Philippe Laguë
Avec la RX-8, Mazda joue sur deux tableaux. Grâce à son ingénieux concept de « coupé quatre portes – quatre places », cette sportive nouveau genre peut se mesurer autant à une «pure et dure» comme la Nissan 350Z qu’à des coupés sport de luxe comme la BMW 330 Ci, la Chrysler Crossfire ou l’Infiniti G35 coupé.
Carrosserie
Une réussite esthétique, la RX-8 ? Pour ma part, je n’hésite pas une seconde à la qualifier de chef-d’oeuvre. Tous les ingrédients sont réunis : audace, originalité et style. Quelle gueule, non mais quelle gueule ! Elle mérite d’ores et déjà de figurer au palmarès des plus belles voitures sport japonaises, aux côtés de sa devancière, la RX-7, et de classiques telles la Toyota 2000 GT et la Datsun 240 Z. Bien des sportives doivent cependant faire des concessions pour des considérations esthétiques, et c’est souvent la visibilité qui écope. Dans le cas de la RX-8, c’est le montant qui fait office de séparation entre les deux glaces latérales qui crée un important angle mort.
Habitacle
En règle générale, qui dit voiture sport dit peu ou pas de place à l’arrière et peu ou pas d’espace pour les bagages. Ces sacrifices ne sont plus nécessaires avec la RX-8, qui propose quatre vraies places et un coffre digne de ce nom. L’habitacle propose en effet quatre baquets à ses occupants et l’ajout de deux portières supplémentaires élimine les contorsions inhérentes aux coupés 2+2. Par ailleurs, le ramage est à la hauteur du plumage : sellerie cuir deux tons, tableau de bord dominé par un immense compte-tours en plein centre, pédalier en aluminium perforé, le tout couronné par une qualité d’assemblage irréprochable.
Mécanique
On vous épargnera l’incontournable historique du moteur rotatif, sinon pour souligner que c’est Mazda qui l’a commercialisé le plus longtemps et à plus grande échelle. Ses avantages : un nombre réduit de pièces en mouvement et la compacité. Mais il y a aussi des inconvénients, parmi lesquels une consommation élevée d’essence et d’huile. Vous voilà prévenu. Avec 238 chevaux pour une cylindrée de 1,3 litre, la RX-8 est par ailleurs la championne incontestée de la puissance au litre, devant la Honda S2000 et la Ferrari 360 Modena – qui, comme elle, font appel à des motorisations atmosphériques. Mais la RX-8 demeure la seule voiture de production mue par un moteur rotatif. Celui-ci est constitué de deux rotors de 654 cc et atteint sa puissance maximale à 8500 tours/minute. Ce qui nous amène à l’éternel débat: le couple à bas régime ou la puissance à haut régime ? Si vous ne jurez que par le couple, regardez plutôt du côté de la Nissan 350Z ou de la Chevrolet Corvette, car la RX-8 n’est pas pour vous. Mou à bas régime, le birotor de la Mazda commence à s’activer dans les régimes intermédiaires et donne ensuite tout son sens à l’expression «puissance à haut régime ». L’élasticité de ce moteur autorise une poussée linéaire jusqu’à la zone rouge, qui débute à… 9000 tr/min! Montées d’adrénaline garanties. Terminons avec la boîte manuelle, à propos de laquelle il n’y a pas grand-chose à dire, sinon qu’elle est parfaite, avec une course du levier très courte et un guidage ultraprécis. Un régal !
Comportement
Pardonnez-moi le cliché, mais le cocktail est vraiment explosif! Encore une fois, tous les ingrédients sont là: répartition de poids idéale, légèreté, freinage puissant et endurant, ainsi qu’une direction aussi rapide que précise. Diabolique! Les sensations de la petite Miata à la puissance 10, gracieuseté d’une centaine de chevaux supplémentaires. Et féline avec ça: agile comme pas une, elle est toujours prête à bondir. Malgré une suspension calibrée sport et un comportement dynamique, la RX-8 propose par ailleurs un confort étonnant. Un félin, qu’on vous dit: le mélange parfait de la grâce et de la fougue.
Conclusion
Avec la RX-8, Mazda a réinventé le concept du coupé sport. Voilà. Tout est dit.
Forces
•Chef-d’oeuvre esthétique •Quatre portes et quatre places •Mécanique exclusive •Boîte manuelle impeccable •Comportement très sportif
Faiblesses
•Piètre visibilité 3/4 arrière •Consommation élevée d’huile et d’essence •Manque de couple à bas régime
Nouveautés en 2005
• Aucun changement majeur
2e opinion Luc Gagné
• La RX-8 est une sportive intelligente : une voiture offrant des prestations routières enlevantes au côté pratique indéniable. Ses deux portières additionnelles facilitent l’accès aux places arrière, où les sièges se révèlent plus utiles pour recevoir de petits colis (sac à main, portedocuments ou sacs de provision) que pour accueillir des passagers (les pauvres !). De plus, le coffre… ben… même s’il est petit et que son ouverture est courte et étroite, il ne sera jamais amputé par un toit rigide escamotable qu’on replie, comme c’est le cas avec l’adorable SLK. Et le Wankel… j’aime sa sonorité et ses hauts régimes. D’ailleurs, le couple est là. Il suffit donc d’apprendre à « pédaler », car l’embrayage s’utilise sans ennui et la boîte manuelle à six vitesses se manie comme un véritable joystick ! Père Noël, s’il vous plaît…