La Corvette japonaise
Par Philippe Laguë
La Nissan 350Z a plusieurs points communs avec la Corvette. Comme cette dernière, elle possède un pedigree et affiche des performances et un comportement routier dignes de sportives beaucoup plus chères. Et comme la Corvette, elle déçoit par sa finition bon marché, indigne d’une voiture de ce rang.
Carrosserie
Les comparaisons avec cette mythique sportive américaine ne s’arrêtent pas là. Leur architecture est semblable (moteur avant, roues motrices arrière) et elle peut maintenant se découvrir avec l’addition, en 2004, d’une version décapotable. En matière de style, il se passe des choses très intéressantes chez Nissan depuis quelques années, et la Z incarne bien le renouveau de ce constructeur à ce chapitre. Dire qu’elle plaît serait un euphémisme; c’est un objet de passion, qui déclenche les coups de foudre.
Habitacle
La Z annonce ses couleurs à l’extérieur comme à l’intérieur. Il y a de l’ambiance à bord : le cuir est omniprésent et les conducteurs sportifs apprécieront le pédalier en aluminium ainsi que l’emplacement du compte-tours, en plein centre du tableau de bord. Mais une finition décevante vient gâter la sauce, comme c’est trop souvent le cas à bord des véhicules Nissan depuis la prise de contrôle de cette marque par Renault. Le plastique bon marché abonde et ça craque de partout, ce qui m’a également rappelé la Corvette, mais il faut bien admettre que la finition de cette dernière a beaucoup progressé ces dernières années. Comme dans la Corvette, les bruits de caisse sont amplifiés par l’absence de séparation entre l’habitacle et le compartiment à bagages. Cela affecte également l’insonorisation, et pas qu’un peu. Quant au compartiment, il est franchement mal foutu parce que peu profond et dépourvu d’un filet de rétention. Le manque de rangement fait aussi partie de la liste des reproches. Trop petits et difficiles d’accès, les vide-poches dans les portières sont pratiquement inutiles; la console centrale est peu pratique parce que mal configurée; et le petit vide-poches derrière le siège du passager ne suffit pas à pallier l’absence d’une boîte à gants.
Mécanique
Considéré comme l’un des meilleurs moteurs de la production automobile mondiale à l’heure actuelle, le V6 de 3,5 litres est servi à toutes les sauces chez Nissan (et même chez Renault, qui l’utilise par sa Vel Satis). On ne se surprend donc pas de le retrouver sous le capot de la Z; c’est même une bonne nouvelle. Mais encore une fois, on semble en avoir beurré un peu épais sur la puissance… On annonce 287 chevaux, soit 27 de plus que la Maxima ou l’Infiniti G35, et pourtant on perçoit à peine une différence. Comprenons-nous bien : ce moteur est loin de démériter, au contraire; mais à près de 300 chevaux, on s’attendait à plus. Cette précision faite, il faut reconnaître que son rendement est plus que satisfaisant. Ce V6 possède une plage de puissance très linéaire et le couple est présent à tous les régimes. Cela se traduit par des accélérations musclées et des reprises vigoureuses. La boîte manuelle à 6 rapports, très rétive, vient cependant altérer l’agrément de conduite. Dommage, car la course très courte de son levier et l’emplacement de celui-ci favorisent la conduite sportive.
Comportement
Si vous êtes de ceux qui trouvent que les voitures sport, « ça porte dur », oubliez la Z et courez vous acheter une Buick. Cette sportive brille par ses qualités athlétiques, mais la dureté de roulement en rebutera quelques-uns. Mais si vous achetez une sportive pour les bonnes raisons, et pas seulement pour jouer les m’as-tu-vu, la Z vous comblera. Ceux qui aiment piloter s’en donneront à cœur joie, car elle est joueuse et même un peu brusque, comme une certaine sportive américaine… Elle survire, bien sûr, mais les dérobades du train arrière sont maîtrisées par le système de contrôle de la stabilité (DSC). Ce dernier est cependant débrayable.
Conclusion
En tant que sportive, la 350Z montre de solides compétences qui en font une digne héritière de la 240Z. À environ 50 000 $ l’exemplaire, elle n’est pas aussi accessible que son aïeule l’était en 1969, mais dans le contexte actuel, la Z peut se targuer d’offrir un excellent rapport prix/performances. Dommage que la finition, qui se situe une bonne coche en dessous des standards japonais, ne soit pas digne d’une voiture de ce prix.
Forces
Allure d’enfer Moteur bien adapté Comportement sportif Rapport prix/performances
Faiblesses
Finition bon marché Piètre insonorisation Bruits de caisse Boîte manuelle rétive 287 chevaux ? Vraiment ?
Nouveautés
Nouvelle version roadster
Hugues Gonnot 2e opinion
Faire revivre une légende n’est jamais chose facile. Nissan ne s’est pas trompée en faisant revivre la Z : elle est une interprétation moderne et juste de l’esprit initial de la Z de 1970. Par contre, sa cousine d’Infiniti, la G35 coupé, est beaucoup plus réussie : confort de suspension nettement supérieur (sans pour autant sacrifier la tenue de route), deux places supplémentaires à l’arrière qui, en plus, réduisent les résonances et un bon équipement. Et elle n’est même pas plus chère. Un dernier mot : à moins d’être un puriste, oubliez la boîte de vitesses manuelle qui n’apporte rien par rapport à la boîte automatique à commande séquentielle.