Une question d'image
Par : Michel Crépault
Au moment où Kia célèbre son 10e anniversaire au Canada, le fabricant en profite pour lancer le Borrego, un utilitaire intermédiaire qui va chercher dans les 40 000 $. Il ne faut pas s'en étonner pour au moins deux raisons : de un, Hyundai, la compagnie siamoise, a fait de même avec l'utilitaire Veracruz puis, cet automne, avec la berline de luxe Genesis (dont la facture peut dépasser les 50 000 $). De deux, voilà des constructeurs consanguins qui ont décidé de prouver au monde entier qu'ils sont désormais capables d'offrir autre chose que des véhicules à bon marché.
Carrosserie
Nos amis de Kia nous ont dit que l'appellation Borrego s'inspire d'un mot espagnol qui désigne un mouton à grosses cornes. Mais un collègue du San Salvador m'a traduit le nom par petit âne. J'ai trouvé l'interprétation valable car je pensais au mot français bourricot (" petit âne " selon Le Petit Larousse et " borrico " en espagnol). Si un lecteur polyglotte veut bien éclairer ma lanterne, je serai tout ouïe. Quoiqu'il en soit, Kia s'est ici attelée à produire un véhicule capable de transporter jusqu'à sept personnes dans la bonne humeur, notamment grâce à un V8, offert en équipement facultatif. Ce moteur autorise ce qui est d'abord perçu comme un utilitaire intermédiaire à aller jouer dans la cour des gros VUS. Ainsi, si Kia identifie le Ford Explorer, le Jeep Grand Cherokee et le Nissan Pathfinder comme ses premières cibles, elle aspire également à donner du fil à retordre à des mastodontes comme le Dodge Durango, le duo Yukon/Tahoe et le Ford Expedition. En réalité, sa longueur de 488 centimètres en fait le plus long de sa catégorie, sauf par rapport au Ford Explorer. Pour garantir le sérieux de sa proposition quand le véhicule est entraîné hors route, Kia a jeté son dévolu sur un châssis en échelle, un dénominateur commun aux utilitaires qui recherche le brassage de cage. Rappelons que le Veracruz est un monocoque. Dans l'ensemble, le Borrego, mouton ou âne, est agréable à regarder. Il n'a pas de signes distinctifs (ni cornes ou longues oreilles) mais il n'accuse pas non plus des erreurs de design.
Habitacle
Tous les Borrego assoient deux personnes à l'avant, trois au centre et deux à l'arrière. Les deux banquettes peuvent être partiellement ou totalement rabattues pour transporter des bagages. À ce sujet, le recouvrement en vinyle au dos des dossiers forme, en réalité, un plancher sur lequel les objets valsent à cœur joie. Il faudra penser à les attacher. Par ailleurs, l'accès à la banquette arrière exige un brin de contorsions, même en rabattant la portion de la banquette médiane censée nous libérer le passage. On y enverra les enfants les plus turbulents… L'habitacle se révèle de bon goût, spacieux à l'avant et au centre, bien équipé et ergonomique. On appréciera les heures passées à bord. La version EX se distingue avec son volant électriquement télescopique et inclinable, un témoin lumineux de signalisation incorporé aux miroirs extérieurs, des marchepieds, un ordinateur de voyage et des roues de 18 pouces (17 pouces sur le LX). Un sonar arrière est standard sur toutes les versions, de même qu'un étui à lunette extensible, une console de rangement au plancher et au plafond. Et tous les Borrego sont livrés avec un abonnement gratuit de trois mois à la radio satellite XM.
Mécanique
Un V6 de 3,8 litres, bon pour 276 chevaux, et un V8 de 4,6 litres qui développe 337 chevaux. Notons qu'il s'agit des engins qui équipent la Hyundai Genesis mais, sous le capot de la berline, ils parviennent à produire davantage de muscle (290 et 375 respectivement). Le V6 est couplé à une boîte de vitesses automatique à 5 rapports, alors que le V8 bénéficie d'un rapport supplémentaire. Les deux boîtes peuvent fonctionner sur le mode manuel, baptisé Steptronic par Kia. Toutes les versions comprennent la transmission intégrale mais utilisent un mécanisme distinct. Le modèle de base offre les quatre roues motrices sur demande. Au départ, le couple est uniquement acheminé aux roues arrière. Tournez une mollette, et la puissance est désormais répartie 50-50 entre les deux essieux. Dans les versions plus huppées, l'enclenchement du 4WD est automatique, selon la lecture des conditions routières effectuée par le système. Il revient toutefois au conducteur de passer manuellement du mode High à Low, après avoir positionné le levier au neutre. Le Borrego se veut sûr non seulement par sa construction robuste mais également en offrant un système de surveillance de la pression des pneus, six coussins de sécurité gonflables et des appuie-tête conçus pour prévenir les coups de fouet. Le conducteur bénéficie des aides électroniques coutumières comme l'ABS ainsi que les systèmes de contrôle de la stabilité et d'antipatinage à l'accélération, de série sur toutes les versions. Pour faciliter les sorties en forêt (pour les deux ou trois acheteurs qui s'y risqueront…), Kia a jugé bon d'incorporer des dispositifs Down Assist et Hill Ascent au Borrego, à l'instar des vrais baroudeurs. Le premier système nous permet de descendre une pente en montagne sans avoir à toucher aux freins, à une vitesse uniforme de 8 km/h. Durant l'ascension de la même pente, le second dispositif veille à ce que le véhicule à l'arrêt ne recule pas au moment de repartir.
Comportement
Les dirigeants de Kia Canada se sont faits rabattre les oreilles avec la question qui tue : pourquoi un V8 quand le prix du carburant ne cesse de monter ? L'idée du Borrego a germé il y a trois ans. Bien entendu, personne du côté de Hyundai ne disposait à l'époque d'une boule de cristal sans faille. Mais Kia ne s'en fait pas outre mesure : " Le public a cette perception qu'un V8 est gourmand. Le nôtre ne l'est pas vraiment et, en plus, il fonctionne très bien sur du carburant ordinaire ", argumente Kia Canada. La consommation du V6 route et ville s'établit entre 9,4 et 13 litres aux 100 kilomètres pour une moyenne combinée de 11,4 litres aux 100 kilomètres (à titre de comparaison, le Honda Pilot signe 11,3). De son côté, le V8 du Borrego propose entre 9,7 et 14,4 litres aux 100 kilomètres pour une moyenne combinée de 12,3. Des résultats supérieurs à ce qu'obtient la concurrence proposant également un V8. Dans les faits, la (relative) frugalité du V8 lui vaut d'être exempté de la taxe fédérale imposée sur les véhicules qui consomment plus de 13 litres aux 100 kilom&egra