Bonne idée,
mauvaise exécution
Luc Gagné
En 2003, pas plus de 1630 Canadiens ont acheté un utilitaire Aztek de Pontiac. Ce chiffre signale une baisse des ventes de l’ordre de 40 % pour ce modèle, par rapport à l’année précédente. Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes et confirment un échec commercial.
Carrosserie
La prémisse à l’origine de l’Aztek n’était pas mauvaise. Elle consistait à profiter de la plateforme des Venture/Montana et de leurs organes mécaniques pour créer un véhicule nouveau genre, capable d’intéresser des acheteurs boudant par les utilitaires communs et les fourgonnettes. Ainsi naquit le « véhicule sport récréatif » de Pontiac, avec une allure digne des véhicules de la série Capitaine Scarlet. En fin de carrière (GM parle de s’en délester en 2006), Pontiac propose toujours deux versions de l’Aztek : un modèle de base et le GT, avec deux ou quatre roues motrices.
Habitacle
Bienvenue dans un habitacle où le plastique est maître et où tout paraît surdimensionné : les cadrans, les boutons de la climatisation, les formes du tableau de bord. À tout le moins, cela facilite la lecture des cadrans et l’accès aux commutateurs. Le champ de vision est cependant limité, à cause des montants du pavillon massifs, mais aussi par la surface vitrée ridicule du hayon arrière. L’espace pour les occupants est généreux, devant comme derrière. De grandes portières et un plancher au seuil très bas facilitent l’accès. Les sièges baquets sont amples et la position de conduite, élevée. La banquette arrière peut être repliée et déposée, mais elle n’est pas légère. De plus, l’aire de chargement, très vaste, est difficile d’accès. Il faut, pour y accéder, déployer beaucoup d’efforts pour soulever le hayon, doté de supports hydrauliques récalcitrants destinés à retenir en l’air une masse très lourde. Ensuite, il faut enjamber le large battant qu’on aura ouvert pour déposer les colis sur le plancher qui, comme on l’a écrit, est très bas. Le plateau de rangement coulissant arrière, offert parmi les options (230 $), m’apparaît incontournable pour éviter des maux de dos, même si sa capacité de charge est limitée à 182 kilos.
Mécanique
Le portrait mécanique de l’Aztek rappelle la Montana, puisqu’il en partage l’humble V6 3400 et la boîte automatique. Fort de ses 185 chevaux, ce moteur de bonne réputation et peu gourmand assure des performances convenables à cet utilitaire dont l’usage sera sans doute partagé entre la ville et l’autoroute.
Comportement
Malgré le sombre portrait tracé jusqu’ici, l’Aztek s’avère agréable à conduire. Sa servodirection est légère, mais précise. Le diamètre de braquage de plus de 11 mètres ne facilite pas toujours les manoeuvres de stationnement, mais on doit s’attendre à cela d’un véhicule aussi volumineux. La suspension, enfin, masque efficacement les défauts du revêtement sans imposer un roulis excessif. La version à quatre roues motrices est toutefois déconseillée, à cause de la transmission intégrale Versatrak. Ce système réactif transfère du couple moteur aux roues arrière lorsqu’une roue avant se met à patiner, mais de façon trop lente et trop soudaine. Alors qu’il ressent l’amorce d’un dérapage, le conducteur devra maîtriser un véhicule dont le comportement de traction se transforme soudainement en comportement de propulsion. Ce n’est pas évident! En conduite hivernale, ce phénomène est accentué par le manque d’adhérence chronique des pneus quatre saisons.
Conclusion
Le marché propose une foule de véhicules polyvalents plus intéressants. Qu’il suffise de mentionner le nouveau Ford Freestyle, plus cher certes (environ 5000 $), mais spacieux et confortable, agréable à conduire et doté d’une transmission intégrale efficace. Le genre de véhicule qui fera tourner les têtes… mais avec des regards envieux.
Forces
• Habitacle confortable • Mécanique fiable • Prix très négociables
Faiblesses
• Champ de vision réduit • Polyvalence de l’habitacle discutable • Faible valeur de reprise
Nouveautés en 2005
•Sacs gonflables latéraux de série dans GT 2RM et tous les modèles 4RM, système OnStar Gen 6 avec mode mains libres (de série dans GT), nouvelles couleurs, système de divertissement avec DVD offert (GT)
2e opinion Pascal Boissé
• Malgré les retouches esthétiques et la disparition de son exosquelette en gros plastique gris, l’Aztek reste laid comme un péché. Et pas seulement à l’extérieur ! L’intérieur vaut aussi le déplacement. C’est ce qui arrive lorsqu’on demande à des spécialistes du marketing de concevoir un véhicule: pris dans leur délire, ils s’imaginent un acheteur type, adepte des sports extrêmes, du camping sauvage, et quoi encore. Seulement, ils omettent de vérifier si ce type de personne a les moyens financiers nécessaires et, surtout, s’il aspire à posséder une hideuse mutation de fourgonnette, dessinée par un savant fou mais équipée d’un système à traction intégrale très valable. On se souviendra de l’échec commercial de l’Aztek, comme de celui l’Edsel à la fin des années 1950.