L’intelligent fourgon de poche
Par Michel Crépault
Au début des années 90, Nissan proposait déjà la Multi et l’Axxess. Malgré leurs tendances avant-gardistes, les Québécois ont néanmoins préféré les véritables fourgonnettes, plus spacieuses. Les petits-véhicules-multisegments-avant-leur-temps passaient alors pour des bizarreries. Mais, avec la 5, introduite en 2006, Mazda ne pouvait choisir meilleur timing. Les familles qui réclamaient beaucoup d’espace ont vu leurs rejetons quitter le nid, les jeunes couples ne procréent pas autant qu’avant, et le prix du pétrole a flambé. Bref, plus que jamais, small is beautiful.
Carrosserie
À partir d’un châssis que Ford a utilisé à plusieurs sauces (Mazda3, Volvo S40 et Land Rover LR2), le fabricant nippon nous propose un avant plein d’élan grâce au pare-brise incliné et au bec pointu, et une section arrière haute et tronquée qui interpelle les passagers et leurs bagages. La Mazda5 a davantage l’air d’une familiale du futur que d’une fourgonnette qui aurait bêtement rétrécie au lavage. Pour 2008, on a cru bon de retoucher légèrement les pare-chocs, les roues de 16 et 17 pouces, de même que le feu d’arrêt.
Habitacle
La quantité de plastique qui nous envahit une fois à bord nous rappelle qu’il a quand même fallu que Mazda sacrifie quelque chose quelque part pour offrir la Mazda5 à partir de 20 000$. D’un autre côté, cela n’a pas empêché Mazda de revoir à la hausse pour 2008 un équipement déjà généreux: cousins latéraux et rideaux gonflables de série sur la GS; climatisation prolongée vers l’arrière; greffe d’appuie-bras aux sièges centraux; communication Bluetooth (GT) et système de navigation optionnels. Et des sièges avant désormais chauffants.
Mécanique
Seul un 4 cylindres de 2,3 litres est offert. Avec ses 16 soupapes et ses 153 chevaux, il a tout juste le souffle nécessaire pour emporter la Mazda5, six occupants et leurs bagages (qui seront maigres). Ainsi chargé à ras bord, on planifiera ses dépassements sur l’autoroute avec circonspection. On peut utiliser une transmission manuelle 5 vitesses, dont le sélecteur planté au bas du tableau de bord se manipule avec plaisir, ou une boîte automatique à quatre rapports, lesquels peuvent être sélectionnés manuellement si on coche la bonne option. Il n’y a pas d’aides électroniques (coûteuses), tel le contrôle de la traction, mais la suspension est indépendante et une attention particulière a été accordée aux arrêts en équipant le véhicule de disques, de l’ABS et de la répartition automatique de la force de freinage en cas de situation d’urgence.
Comportement
Mazda a fait le pari d’insuffler du nerf à tous ses modèles, et la Mazda5 ne fait pas exception. Un châssis solide combiné à une direction alerte et une suspension bien calibrée procurent une conduite vivante… tant qu’on ne transforme pas l’auto en bête de somme. Mais c’est à l’intérieur, passé les deux portières coulissantes, que le vrai spectacle se déroule. Les deux sièges capitaine du centre coulissent sur des rails pour améliorer le sort des rotules des gens installés sur la banquette du fond. Celle-ci convient à des enfants et peut-être à des adultes, mais seulement sur une courte distance. La vraie décision à prendre: voyager avec cette banquette levée ou couchée? Levée, les bagages souffrent. Mais transporterez-vous un cinquième et un sixième passagers si souvent? Les dossiers médians et du fond se rabattent pour ainsi créer un plancher de chargement plat. Ingénieux, les stylistes japonais ont aménagé des espaces de rangement sous les coussins du milieu et entre les deux sièges, en plus d’une tablette de rangement qui jaillit sur demande.
Conclusion
La Mazda5 tombe pile. Elle propose un habitacle intelligent et confortable dans un gabarit passe-partout. Rien n’étant parfait, on pourrait demander plus de puissance, mais ce serait au détriment de la consommation. Si nous vivions en Europe, nous serions familiers avec le concept grâce à des modèles comme la Renault Scenic. Chez nous, Mazda monopolise le carré de sable.
Forces
Véhicule familial original et abordable Configuration polyvalente des six places Facilité d’accès et d’utilisation
Faiblesses
Moteur en manque de coffre quand l’auto est bien remplie Matériaux à l’apparence bon marché Banquette arrière de secours seulement
Nouveautés en 2008
Retouches légères aux pare-chocs et aux roues, instruments du centre désormais logés un poil plus haut pour en faciliter la lecture, nouvel interrupteur de feux d’urgence, nouveaux coloris de la coque, ajout de coussins gonflables de série à la version de base, navigation et Bluetooth offertes avec la GT
2e opinion Daniel Rufiange
Arrivée en 2006, la Mazda 5 en a surpris plus d’un en raison de sa grande polyvalence, de son excellente habitabilité et, surtout, de son prix très compétitif. Au moment où les VUS et les véhicules multisegments pullulent sur nos routes malgré des prix à la pompe peu invitants, la petite familiale de Mazda demeure raisonnable quant à son coût d’utilisation sans pour autant restreindre ses capacités d’utilitaire. On la conduit comme une voiture, même si elle fait ressentir un certain roulis en virage. Si ce n’était de ces feux arrière horribles et mal positionnés, elle serait jolie et séduisante d’un pare-choc à l’autre. Néanmoins, elle est un choix plus que logique et une autre bonne affaire signée Mazda.