Brillant début, intéressant futur
Par Michel Crépault
Quand Mitsubishi Motors s’est enfin décidée à conquérir le marché canadien, le plus ancien constructeur d’automobiles japonais (mais le plus jeune établi chez nous) avait prédit que la Lancer, sa berline économique, représenterait 40 % de ses ventes au Québec. Or, le succès a dépassé les espérances, atteignant 47 % dans des régions comme le Saguenay-Lac-Saint-Jean. Pour dénicher un bon rapport qualité-prix, le Québécois ne donne pas sa place ! Fort de ces encouragements, Mitsubishi améliore son produit et élargit la famille.
Carrosserie
Si la Lancer de base, toujours déclinée dans les versions ES, LS et OZ-Rally, vise a priori les gens qui surveillent leurs dépenses, il ne faut pas oublier que Mitsubishi s’est taillé une jolie réputation en rallye international et dans l’imaginaire des amateurs de tuning grâce aux prestations spectaculaires du modèle EVO (Evolution) dans des films comme Taxi et Fast & Furious. En attendant que l’EVO VIII obtienne l’autorisation d’être vendue au Canada (des normes fédérales concernant, entre autres, la robustesse des pare-chocs n’ont pas encore été respectées), Mitsubishi calme l’impatience de sa clientèle en introduisant la berline Ralliart et la familiale Sportback.La première est une Lancer dont la carrosserie et les éléments mécaniques ont été « tunés ». L’allure et les coloris sont intéressants, tandis que le comportement est athlétique. La familiale est offerte en version LS, laquelle mise sur le côté pratique propre à un break (42,3 pieds cubes d’espace de chargement), et en version Ralliart qui affiche une gueule et des manières plus radicales. La grille, les phares, les pare-chocs, le coffre et les feux arrière des autres membres de la famille Lancer ont été redessinés pour 2004.
Habitacle
Le tableau de bord d’une voiture économique n’a jamais eu la prétention d’en mettre plein la vue, et la Lancer ne fait pas exception. Seule la OZ-Rally se démarquait avec ses cadrans à fond blanc. Pour 2004, on a revu la console au plancher et les commandes de climatisation, et l’on a osé ajouter des accents de similibois… Heureusement, la OZ et la Ralliart ont plutôt droit aux appliques imitant la fibre de carbone. La Ralliart met également en vedette des sièges sport à appui-tête ajourés et inspirés du modèle Evolution.
Mécanique
Pour rendre les versions Ralliart et Sportback vraiment excitantes à conduire, Mitsubishi leur a greffé un 4-cylindres de 2,4 litres développant 162 chevaux à technologie MIVEC (commande électronique de calage et levée des soupapes), ce qui les rend effectivement beaucoup plus véloces que les autres Lancer équipées du 2-litres de 120 chevaux. Pour la Ralliart, les tambours des freins arrière ont cédé leur place à des disques, la suspension a été raffermie, et l’ABS, inconnu sur les autres Lancer sauf l’OZ, est de série. Dernier détail mais d’importance : la berline Ralliart compte sur une boîte de vitesses manuelle à 5 rapports, alors que la familiale Sportback n’a droit qu’à l’automatique, même en version Ralliart.
Comportement
Déjà, alors que les Lancer régulières se contentaient de faire leur travail avec honnêteté (et un brin de roulis), le modèle OZ-Rally présentait une conduite plus serrée grâce à ses pneus de 15 pouces et à ses barres stabilisatrices. Les Ralliart et Sportback poussent plus loin cet excellent sentiment d’une machine bien née. Elles procurent de réelles sensations de pilotage à qui en souhaite. La suspension drue, la rigidité du châssis, les réflexes incisifs de la direction concourent à rendre plaisante l’expérience au volant. Seul bémol : l’absence de la manuelle dans la Sportback, alors que celle de la berline Ralliart est un bijou à tricoter. Les gens de Mitsubishi ont laissé entendre que cette incongruité serait bientôt corrigée.
Conclusion
En prenant soin d’un modèle populaire, en élargissant l’éventail de choix, Mitsubishi s’assure de poursuivre et de consolider son travail de séduction auprès des consommateurs. Le produit était honnête, le voilà maintenant diversifié, davantage prêt à allécher le jeune qui n’a pas envie du tout d’être confondu avec un banlieusard. Même s’il reste à Brossard…
Forces
Son moteur de 2,4 L L’allure originale (Ralliart)
Faiblesses
Un léger roulis (ES) Un freinage ordinaire
Nouveautés
De nouveaux modèles (berline et familiale) Des retouches esthétiques
Benoit Charette 2e opinion
L’automne dernier, la Mitsubishi Lancer est débarquée au Québec dans un marché qui lui semble a priori fort intéressant. Toutefois, ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que la Lancer débarque dans un marché très, très concurrentiel. Que peut-on dire de la Lancer, sinon qu’elle est pratique, bien conçue et plaisante à conduire. Malheureusement, nous pouvons attribuer ces mêmes qualités à la moitié des véhicules de cette catégorie. La Lancer n’a rien qui la démarque de ses concurrentes. Son prix est à peu de choses près le même, la silhouette n’a rien de très différent. Bref, c’est une japonaise aux bonnes manières, sans plus. Il en faudra plus que cela pour que la Lancer devienne un succès.