Sur le point de tirer sa révérence
Par Nadine Filion
De tous les journalistes automobiles, je suis sans doute la seule à apprécier le Pontiac Aztek. C’est qu’une fois l’apparence physique sublimée, le véhicule dispose de qualités indéniables…
Carrosserie
Tout le monde s’entend pour dire que l’Aztek, assemblé sur la même plateforme que la minifourgonnette Montana, est indéniablement laid et ne remportera jamais quelque concours de beauté que ce soit. Même avec le nouvel aileron arrière, des bas de caisse de la même couleur que la carrosserie et des pneus de plus grandes dimensions (17 pouces), le véhicule a toujours cet air empoté. Et dire que lors de son lancement, à l’été 2000, les responsables de GM se vantaient d’avoir franchi en un temps record l’étape entre le prototype et la production… La prochaine fois, prenez votre temps, d’accord ?
Mécanique
C’est encore le moteur V6 de 3,4 litres qui se glisse sous le capot de l’Aztek, jumelé à une boîte de vitesses automatique à 4 rapports. À la pompe, il demande de l’essence ordinaire (fiou !) qu’il consommera en moyenne à raison de 10,5 litres aux 100 kilomètres si vous optez pour la version à traction ou de 11,2 litres aux 100 kilomètres si vous choisissez la version Versatrack. Cette dernière version n’est qu’une « simili » transmission intégrale, soyez-en conscient. Avec l’équipement requis, le véhicule peut tirer jusqu’à 1590 kilos (3500 livres), soit autant que le Ford Escape à moteur V6 et davantage que le Suzuki XL-7.
Comportement
La première bonne surprise concernant l’Aztek, c’est sur la route qu’on l’a. Le véhicule se comporte tout en douceur. Le moteur recèle suffisamment de puissance (185 chevaux) pour donner un entrain satisfaisant à ce véhicule qui présente pourtant des allures lourdaudes. Côté performances, le 0 à 100 km/h s’effectue en un raisonnable 10,4 secondes. La tenue de route est solide, même en virage, et le freinage est plus qu’honnête : 45,8 mètres pour passer de 100 à 0 km/h.
Habitacle
Là où l’Aztek gagne des points, c’est à l’intérieur. Les mauvaises langues ajouteraient qu’une fois assis dans les confortables sièges capitaine, on n’aperçoit plus l’extérieur disgracieux. En fait, il faut même avouer que le design intérieur, qui tient davantage du vaisseau spatial que de l’automobile, n’est pas apprécié par tout le monde, orné qu’il est d’une vingtaine de textures, de teintes et de matériaux différents.Mais l’Aztek a su se faire le champion de la fonctionnalité. Les sièges se plient, se rabattent et se retirent pour octroyer jusqu’à 2700 litres d’espace de chargement. La console centrale se transforme en glacière portative, un tiroir coulissant accueille vos sacs d’épicerie, les vide-poches sont transférables… De plus, grâce à l’option « tente et matelas », le véhicule constitue l’arme parfaite pour le camping. Il pleut ? Vos voisins vous envieront d’avoir pu rester au sec ! Il fait beau ? Vous voilà prêt à transformer un après-midi ordinaire en fête d’avant-match, grâce à des commandes audio fixées à l’arrière et pas moins de quatre prises de courant réparties un peu partout à bord.
Conclusion
Malheureusement pour lui, l’Aztek n’a profité que de quelques années d’exclusivité quant à la grande polyvalence qu’il offre, seul élément qui parvient à compenser son apparence de vilain petit canard. En effet, depuis peu, le nouveau Honda Element combine non seulement cette qualité à des lignes extérieures beaucoup plus agréables au coup d’œil, mais il coûte moins cher à l’achat. Même si son prix a chuté de deux ou trois milles dollars depuis son lancement, et que le nombre de ses équipements de série augmentent inexorablement, l’Aztek continue de s’afficher à un prix de base de 27 375$ soit environ 5 000$ de plus que l’Element. Bref, l’Aztek est voué à une mort certaine qui, d’ailleurs, a été annoncé pour 2005. Au moins, GM aura-t-elle osé…
Forces
Polyvalent Équipements novateurs (glacière portative, commandes audio à l’arrière) Performances plus que respectables Conduite tout en douceur
Faiblesses
Laid, laid, laid… Une laideur qui coûte pas mal cher… En serait à sa dernière année de production
Nouveauté
Pas de changement majeur
Philippe Laguë 2e opinion
Visiblement, du côté de Pontiac, on a le sens de l'humour. En effet, l'Aztek ne peut être rien d'autre qu'une bonne blague, qui doit être prise au deuxième degré. À moins qu'il ne s'agisse d'une gageure ? Ou que ce soit lié aux drogues dures ? Cela dit, s'amuser, c'est bien, tant que ça reste entre amis; mais il y a quelqu'un à GM qui a autorisé la commercialisation de cette horreur, et cette personne mérite d'être semoncée, fouettée, lapidée et, bien sûr, congédiée. Connaissant la culture d'entreprise du numéro 1 mondial (pour combien de temps encore ?), le ou la responsable de ce manque de jugement a sans doute eu droit à une promotion. Ne vous demandez pas pourquoi ce constructeur voit ses parts de marché fondre comme neige au soleil… -30-