le premier Tribeca profitait de réglages plus fermes qui m'avaient enchantée, alors que le " nouveau " se fait plus mollasse, à l'instar des autres utilitaires. Même si, à première vue, le freinage n'est pas aussi mordant que souhaité, le 100 à 0 km/h s'effectue sur 40,5 mètres, selon les données de l'AJAC. C'est dans la très bonne moyenne.
Conclusion
En gros, le Tribeca se démène comme il se doit, et sa tenue de route est assurée, merci à sa transmission intégrale permanente. Cependant, pour ceux qui recherchent un véritable sept-places, mieux vaut regarder ailleurs. C'est votre portefeuille qui vous remerciera : la concurrence du Honda Pilot, entre autres, est de plusieurs milliers de dollars moins chère…
Deuxième avis : Jean-Pierre Bouchard
Il y a de ces constructeurs qui osent. À défaut de réussir, ils ont le mérite d'essayer. Après tout, si des gens ont acheté des Pontiac Aztek ou des Buick Rendezvous, pourquoi d'autres n'achèteraient-ils pas le Tribeca ? L'an dernier, l'amélioration des présentations extérieure et intérieure a toutefois donné au véhicule un nouveau souffle. Le moteur plus puissant a lui aussi participé à l'amélioration de la qualité du véhicule. Reste que le Tribeca évolue dans l'ombre alors qu'il offre une grande polyvalence et un bel agrément de conduite, en plus de bénéficier d'une efficace transmission intégrale. Le prix demandé le place toutefois dans une catégorie très concurrentielle. Sauf que l'acheteur d'un Tribeca est pratiquement assuré de ne pas être assimilé au décor tellement le nombre de véhicules vendus est limité. Et ce n'est pas qu'il s'agisse d'un mauvais véhicule. Au contraire. C'est simplement un véhicule méconnu.