Métamorphose
Par : Philippe Laguë
Depuis son introduction, en 1992, l'Altima a permis à Nissan de se faire une niche dans le créneau des grandes compactes, sans toutefois parvenir à mettre fin à l'hégémonie des Accord et Camry. La troisième génération devrait cependant mettre un terme à cette période de stagnation. Cette fois, il y a un V6 au menu, mais surtout, cette berline affiche désormais un tempérament qu'on ne lui connaissait pas.
Carrosserie
Empressons-nous de saluer le travail des stylistes de Nissan, qui ont accouché d'une ligne qui semble faire l'unanimité. Sur le plan esthétique, l'Altima constitue l'exception plutôt que la règle chez les berlines japonaises de cette catégorie. Son allure européenne plaira aux acheteurs plus jeunes, qui boudaient naguère l'Altima. Comme le veut la tendance, ses dimensions ont été accrues. Ce qui se traduit par une habitabilité qui place désormais cette berline parmi les plus spacieuses de sa catégorie. À l'arrière, le dégagement pour la tête et les jambes est particulièrement impressionnant. L'Altima, comme la plupart de ses rivales, n'a droit qu'à une seule configuration. Cette berline à quatre portes se décline cependant en trois versions : S, SL et SE. Les deux premières sont motorisées par un 4 cylindres de 2,5 litres, le V6 de 3,5 litres étant la propriété exclusive de la SE.
Mécanique
Des deux motorisations proposées, le tout nouveau 4 cylindres de 2,5 litres constitue la meilleure surprise. Fort de ses 180 chevaux – ce qui en fait le plus puissant de sa catégorie -, il n'a peur de personne. En plus de se distinguer au chapitre des performances, il brille par son aisance dans n'importe quelle situation. Tout lui semble facile, peu importe le rythme qu'on lui impose. Si on adopte une conduite normale, on appréciera sa souplesse et son silence de roulement, tandis que les conducteurs plus sportifs apprécieront son élasticité et son aisance à haut régime. Ces observations s'appliquent mot pour mot au V6 de 3,5 litres, qui est également le plus puissant de sa catégorie. Décidément, l'Altima se dévergonde, et pas qu'un peu ! Avec 240 chevaux et des roues motrices à l'avant, l'effet de couple est cependant inévitable. Avec une traction, il n'y a pas de miracle à faire. Par ailleurs, une nouvelle boîte manuelle vient rehausser l'agrément de conduite. Une bonne mention pour le guidage précis et la course courte du levier, ainsi qu'au bon étagement des rapports. Rien à voir avec l'affreuse boîte manuelle qui sévissait dans l'ancienne Altima, et c'est tant mieux !
Comportement
La suspension constitue l'un des points forts de cette berline métamorphosée. Elle lui confère un équilibre remarquable; entendez par là une douceur de roulement qui a fait la renommée des voitures japonaises, conjuguée à une tenue de route qui s'élève un cran plus haut. Pour ressentir l'effet du sous-virage, il faut vraiment aller à la limite, tandis que le roulis est bien maîtrisé. La direction se mériterait une note parfaite, mais son trop grand rayon de braquage lui fait perdre des points. En revanche, les pneus montés en série – 16 pouces pour l'Altima S, 17 pour la SE – ont brillé par leur rendement, sur le sec comme sur le mouillé.
Habitacle
L'Altima n'a jamais été aussi spacieuse, on l'a dit, et le même constat s'applique au confort. À l'avant, on s'enfonce dans des baquets moelleux, qui épousent le galbe du corps tout en offrant un très bon maintien. Les passagers qui prennent place derrière ne sont pas en reste, car la banquette procure un confort digne de ce nom. L'ergonomie est soignée : tout est à portée de main et les rangements abondent. Le tableau de bord, avec ses trois gros cadrans concaves, ne fait pas l'unanimité mais à sa décharge, tout y est et l'instrumentation se consulte aisément.
Conclusion
N'ayons pas peur des mots, c'est une métamorphose que vient de subir l'Altima. De très bonne voiture, elle est devenue une référence. Déjà confortable et fiable comme tout, il lui manquait, à l'instar de ses compatriotes, du tempérament. Qu'on se le dise, cette époque est révolue. Qui plus est, ce virage à 180 degrés devrait permettre à l'Altima de rajeunir sa clientèle. Si je me fie aux réactions de mon entourage, dont l'âge moyen se situe autour de la mi-trentaine, cette berline risque de faire un malheur. Or, sa devancière n'aurait même pas été considérée dans le cadre d'un achat éventuel, à cause de son image trop conservatrice. Bien joué, Nissan !
Deuxième avis
L'Altima a été la première berline compacte à complètement transcender son image et forcer les autres manufacturiers à répliquer. Lors de son lancement en 2002, l'Altima a posé de nouveaux jalons dans sa catégorie. Plusieurs joueurs ont dû suivre la parade pour demeurer dans la course : Mazda avec la nouvelle 6, Toyota et la Camry, et Honda avec la nouvelle Accord. Pour une fois, Nissan a osé sortir des sentiers battus et offrir une voiture qui domine son marché. Nissan est allé de l'avant au lieu de suivre la parade et cette initiative a porté fruit, car l'Altima est, depuis son lancement, constamment citée en exemple comme modèle à suivre.