Chirurgie plastique…
Par Frédéric Masse
Ils m’ont toujours fait sourire, ces vendeurs et publicités qui ont remplacé le terme «usagé» par «expérience». J’ai eu une impression similaire lorsque, il y a deux ans, la 9-5 a été légèrement retravaillée. Les améliorations n’ont pas été faites en vain, mais disons que la voiture commence à avoir de l’expérience, après neuf ans sans transformations majeures.
Carrosserie
GM a eu beau tenter en 2006 de redonner un peu de lustre à la 9-5, cette voiture vieillit. Après tout ce temps sur le marché, même le lifting ne semble plus faire son travail. Pourtant, la 9-5 vieillit bien. En version CombiSport (familiale), son style lui permet de tirer son épingle du jeu. Mais tout finit par se faner, et GM devrait nous offrir une toute nouvelle version de la 9-5 en 2009.
Habitacle
GM peut bien utiliser la comparaison avec un design d’avion pour justifier la disposition des éléments, l’habitacle est devenu dépassé. Un vieil avion est un vieil avion. Les inserts en aluminium permettent à la 9-5 de sauver la face, et la console centrale dépouillée en comparaison de celles des berlines de luxe de nouvelle génération rappelle les belles années où quelques boutons suffisaient à régler ventilation, musique et sièges chauffants. Mais, dommage pour Saab, ce sont notamment ces nombreux contrôles qui justifient des dépenses supplémentaires pour une berline de luxe. De plus, certains éléments, comme le bras de vitesse de la transmission automatique ou la commande du clignotant, de même que l’aspect de quelques plastiques, font très bon marché. Mais tout n’est pas noir dans la 9-5 : ses sièges sont tellement enveloppants qu’on en oublie bien des défauts, et il faut souligner que la CombiSport offre un grand espace de chargement fonctionnel. Sièges relevés, cette dernière offre 1048 litres de volume de chargement qui, sièges abaissés, passe à 2067 litres.
Mécanique
Impossible de simplifier davantage le catalogue pour la 9-5. Que vous choisissiez la berline ou la familiale, vous aurez droit à un 4 cylindres turbo de 2,3 litres de 260 chevaux. Rien pour soulever les passions, on s’entend. En plus, puisqu’il s’agit d’une traction, la 9-5 a de la difficulté à supporter cette puissance. Il s’ensuit un effet de couple dans le volant et un sautillement du train avant lorsque la pédale est poussée au plancher. Cet effet est amenuisé lorsqu’on choisit la transmission automatique plutôt que manuelle. Le petit moulin a au moins l’avantage de procurer de bonnes économies puisque la moyenne de mon essai s’est située à près de 10 litres/100 km.
Comportement
En ligne droite et sur l’autoroute, la 9-5 se comporte d’admirable façon. Sa suspension un peu molasse offre un confort digne de mention. Mais lors de virages prononcés ou d’un petit slalom, c’est une tout autre histoire; la 9-5, sans être impotente, n’aime pas se faire secouer. Le système de contrôle de stabilité aura, de toute façon, tôt fait de vous ramener sur le chemin de la tranquillité. Sa direction plutôt légère demande également une attention particulière et, pour conserver le cap à bonne vitesse, vous aurez souvent à faire des corrections de trajectoire.
Conclusion
Le choix de la 9-5 est valable uniquement si vous choisissez la version CombiSport. Pour environ 20 000 $ de moins que les Audi A6, BMW Série 5 et Mercedes Classe E familiales, vous obtenez un véhicule qui offre un bon prestige, un produit marginal (cela séduit certains d’entre vous) et un confort souverain. Cependant, il est encore préférable de louer une Saab, car sa valeur de revente, le coût de son entretien et la difficulté à diagnostiquer les problèmes demeurent encore et toujours les talons d’Achille du fabricant américano-suédois.
Forces
Espace utilitaire de la version CombiSport Confort des sièges à rendre jaloux Faible consommation d’essence
Faiblesses
Habitacle vieillissant Qualité de certains contrôles inacceptable Tenue de route quelconque Valeur de revente Effet de couple Direction trop légère
2e opinion Benoit Charette
La Saab 9-5 est un bel exemple d’une voiture victime de la mauvaise conjoncture économique chez GM. General Motors investit le strict minimum pour garder en vie la petite firme suédoise, mais sans plus, et cela fait quelques années qu’on attend une remplaçante digne de ce nom. Ce manque d’intérêt a fait chuter les ventes et la cote d’amour. Saab doit nous revenir sous peu avec une nouvelle 9-5 aux allures de coupé quatre portes. Entre-temps, il ne faut pas vous laisser influencer par les quelques rides de la voiture qui ne fait pas son âge au volant. La 9-5 a toujours bon pied, bon œil. Elle ne constitue pas un exemple de fiabilité, mais son ergonomie et son confort sont légendaires.