Double personnalité
Par Nadine Filion
Mine de rien, c’est la 9e génération de la Mitsubishi Galant qui s’amène pour 2004 – la cinquième à rouler depuis son arrivée en Amérique du Nord, en 1985. La dernière génération de la berline a connu un long cycle de vie : six ans. Devant une concurrence de plus en plus féroce – on n’a qu’à penser aux Toyota Camry, Honda Accord et Mazda 6 –, Mitsubishi a voulu reprendre des parts du marché. Et pour cause : plus d’un véhicule neuf sur quatre vendu sur notre continent appartient à la catégorie des intermédiaires. Mitsubishi saura-t-elle convaincre les consommateurs que sa nouvelle Galant mérite sa place parmi les stars japonaises ? Oui et non. Voici pourquoi.
Carrosserie
Mitsubishi a fait table rase pour mieux concevoir et développer une nouvelle Galant avec, comme cible, le marché américain. Résultat : une plateforme d’assemblage plus longue de 8 centimètres, plus large de 10 centimètres, plus haute de 5 centimètres et disposant d’un empattement plus grand de 11 centimètres. En fait, il s’agit de la même plateforme que celle de l’utilitaire intermédiaire de la marque, l’Endeavor. Pas étonnant alors de constater que la nouvelle berline se fait plus longue et plus large que la majorité de ses homonymes de la concurrence.Côté apparence… disons que les goûts ne sont pas à discuter. Personnellement, je trouve que les lignes ne tranchent pas suffisamment pour être remarquées. Vite fait, la Galant me rappelle même la Pontiac Grand Prix – ce qui n’est pas un compliment – ou encore la Saturn Ion – ce qui est déjà mieux. À trop ressembler à tout le monde, la voiture pourrait bien devoir se contenter de la masse anonyme…La Galant s’affiche au catalogue en quatre versions : DE, ES, LS et GTS. Habituellement, les Québécois savent se montrer pratiques – ou économes, c’est selon – et se contentent des modèles de bas de gamme. Cette fois-ci, ils auront intérêt à monter dans l’échelle de la gamme, tant les deux premières versions sont à un fossé d’écart par comparaison avec les deux autres.
Habitacle
C’est d’abord à l’intérieur qu’on note ces écarts. La DE a beau être bien équipée – avec air climatisé, vitres, portières et rétroviseurs électriques, elle ne pourra jamais recevoir, en option, le toit ouvrant, ni les coussins de sécurité gonflables latéraux. C’est d’ailleurs le cas pour la majorité des véhicules de la concurrence, rassurez-vous. Surtout, si vous avez le malheur de jeter un œil à l’habitacle de la version GTS, avec sa sellerie de cuir, son siège du conducteur à réglage électrique, son air climatisé automatique et sa chaîne audio de meilleure qualité (Infinity), vous ne voudrez plus rien savoir de la DE.Mais dans une version comme dans l’autre, vous trouverez que les commandes sont conviviales et placées intelligemment. Même si l’intérieur ne gagnera pas de prix de design, on aime sa console bardée d’aluminium et les matériaux employés ici et là. Bref, l’habitacle se fait sympathique, même pour les passagers assis à l’arrière, qui bénéficient d’un espace incroyablement spacieux pour s’étirer les jambes. C’est que le volume de l’habitacle a augmenté de 4 % par rapport à l’ancienne génération. Mais tout se paie : l’espace de chargement a chuté de 9 %. Malgré tout, le coffre répondra à la plupart des besoins. Un seul hic : la banquette ne se rabat pas. Skis et autres longs objets devront se contenter de la petite cavité qui se cache derrière l’appui-bras. Dommage, surtout que la concurrence offre la banquette rabattable en configuration 60/40…
Mécanique
En versions DE et ES, la nouvelle Galant s’amène avec le moteur à 4 cylindres de 2,4 litres qui se glisse déjà dans l’utilitaire compact Outlander. Les quelque 160 chevaux de puissance (20 de plus que dans la génération précédente) et les 157 livres-pied de couple qu’il produit sont acheminés aux roues par l’intermédiaire d’une boîte automatique à 4 rapports. Ne cherchez pas la manuelle : elle n’était pas offerte dans l’ancienne Galant, elle ne l’est toujours pas dans la nouvelle. Les versions LS et GTS héritent d’une évolution du V6 de 3,8 litres – la plus importante cylindrée de toutes les intermédiaires – qu’on retrouve déjà dans la grande berline Diamante et l’utilitaire Endeavor. Sous le capot de la Galant, le moteur produit une puissance de 230 chevaux et un couple de 250 livres-pied. Cette fois, c’est une boîte automatique à 4 rapports avec mode SportTronic qui entraîne le tout. C’est la première fois qu’une Galant est munie d’une boîte séquentielle. Surveillez l’arrivée d’une éventuelle boîte automatique à 5 rapports. La version GTS se distingue du lot avec, de série, des roues de 17 pouces et des améliorations à sa suspension (notamment, une strut tower bar fixée à l’avant), les antibrouillards, l’aileron arrière intégré et le tuyau d’échappement chromé. Elle partage le système d’antipatinage à l’accélération avec la version LS.Petit reproche : l’ABS, facultatif pour la version ES et de série pour les LS et GTS, n’est malheureusement pas offert sur la version DE.
Comportement
On pourrait presque dire que la Galant souffre d’une double personnalité, selon qu’elle soit équipée du moteur à 4 cylindres ou du moteur V6. Le premier ne manque pas de puissance, mais il se fait bruyant quand on le sollicite. Le second livre une puissance étonnante (quand même, 230 chevaux…) avec une douceur et un silence remarquable. Qui plus est, la boîte séquentielle répond vite et bien, sans se faire sentir ni entendre. Le passage manuel des rapports est un charme de souplesse.En fait, le mot qui nous vient à l’esprit pour parler de la Galant mue par le moteur à 4 cylindres est « moyen ». Correct. Sans plus. Glissez-vous derrière le volant de la Galant dotée du V6 et vous aurez une tout autre impression, tant la conduite se raffine.Par contre, dans une version comme dans l’autre, la suspension arrière éprouve le besoin d’être bondissante. Les passagers assis sur la banquette subissent tous les contrecoups de la route, et ce, à répétition. J’ai particulièrement aimé le freinage prompt et agressif, sans temps mort dans la pédale. Et malgré une direction légèrement lâche au centre, elle réplique avec préci