Elvis Wong
Par Frédéric Masse
Le Titan est la camionnette oubliée, celle qui, pour plaire aux Américains, est devenue plus américanisée qu’eux — un peu comme si un sumo avait tenté d’entrer dans le costume d’Elvis. Produit presque marginal dans le monde du camion, le Titan mérite pourtant notre attention parce qu’un bon camion, c’est comme un sumo : fort, gros et capable.
Carrosserie
L’insuccès du Titan est difficilement explicable. Il a une belle gueule mais, pour les acheteurs, ce véhicule souffre d’un problème d’image : pas assez de configurations, de modèles, de rapports de pont, de moteurs, même. En plus, sa charge utile maximale étant autrefois de 665 kilos, cela pouvait limiter son utilisation. Nissan semble avoir entendu au moins une partie des critiques en offrant pour la première fois une boîte de 8 pieds et en permettant au Titan de supporter une tonne. C’est probablement encore trop peu. Ce gros Nissan, pourtant, est l’inspiration de plusieurs innovations offertes chez les Américains ou propres à lui seul : portes arrière s’ouvrant jusqu’à 168º, crochets de fixation et rails à même la caisse, coffre situé à côté de la roue arrière.
Habitacle
Selon moi, le Titan est, après le Ford F-150, la camionnette offrant l’habitacle le plus intéressant, même s’il s’éloigne des idées préconçues. Certains choix de plastiques sont certes douteux mais, de manière générale, le véhicule est bien fabriqué. Les sièges sont confortables, l’insonorisation dans la bonne moyenne. L’espace est fort suffisant, les gros boutons peuvent être manipulés avec des gants, la position de conduite très élevée donne un sentiment de force, et les espaces des rangements sont nombreux. Il est possible d’équiper le véhicule de tous les gadgets dernier cri : systèmes de divertissement DVD, de sonorisation de 350 W et de navigation, et technologie Bluetooth.
Mécanique
C’est probablement ici que les habitués de gros américains vont décrocher. Quoi ? Un seul moteur ? Oui, mais… quelle mécanique ! Ce V8 de 5,6 litres développe 317 chevaux et un couple faramineux de 385 lb-pi à 3400 tr/min. Le Titan ne fait donc pas qu’avancer, il rugit ! En rendant disponible autant de puissance sous le pied droit, il mange aussi comme un sumo… Il peut être pourvu d’un système à deux ou à quatre roues motrices. Une transmission automatique à cinq rapports, de série, permet de rouler doucement et travaille à merveille avec la grosse mécanique. La seule critique à lui adresser concerne sa transmission intégrale, qui provoque des vibrations agaçantes dès qu’on atteint la vitesse d’autoroute.
Comportement
Le Titan est fabriqué dans les règles de l’art : châssis en échelle tout en acier, suspension arrière à lames, et essieu rigide et composantes mécaniques ultrarobustes. Sa direction est l’une des mieux calibrées de la bande, et sa conduite est facile, autant hors route que dessus. Le Titan se veut solide et se manie facilement. Il est facile de lui faire faire quelques prouesses, pour autant qu’on respecte les limites fixées par un tel type de suspension. Pour le reste, le Titan est un des camions les plus équilibrés du marché, confort en prime.
Conclusion
Pas facile de se distinguer des Big Three américains. Les acheteurs ont leurs habitudes et demeurent fidèles. Les innovations et la nouveauté ne suffisent pas. Le Titan a beau être gros, offrir une capacité de remorquage de 4309 kg et être construit à l’usine de Canton aux États-Unis, le soufflé ne lève pas. Pourtant, il a tout pour plaire. Grâce aux modifications apportées depuis sa sortie en 2004, il n’a cessé de s’améliorer. Quand les acheteurs accepteront de voir autre chose qu’un gros ovale bleu, un noeud papillon doré ou une tête de mouflon sur leur calandre, le Titan pourra aspirer au succès qu’il mérite. Combien de temps cela prendra-t-il ? Le nouveau Toyota Tundra nous le dira…
Forces
Moteur puissant Suspension équilibrée Nouvelle caisse de 8 pi Habitacle intéressant Nouvelle charge utile maximale de une tonne
Faiblesses
Un seul moteur offert Aucune version à haute capacité (heavy duty) Consommation élevée