Le gène camion
Hugues Gonnot
Dans le très populaire segment des utilitaires compacts, la majorité des véhicules proposés permettront à leur utilisateur de faire du sentier. Le Xterra en offre plus à ce chapitre. Normal, il est issu d'un camion, un vrai, avec châssis séparé. Excellent pour ceux qui veulent vraiment sortir des sentiers battus. Pour les autres, la médaille à ses revers.
Carrosserie
Dès qu'on regarde le Xterra, on voit que le gène camion est là. Ce n'est pas vraiment le genre d'utilitaire qui veut plaire à tout le monde avec une mine sympathique. Les lignes sont musclées, à la limite, machos. Les galeries de toit intégrées sont du plus bel effet. Pratiques, les marchepieds sont indispensables, en raison de la garde au sol élevée. Logique, on ne s'assied pas dans un franchisseur, on y monte ! Les roues au fini anthracite des versions SE en rajoutent encore dans le côté viril.
Habitacle
D'allure branchée et dynamique, l'habitacle est sympathique. Les sièges avant sont confortables et compensent en partie pour le travail des suspensions. À l'arrière, on est assis haut et droit. Il faut s'y habituer, mais, par contre, la vue est excellente pour les passagers. La finition est de bonne qualité, et toutes les commandes tombent bien en main. L'aspect pratique est indéniable avec différents crochets et plusieurs prises de 12 volts.Dès la version de base XE, le Xterra vient bien équipé : confort électrique, télécommande, régulateur de vitesse, lecteur de CD… Les versions SE et SE-SC ajoutent une chaîne audio Rockford Fostgate de 300 watts avec changeur de 6 CD, thermomètre et boussole ainsi qu’un toit ouvrant. Deux options sont offertes : la boîte de vitesses automatique et l'ensemble Dynamique pour la version SE-SC (contrôle de la stabilité, antipatinage à l’accélération, moniteur de pression des pneus et finition de cuir).
Mécanique
C'est à ce chapitre que le gène déjà mentionné est le plus facilement détectable puisque toute la base mécanique est issue du Frontier. Le châssis séparé se montre parfaitement rigide. Ici, pas question de transmission intégrale automatique. Non, c'est à l'ancienne : un boîtier de transfert commandé à la main avec une gamme basse.Côté moteurs, le très (très !) vénérable V6 de 3,3 litres est offert en deux versions : atmosphérique ou avec compresseur volumétrique. Seulement 30 chevaux les séparent, mais c'est toute une différence. La version à compresseur se distingue par une surprenante souplesse à bas régime et également par une consommation trop élevée, même si l’on n'a pas le pied trop lourd. Bref, il faudra choisir entre budget ou agrément de conduite : au quotidien, ça compte.Deux boîtes de vitesses sont offertes : la manuelle à 5 rapports ou l’automatique à 4 rapports (de série sur le SE). Cette dernière se révèle agréable et se combine particulièrement bien à la souplesse du moteur compressé.Les freins ne méritent aucun reproche. Par contre, la direction se montre un peu lourde en manœuvre à basse vitesse, mais elle est bien calibrée pour la route.
Comportement
Une vraie suspension de camion : le Xterra saute sur chaque irrégularité. Très stable en ligne droite, il se montre plus hésitant en virage et prend logiquement du roulis. Les passagers sont secoués, et le confort se montre donc limité. Par contre, en conduite coulée, tout se passe bien.
Conclusion
Nissan a réussi avec le Xterra à étoffer sa gamme dans un segment particulièrement porteur à peu de frais, en utilisant la base du Frontier. L'allure, la finition, l'équipement font que l'engin est très attirant en concession. L'agrément limité sur route et la consommation du moteur compressé doivent être pris en compte. Par contre, vous avez là un baroudeur assez sérieux pour aller dans des endroits qu'on voit d’habitude dans les publicités.
Forces
Son allure virile Le comportement hors route Son équipement Un moteur à compresseur agréable
Faiblesses
Une mécanique vénérable La consommation élevée (compresseur) Des suspensions sautillantes
Nadine Filion 2e opinion
À son lancement, le Nissan Xterra savait attirer les regards par sa silhouette « Tonka » et ses véritables capacités hors routes. Mais les années ont passé, et la concurrence s’est raffinée. Occupée à livrer des véhicules au design toujours plus exotique – on n’a qu’à penser au Murano – Nissan aurait-elle oublié que son utilitaire compact avait besoin de quelques améliorations ? La suspension gagnerait à être adoucie, question d’éviter que conducteur et passagers se fassent tant « brasser le camarade ». Le centre de gravité, assez élevé, pourrait être abaissé, pour assurer une présence plus rassurante sur la route. Enfin, l’intérieur, sombre et de finition moyenne, aurait tout avantage à être réaménagé, ne serait-ce que pour lui donner des compartiments de rangement plus stratégiques.