Lentement mais sûrement
Par Michel Crépault
Pas besoin d’être fin stratège pour savoir qu’on ne lance pas un utilitaire de bonne taille et nanti d’un V8 quand le cours du pétrole fait flamber les prix à la pompe. C’est pourtant le moment qu’a choisi Kia pour introduire son Borrego au Canada, à l’automne 2008. À dire vrai, le fabricant sud-coréen n’a pas « choisi » ce moment. Les astres étaient ainsi alignés. Un an plus tard, cette malchance n’a pas tant nui au Borrego : sans fracasser des records de vente, il ne perd pas la face vis-à-vis ses rivaux. C’est dire que, malgré le mauvais timing, les Québécois ont su découvrir les vertus de ce VUS intermédiaire.
Carrosserie
Rien pour écrire à sa mère en matière de design mais rien non plus qui blesse l’œil. La coque est agréablement proportionnée, et la fenestration généreuse se traduira tantôt par une bonne visibilité. On verra plus tard ce que Peter Schreyer, le nouveau styliste en chef de Kia, donnera comme impulsion visuelle au Borrego, mais, pour le moment, on se retrouve avec un camion qui a l’air de tout sauf bon marché.
Il est livrable en versions LX et EX pour les deux motorisations proposées. Outre les jantes de 18 pouces (contre 17 pour le LX), le modèle EX se distingue aussi grâce à ses phares antibrouillard, son toit ouvrant électrique, les clignotants intégrés aux rétroviseurs extérieurs, etc.
Habitacle
L’accent est mis sur la configuration versatile des sept places de même que sur les gâteries de série qui ont fait la réputation de Kia. Les deux baquets principaux sont dodus au point de manquer de maintien latéral. Les trois places de la banquette médiane (60/40) plairont à tous. Par contre, l’accès aux deux dernières places du fond (50/50) se fait au prix de quelques contorsions. Il y a fort à parier, de toute façon, que vous utiliserez le Borrego avec ces deux sièges fondus à plat dans le plancher pour augmenter l’espace de chargement. Un utilitaire, ça sert à cela. Le seul petit problème réside alors dans le recouvrement en vinyle des dossiers qui rend le plancher de la soute inutilement glissant pour les objets censés ne pas bouger.
Selon la version choisie, l’équipement, bien sûr, s’enrichit, mais les espaces de rangement, eux, sont nombreux, peu importe la livrée. J’ai beaucoup apprécié la console centrale qui parvient à vider nos poches toujours trop pleines.
Mécanique
Kia tenait à prouver que son Borrego peut jouer dans la cour des grands en le munissant, en option, d’un V8 de 4,6 litres de 337 chevaux (celui de la berline Genesis). Bonne nouvelle, il boit du carburant ordinaire. On peut sinon se satisfaire du V6 de 3,8 litres de 276 chevaux (70 % des ventes, d’ailleurs). Les deux engins sont combinés à une boîte de vitesses automatique Steptronic à 5 ou à 6 rapports.
Pour attaquer les sentiers en forêt, le dispositif AWD du modèle fonctionne sur demande, alors que l’autre réagit tout de go aux conditions routières. La gamme entière bénéficie d’un boîtier de transfert qui démultiplie le couple pour franchir les sentiers irascibles. Par contre, on ne peut bloquer le différentiel. Si une roue patine, ça peut aller mal.
Comportement
Qu’on le dise tout de suite, le V6 convient très bien. Il fournit du muscle sans rouspéter, et les dépassements se font à l’enseigne de la confiance. J’admets que sa consommation au-delà des 12 litres aux 100 kilomètres m’a agacé au début, mais cette moyenne s’est assagie au fur et à mesure que se prolongeait mon essai.
Le choix du V8 se fera en fonction de la taille de l’ego mais, plus prosaïquement, selon vos besoins de remorquage : 7 500 livres pour le V8 contre 5 000 pour le V6, ce qui est déjà fort honorable. Je craignais que la suspension m’inflige une tenue de route guimauve, mais je me suis trompé. Le Borrego V8 se déplace en douceur avec un flegme qui cadre bien avec son gabarit.
Conclusion
Bien que le Borrego démontre que Kia ne se limite plus qu’à des produits bon marché (comme le Veracruz et la Genesis l’ont fait chez Hyundai), ce véhicule-là présente encore un rapport qualité-prix intéressant. Si vos besoins appellent ce genre de camion, inscrivez celui de Kia sur votre liste d’épicerie.
Forces
Équipement de série impressionnant
Châssis en échelle conçu pour les balades en tout terrain, mais confort de tous les jours indéniable
Faiblesses
V6 qui nécessite un rodage avant de mieux boire
Absence d’un différentiel autobloquant pour les situations hors route corsées
Nouveautés en 2010
En option, de nouveaux sièges avant chauffés et ventilés